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Liberté - Page 1427

  • Le pignon, la rue

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 08.04.10


    Au sommet du parti libéral, d’ici quelques semaines, Michel Halpérin aura passé la main. A coup sûr, sa formation politique lui devra une fière chandelle : après les Décombres (le principal intéressé me pardonnera cette allusion à Lucien Rebatet), la Résurgence. Après la mort, la renaissance. Après la pluie, le beau temps.

    Eden ? Pas si loin. Pour un parti qu’on disait revenu de l’Enfer, les résultats électoraux, toutes ces dernières années, sont loin d’être mauvais : même au Grand Conseil, même après le maelström MCG, les libéraux restent en tête. Leurs deux conseillers nationaux comptent parmi les meilleurs. Il paraît même qu’ils auraient deux conseillers d’Etat. Mais ce sont là des ragots invérifiables.

    Mieux : comme tout être normalement constitué lorsque point le printemps, les libéraux fréquentent. Ils frayent. Avec les descendants de ces sauvages de Saint-Gervais qui, naguère, leur ravirent la rue tout en leur laissant l’usufruit du pignon.

    Alors oui, hommage à Michel Halpérin. Peut-être l’ombrageux imperator pourrait-il, comme cadeau de départ, pousser l’audace jusqu’à faire confiance à celle, dans son parti, qui tente désespérément de montrer un intérêt pour l’exécutif de la Ville. Une femme de chœur et d’autel. Tout ce qu’il faut pour mener à bien ce que ce parti adore : une opération sacrificielle. Ah, le sang ! Le sang qui sèche ! Bonheur.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mourir, renaître

     

    Chronique publiée dans le Matin dimanche - Jour de Pâques 2010

     

    L’Eglise catholique romaine, tant décriée ces jours, qu’est-elle au fond ? Au sens propre, une « ecclesia », une assemblée de fidèles. Théoriquement un milliard de personnes, en réalité beaucoup moins si on prend comme critères la foi, ou tout au moins se reconnaître dans une communauté. Elle est invisible, cette assemblée, même si elle a donné son nom à ces constructions solides qu’on appelle « églises ». En fait, point n’est besoin de pierres ni de murs, ni de chaises ni d’autels, ni de somptueux transepts du douzième. Ni d’orgues. Ni de missel. Juste une petite lumière, à l’intérieur. Y compris dans le froid, la nuit, la solitude.

     

    L’Eglise, ce sont les hommes et les femmes qui la constituent. Le jour où il n’y aura plus aucun humain pour se déclarer de cette foi-là, eh bien l’Eglise catholique romaine, comme aujourd’hui le culte du dieu Pan ou celui d’Athéna, appartiendra à l’Histoire. Les religions, comme les humains, naissent, vivent, et un jour s’éteignent doucement, remplacées par d’autres courants spirituels, qui d’ailleurs s’en nourrissent. Il n’y a là rien de grave : ça n’est pas la religion en tant que telle qui compte, mais l’élan sincère des fidèles vers une forme de transcendance, que le génie de chaque époque traduit à sa façon.

     

    Je n’annonce pas ici la mort du christianisme. Mais je n’annonce pas non plus son éternité. A la vérité, rien n’est acquis, rien n’est perdu. Une Eglise doit se battre pour survivre. Par la force de l’exemple et celle du témoignage. Par le courage d’affronter crises et tempêtes, en disant les choses telles qu’elles sont, et non par la loi du silence. En ce sens, l’épreuve et la souffrance, bien réelles ces temps, pourraient bien, comme souvent depuis deux mille ans, se révéler une chance : l’occasion de renaître. A tous, excellentes Fêtes de Pâques.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Homme d'honneur

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 01.04.10


    On aime on non l’UDC, ses thèses, on aime ou non ce que fut Vigilance, dans les années 1985, il n’en reste pas moins qu’Eric Bertinat est un homme sincère, un être de conviction, porté par des idéaux. Toutes choses suffisamment insolites, de nos jours, pour être relevées.

    Ce secrétaire général de l’UDC genevoise, en poste depuis huit ans, pourquoi part-il ? Officiellement, parce que la nouvelle équipe dirigeante de son parti lui aurait signifié que son job passait à mi-temps, pour raisons budgétaires. Ouais. A voir…

    On se demandera plutôt si ce départ n’est pas à mettre en relation avec la très grande synergie imposée en haut lieu avec le MCG. Et qui exige d’être mise en action par de nouvelles personnes. Il en va du succès de la prochaine échéance électorale, capitale : les communales du printemps 2011. L’UDC genevoise y jouera sa survie.

    Reste que le député Bertinat, au-delà des idéologies et du souvenir amer de certaines affiches, demeurera un interlocuteur précis, courtois, et compétent. Un homme capable de débattre en respectant l’adversaire. Porté par une foi, dans tous les sens du terme, dans des valeurs. Un petit côté démodé, contre-courant, hors du monde, hors du royaume de l’Argent, qui pourrait bien être la marque de cette espèce en voie d’extinction : les hommes d’honneur.

     

    Pascal Décaillet