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Liberté - Page 1425

  • Hervé Loichemol : excellente nouvelle !

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    Sur le vif - Lundi 14.06.10 - 17.28h

     

    Elle aura été laborieuse, la succession d’Anne Bisang à la tête de la Comédie, à Genève, elle aura fait couler de l’encre, de la salive, fait sortir Charles Beer de sa réserve, mais toutes ces difficultés, devant l’excellence du résultat, s’évanouissent. C’est Hervé Loichemol qui sort du lot, fou de théâtre et de littérature, allumé des planches, provocateur dans la Cité.

     

    Depuis le premier spectacle que j’ai vu de lui, « Rester Partir » de Bernard Chartreux en 1984, c’est toujours avec un pincement de désir et de folle curiosité que je vais voir ses pièces. Il y a Yves Laplace, son complice de toujours, avec lequel il monta, en 1989, l’éblouissante « Nationalité française » (sur fond d’Algérie française, dans laquelle Loichemol a grandi). Il y a Heiner Müller (Hamlet-Machine, Quartett), il y a le Koltès de la "Solitude des Champs de coton", il y a Brecht, Sade, Olivier Py, Michel Beretti, et une impressionnante quantité d’auteurs contemporains.

     

    Avec Loichemol, le théâtre est dans la cité, il nous interpelle, nous remet en question, nous heurte, nous dérange. Surtout, il nous jette des horizons, sur le chemin. Il ouvre le jeu. On l’aimera ou non, on l’encensera, on le conspuera, il ne laissera jamais indifférent. Là où certains se contentent de passer les murailles, en voilà un qui existe, haut et fort. A prendre ou à laisser. Essayez de prendre : ça vaut la peine.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ziegler, Jean

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Ma modeste contribution au Larousse de l'an 2325

     

    Ziegler, Jean, 19 avril 1934, Thoune. Célèbre fils d’artilleur, connu pour ses feux d’artifice. Homme de feu, de flammes, de poudre, de silex. Enfant déjà, lisait Andersen, « La petite fille aux allumettes ». Homme de soufre, de phosphore, incendiaire des convenances, mélancolique de l’or des morts. Vieux fou, docteur en droit, a cru toute sa vie aux livres, oligarque de la parole, prunelles en éveil comme mille promesses de l’aube.

     

    A certains virages de son parcours, les pistes se troublent. De Denges à Denezy, de Cuba à Tripoli, des chaudrons de l’archaïsme à la beauté dansante des filles du feu, de livres noirs en nuits blanches, les traces de sa biographie se jouent de l’enquêteur. Un jour dans les entrailles primitives de l’Afrique, le lendemain sur une terrasse genevoise, soleil couchant, citant Hölderlin.

     

    Vice-président honoraire de l’Association zimbabwéenne de pyrotechnie lunaire, homme de foi, emmerdeur public no 1, diva des salles d’audience, madone des projecteurs, prince de l’incantation. Classé personnalité suisse la moins rasoir du vingtième siècle par un jury d’érudits en 2130. A promis de revenir pour la fin du monde, coiffé de douze étoiles. Aux élus, il vendra ses livres à prix d’or. Aux damnés, il les offrira gratuitement. Avec obligation de les lire, les lire, et les lire encore.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jacques Deillon : naissance d’un talent

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    Il n’a eu que deux lucarnes très étroites pour exister, il en a tiré le maximum. Deux apparitions, c’est par exemple Elvire dans le Dom Juan de Molière. Tirer parti de la brièveté pour éblouir. Habiller en intensité la fulgurance de sa présence dans la lumière. Il s’appelle Jacques Deillon, je ne le connaissais pas jusqu’ici, il a 21 ans, il préside les Jeunes UDC à Fribourg.

     

    Je viens de visionner, à l’instant, le duel Pilet-Blocher sur Infrarouge, enfin disons le super show Pilet épicé de quelques apparitions de l’ancien conseiller fédéral. Avec, en vedette annexe, un Pierre Maudet dont on se demande pourquoi ça n’était pas à lui d’affronter Blocher, en invité principal. Avec, aussi, un sympathique Vert vaudois, très jeune aussi, Raphaël Mahaim, jeté en pâture au tribun zurichois comme on lance un morceau de tendre viande à un loup, au moment du goûter.

     

    Jacques Deillon, donc. Langage clair. Verbe rapide, parfaitement maîtrisé, sans dérapage. Pas peur de déplaire. Pas peur des ricanements d’arrogance de Pilet, vieille technique. Pas peur de l’interpeller directement. Les mots s’enchaînent, les idées aussi. Naissance d’un talent politique.

     

    Comment ne pas penser à la naissance de Pierre Maudet, « un jeune qui est déjà vieux », m’avait dit de lui un ancien conseiller d’Etat genevois perclus de jalousie. Maudet, oui, ce grand escogriffe un peu gauche, que nous avions été parmi les premiers à repérer.

     

    Une chose est sûre : on reparlera de Jacques Deillon, sur la scène politique de Suisse romande.

     

    Pascal Décaillet