Liberté - Page 181
-
Cinq croix, mais les miennes!
Sur le vif - Dimanche 16.04.23 - 11.11hJe suis, vous le savez, partisan depuis de longues années d'une droite unie à Genève. Je dis "droite", je ne dis pas "centre + droite". La sociologie politique du Canton est très nettement à droite, comme l'a montré l'élection du Grand Conseil. Et, au sein de la galaxie des droites, les tendances qui sont miennes, protectionnisme, préférence aux nôtres, régulation drastique des flux migratoires, attachement à la cohésion sociale, l'emportent désormais sur l'aile libérale, qui a totalement échoué. C'est un fait.Alors oui, je suis partisan de l'union. Celle du PLR avec l'UDC, ainsi que ceux du MCG qui s'intéressent davantage aux petits entrepreneurs qu'à des catégories ciblées de fonctionnaires. Je suis clair, non ?Je suis partisan de cette union, mais pour autant, je veux dire ici ma très grande colère suite aux tonalités de diktats de certains libéraux (dont l'un, que j'apprécie au plus haut point), lorsqu'ils viennent nous dire : "Cinq croix, pas une de moins !", et qu'ils nous alignent leur quintet à eux, allant du PDC à l'UDC. La carpe et le lapin.Ils ont le droit de ce choix, mais cette manière d'aboyer des mots d'ordre, style Pravda, est non seulement pesante, mais contre-productive. Les gens, aujourd'hui, en tout cas dans la famille philosophique politique de droite, et toutes ses composantes, n'ont que faire des consignes de vote, et des syndicats d'élus. Ils votent sur une liste compacte, contenant tous les candidats, ils cochent jusqu'à sept noms, en conscience, et basta. C'est sec, cinglant, ultra-rapide, impitoyable. En une quinzaine de secondes, l'affaire est réglée.Dans ces conditions, les mots d'ordre martelés, du style "Ces cinq noms, et aucun autre !" apparaissent comme totalement décalés. Archaïques. Reliques d'un âge où les états-majors des partis prétendaient régenter les consciences. Les citoyennes et citoyens d'aujourd'hui, hommes et femmes libres, ne supportent plus ce genre de consignes paternalistes.J'entends bien qu'il faille barrage à la gauche, qui, elle, vote traditionnellement avec discipline. Mais j'ai cru noter, si on veut absolument voter pour cinq personnes (quatre suffiraient !), qu'il existe, dans la famille très largement appelée "droite", d'autres combinaisons, tout aussi gagnantes, tout aussi porteuses de projets et d'énergies pour Genève.En un mot comme en mille : cinq croix, ou peut-être seulement quatre, mais les miennes !Pascal Décaillet -
Une alliance profonde ! Pas un bricolage, SVP !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.04.23
Depuis de longues années, je prône l’union des droites à Genève. Un rassemblement large et ouvert, allant du radicalisme à l’UDC, en passant par un libéralisme économique qui m’est plus difficile à supporter, et, pour le dire franchement, en imposant des conditions drastiques à la démocratie chrétienne, si elle veut s’inscrire dans le courant. Bref, une alliance PLR-UDC, et pourquoi pas l’aile du MCG qui a d’autres obsessions que la défense corporatiste de certaines catégories de fonctionnaires. Ça fait du monde. Du très beau monde, même. Ça sent le peuple, les gens de tous les jours, qu’on croise dans la rue, dans leurs camionnettes d’artisans ou de livreurs, dans les bouchons, dans les stades et les patinoires. C’est la droite cassoulet, comme aimait l’appeler Pascal Couchepin, trop libéral à mes yeux, mais homme d’Etat, c’est certain. C’est la droite de son prédécesseur, que j’ai fréquenté dans mes années bernoises, l’inoubliable Jean-Pascal Delamuraz, le pirate d’Ouchy devenu conseiller fédéral.
Dans ces conditions, me direz-vous, je devrais me réjouir de la grande alliance de droite, en vue de l’élection du 30 avril au Conseil d’Etat. Je n’en suis pas si sûr. Il faut, bien sûr, l’union à droite, il l’a toujours fallu, depuis de longues années, toujours reportée par la machine à perdre. Il le faut, aussi, pour donner à ce nouveau Parlement, élu pour cinq ans, les moyens d’une nouvelle politique, conservatrice et joyeuse, populaire, inventive, au service des classes moyennes, étouffées par l’impôt et les taxes. Il la faut, cette union, oui, mais la fallait-il comme cela ? Dans de telles conditions d’improvisation, de dernière minute, de précipitation ? Comment expliquer, par exemple, la présence d’une candidate PDC (ci-devant dénommé « le Centre ») sur la même liste où figure l’UDC, parti honni, vilipendé ostracisé par cette candidate, pendant des années ? Qui, à droite, et notamment au PLR, a fait le forcing pour que cette candidate figure sur la liste ? Quelle image donne-t-on à l’électorat, sinon celle d’un immense rafistolage ?
Il y a, dans cette improvisation dictée par la peur, des choses qui ne vont pas. Et qui sentent le faux. Une sorte de machine anti-Maudet, qui assurément devra plutôt servir l’intéressé, tout heureux de jouer le bad boy face à la corporation des installés. Pierre Maudet aime, plus que tout, débarquer à Golfe-Juan un 1er mars 1815, s’engouffrer dans les vallées des Alpes, remonter vers Paris, tel l’Aigle, de clocher en clocher. Et finalement, culbuter l’immobile Louis XVIII, le Restauré aux bas de soie et aux perruques poudrées. En montant contre lui la machine infernale de l’alliance bricolée, le Syndicat des Elus lui offre, sur un plateau, le rôle bonapartiste de sa vie. Sera-t-il élu ? Je n’en sais rien. Mais il aura respiré un air de liberté.
Elle est porteuse d’espoir, la droite unie de ce printemps 2023. Mais elle est fragile, improvisée, à la merci du premier vent. Il faudra des années pour la consolider.
Pascal Décaillet
-
Les pleurnicheurs ? Mais qu'ils pleurnichent !
Sur le vif - Jeudi 06.04.23 - 16.01hLes PLR qui pleurnichent à cause de l'alliance avec l'UDC, ou qui claquent la porte, eh bien qu'ils pleurnichent. Et qu'ils claquent leurs portes.S'ils en sont encore à considérer le premier parti du pays, l'un des grands partis conservateurs d'Europe, profondément patriote et démocratique, comme une bande de factieux fascistes, eh bien tant pis pour eux.Ils n'ont rien compris, ces moralistes à la petite semaine, à l'évolution de la politique en Europe. Ils en sont encore à ce ridicule terme de "populistes", inventé par les perdants dans la compétition à droite, pour qualifier une évolution politique dominante sur le continent : le primat de la nation sur les conglomérats continentaux ou mondialistes, l'attachement sentimental à la Patrie, la priorité aux nôtres plutôt qu'aux autres, la volonté farouche d'indépendance et de souveraineté. Où est le fascisme ? Où est la prise de congé de la République, de ses institutions, de nos mécanismes démocratiques ?Ces chœurs de pleureuses, en pleine Semaine Sainte, sont les ultimes lamentations de l'Ordre ancien. Celui où les élites libérales, libre-échangistes, déracinées, n'en pouvaient plus de prendre de haut le parti du peuple patriote, composé, dans son écrasante majorité, de gens simples et attachés au pays, soucieux de cohésion sociale à l'interne, et de vivre en harmonie au sein d'un pays qu'ils aiment.Quant à la gauche, elle panique, et elle couvre sa peur de leçons de morale. Elle voit bien que, pour une fois, la droite genevoise se donne les moyens (oh, je ne suis pas sûr qu'elle y parvienne !) de culbuter une majorité gouvernementale qui n'est survenue, il y a deux ans, que par la force des circonstances, une élection complémentaire suite au problème posé par une seule personne. Rien de structurel, juste un coup de bol de la gauche.Cette majorité gouvernementale n'a pas lieu de perdurer. La sociologie politique du Canton est, plus que jamais, à droite. Pourquoi installer Genève dans cinq ans d'une cohabitation complexe et infructueuse, alors qu'on peut au contraire permettre un minimum de cohérence entre l'exécutif et le législatif ?Tels sont les enjeux. Ils ne reposent en rien sur des valeurs morales, encore moins (comme l'a laissé entendre le post très malheureux d'une personnalité UDC genevoise) sur des histoires de moeurs, ou de vie privée. Non, il s'agit de structures lourdes : fiscalité, finances publiques, taille de l'Etat, liberté des entreprises, valorisation des PME, santé, éducation, retraites.Rien de moral, je déteste la morale. Mais quelque chose d'infiniment plus beau, plus rassembleur : de la politique, quand elle travaille aux intérêts supérieurs de la Cité.Pascal Décaillet