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Liberté - Page 1429

  • Constituante Kaputt !

     

    Kaputt, la Constituante. À terre. Raide. Caca. Bouge plus une oreille. Elle a mouru, c’est sûr ; ne demeure que le râle geignard des pleureuses, la remembrance de ce qui fut fantasmé et n’advint jamais. Constituante, oh, nanisme ! Tant de semences au vent jetées, sans jamais le moindre fruit. Prends-en de la graine, passant, va dire à Sparte qu’ils sont tous morts pour rien, mais que ça n’est pas grave. Parce qu’à l’exception de Jean-François Mabut, du soussigné et d’une octantaine d’hallucinés, tout le monde s’en contrefout. 82 passionnés sur 450.000 habitants, c’est encore un peu juste pour calciner les foules d’un irrépressible désir.

     

    Oui, ce fut un méga-rêve en circuit fermé. Oui, ce furent nos Mégaras, nos jardins d’Hamilcar, nos Petits Lirés, nos codes savants, nos clins d’œil barbaresques, avec cinquante étoiles comme cinquante Etats, cinquante sénateurs. Ce furent nos aubes, nos hivers, la conjugaison de nos plaisirs solitaires. Mais la droite, à en croire la Pampa, a sifflé la fin du rêve. La droite n’était qu’un veilleur mélancolique qui tournait sa ronde. Et qui avait entendu du bruit. Ils n’étaient même pas Thiers, même pas Versaillais. Juste des passants. Fatigués du bruit.

     

    Alors, adieu sénateur, adieu cinglante Espagne, adieu Murat le Magnifique, souvenir d’Eylau et des charges de cavalerie dans la nuit bleue, glacée, la nuit de la mort, la vraie, violente, celle du fracas des armes. Adieu l’Empereur, adieu la France, adieu le Soli de Fiume, adieu lecteur vaudois qui lit ce texte sur le site de 24 Heures et se demande si je suis devenu fou. Adieu radio, Conservatoires, filles en fleur, adieu trios de rêves dans la pâleur de l’aube. Adieu, Constituante ! Nous allons maintenant, comme dans la chanson de Jonasz, reprendre le cours de nos vies.

     

    « Constituante Kaputt », m’a glissé à l’oreille Alberto Velasco, ce matin 07.06h, alors qu’Apolline, Thaïs (« qui fut sa cousine germaine ») et Zoé, 10, 12 et 12 ans, escortées de leur délicieuse professeur, nous enchantaient de leur musique. Il a dit « Kaputt », et le fracas germanique de ces deux syllabes, sans rien dans sa voix qui laissât perler l’hispanisme de ses tripes, et j’ai compris. Il a dit « Kaputt », et j’ai vu la mort.

     

    Puis, Ubu est arrivé. Et tous, nous sommes allées boire un café.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Les droits, les droits, toujours les droits

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 04.06.10

     

    Droit au logement. Droit à respirer un air pur. Droit à ceci, droit à cela, ils n’en peuvent plus, la frange de gauche de la Constituante genevoise, de décréter les « droits » les plus multiples. Chargés, comme naguère le Jura, Fribourg, Vaud, de réinventer une Charte fondamentale pour leur canton, certains élus de cette étrange assemblée se sont transmués en hallucinés de la position déclamatoire, n’ayant pour toute sécrétion salivaire que la requête tétanisée de « droits ». Des droits, des droits, toujours des droits. Jamais de devoirs. Toujours prendre. Jamais donner de soi. Et Kennedy ? Et sa fameuse phrase, si belle, ils en ont entendu parler ?

     

    Etrange conception du monde, tout de même. Singulière idée de la mission de l’humain sur cette terre. Nous serions ici bas, non pour façonner notre destin, mais attendre du Ciel qu’il veuille bien nous concéder des « droits » n’ayant été inventés que dans l’onanisme collectif de quelques surexcités rêvant d’une société meilleure. Les droits, les droits, toujours les droits ! Il faudrait coucher sur le papier tous les rêves de douceur du monde, mobilité douce, développement durable, paix sur la terre, toutes choses assurément fort honorables mais n’engageant que la part de désir et de projection de ceux qui les fantasment. Autrement dit, pas grand-chose.

     

    Et puis, surtout, cette idéologie. Recevoir, toujours recevoir. Il y aurait un Etat protecteur, un cocon, et l’assurance que les « droits » décrétés seraient respectés. Alors que tout, dans la vie, de la naissance à la mort, est affaire de combat. Bien sûr qu’il faut les droits de l’homme, là oui, bien sûr que cette conquête des Lumières et de la Révolution française demeure un but constant à atteindre. Mais jamais acquis. Toujours à réinventer. Pendant que j’écris ces lignes, hélas, partout dans le monde, on les bafoue, ces droits, on torture, on tue. Pour les défendre, ces droits, il faut se battre, et non les décréter du haut de ses sandales, tout installé dans sa tranquillité.

     

    La vérité, c’est que la vie est dure. Nul progrès n’est acquis. La barbarie, à tout moment, peut revenir. Oui, il faut lutter pour la civilisation. Mais par des actes. Et non par des postures déclamatoires. Aussi ridicules que totalement vaines.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L’Amère de Lille, bleue comme un orange

     

    Sur le vif - Dimanche 30.05.10 - 18.14h

     

    En comparant ce week-end Nicolas Sarkozy à Madoff, Martine Aubry dérape et se disqualifie. Première secrétaire du parti socialiste français (le poste qui fut, de 1971 à 1981, celui de François Mitterrand), l’Amère de Lille se révèle plus heureuse dans le registre de l’austérité que sur les pistes de l’audace métaphorique.

     

    Quand on a incarné soi-même, ministre des Affaires sociales sous le gouvernement Jospin, l’erreur et l’errance des 35 heures (sur lesquelles même DSK veut revenir), il n’est pas sûr qu’on soit la première habilitée à venir donner des leçons. Non que Nicolas Sarkozy n’en ait besoin, certes, mais disons juste une question de décence.

     

    Et puis, ce mot, Madoff. Non pas synonyme de mauvaise gestion, mais bel bien de la plus calculée, la plus construite des escroqueries. Faut-il rappeler à Madame Aubry cette période d’affaires et d’argent que fut, hélas, le second septennat de François Mitterrand ? En ces temps-là, et jusque dans l’intimité du pouvoir, les chevaliers étaient plutôt d’industrie que d’honneur. Quand on a ce genre d’héritage à assumer, on laisse Madoff tranquille.

     

    Il y a un populisme de droite, tout le monde le sait. Et puis, il y a un populisme de gauche. Celui qui veut faire passer tout Président de droite pour un complice des ignobles banquiers et de l’argent sale. Ce populisme-là, depuis le scandale de Panama (1892), mais aussi depuis certains éditos de Jaurès (eh oui, le grand Jaurès) dans la Dépêche du Midi, existe.

     

    On peut, au fond, dire bien des choses. Que la terre est bleue comme une orange. Tant qu’on n’insulte ni la terre, ni les oranges. Tout le reste n’est qu’amertume.

     

    Pascal Décaillet