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Liberté - Page 1432

  • Sale type

     

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 20.05.10

     

    Roger de Weck, futur directeur de la SSR, est-il Dieu ? Comme lui, fume-t-il le havane ? C’est l’impression qui se dégage de la lecture de la presse, romande surtout, toute en pâmoison devant  l’homme parfait. Et Européen en plus, le bougre. Dégagé de cette suintante notion de frontière, cet archaïsme qui nous serre dans ses griffes comme une petite mère.

     

    Imagine, ami lecteur, que la SSR ait porté à sa tête l’ignoble Filippo Leutenegger. Radical de droite. Proche de l’UDC. Autant dire Satan. Un sale type, celui-là, regard noir, idées d’ébène, menton sûr de soi et dominateur. Un dresseur de fauves. L’homme au fouet. Le Mal.

     

    Alors que de Weck, c’est le bien. Parce que de Weck, c’est le centre-gauche. La social-démocratie du Nord, dans toute la blancheur de sa Raison. De Weck, c’est la Lumière. Au-delà de la vulgarité des nations, ces putains de nations qui sentent l’ail et se font la guerre depuis la nuit des temps.

     

    Alors que l’autre, le Filippo ! Il a créé la plus fabuleuse émission politique de l’histoire de DRS ? – Fadaises ! Politique-spectacle ! Populisme ! Valet de Blocher ! Iago ! Sale type ! L’heureux élu, en audiovisuel, n’a rien créé du tout. Mais on s’en fout : il incarne le bien. Le parfum de Vestales du service public. Quand on y entre pieds nus, tête nue, en silence. Surtout ne rien déranger. Juste passer.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Quand David cire les pompes de Goliath

     

    "Il est parfaitement normal que des Français tuent des Allemands".

    Charles de Gaulle, Discours de Guerre, 1942

     

    Hallucinants, les propos que j’ai entendus ce matin, au journal de six heures de la RSR, dans la bouche de Nathalie Rochat, présidente des Radios Régionales Romandes (les privés, les petits, ceux qui se battent) en réaction à la nomination de Roger de Weck.

     

    Que nous dit Madame Rochat ? Qu’elle se réjouit de collaborer avec la SSR, que cela lui semble essentiel, qu’elle se félicite des « ponts » entre le privé et le public, qu’elle définit respectivement (là, à juste titre) comme David et Goliath.

     

    Des « ponts » ? Quels « ponts » ? Au nom de quoi, des « ponts », je vous prie ?

     

    Madame Rochat est sûrement quelqu’un de très bien, mais où va-t-elle chercher que, dans un système de concurrence féroce, il faille se faire autre chose que la guerre ? Où va-t-elle inventer des paix séparées qui, en l’espèce, seraient toujours au profit de Goliath contre David ?

     

    A décharge de Madame Rochat, il faut noter que cet étrange conglomérat, les « Radios Régionales Romandes », multiplie, depuis des années, les signes de « collaboration », d’obédience, de complexe d’infériorité face au Mammouth public, là où les entités qui composent précisément cette RRR, ne survivant que grâce à leur mérite, leur travail acharné, ne devraient avoir comme seul objectif que d’attaquer. Elles sont déjà en infériorité numérique, financière, elles sont totalement désavantagées par cette matrice à apparatchiks qui s’appelle l’OFCOM. Et il faudrait qu’elles construisent des « ponts » avec la SSR !!!

     

    C’est valable pour les radios comme pour les télévisions privées. A qui j’ai d’ailleurs vivement déconseillé d’accepter la moindre miette de redevance, ces perles de condescendance que Circé concède à ses pourceaux. Aujourd’hui, les faits sont là : les gens de Berne, objectivement complices du Mammouth, le favorisent sur tous les plans, multiplient les chicaneries dès que deux télévisions privées ambitionnent un programme commun, d'essence citoyenne, avec vision supra-cantonale. Et il faudrait des « ponts » !!!

     

    Moi, je dis non. Quand on fait la guerre, on ne jette pas de ponts. Ou alors, pour traverser la rivière et investir le territoire ennemi. Dans une guerre, on ne pactise pas. Surtout quand on est tout petit.

     

    Dans une guerre, on se bat. On tombe. Parfois on se relève. Parfois pas. Mais on s’en fout : dans une guerre, on se bat. C’est tout.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Roger de Weck : suffira-t-il d’être brillant ?

     

    Sur le vif - Mardi 18.05.10 - 17.41h

     

    Roger de Weck, l’homme qui succédera à Armin Walpen, le 1er janvier 2011, à la tête de la SSR, est assurément un homme d’une grande valeur. Il a, notamment, dirigé le Tages-Anzeiger et l’extraordinaire journal allemand « Die Zeit », le fleuron de la presse de Hambourg. Roger de Weck est un journaliste de premier plan, l’un des meilleurs de ce pays. Mais cela suffira-t-il ?

     

    Cet intellectuel de haut vol saura-t-il être un chef ? Saura-t-il redimensionner son entreprise, dont les déficits abyssaux ont été révélés récemment? Saura-t-il faire les choix qui s’imposent, et qui passeront nécessairement pas des suppressions de programmes entiers ? Saura-t-il s’imposer face aux baronnies, aux féodalités, à la suintante lourdeur de l’Appareil ?

     

    Saura-t-il moderniser la machine, embrasser les combat des nouveaux supports, anticiper les technologies du futur ? Saura-t-il insuffler à ce vieux paquebot, dûment stipendié par cet impôt déguisé qu’on appelle « redevance », un esprit de compétition et d’entreprise? Aura-t-il, surtout, la décence de ne pas venir pleurer à l’augmentation de redevance, avant d’avoir, tout au moins, accompli à l’interne les drastiques réformes qui s’imposent ?

     

    A ce stade, un très mauvais signal : le choix du nouveau directeur a été salué par le SSM, le syndicat qui ne veut surtout rien changer à rien. Jamais.

     

    L’homme aurait-il été choisi pour ne rien déranger ? La question mérite d’être posée.

     

    Pascal Décaillet