Sur le vif - Et le doigt sur l'interrupteur - Mardi 15.03.11 - 17.22h
Un passage – assez ahurissant – hier soir, face à un excellent Pierre Veya, dans l’émission « Classe Politique », sur la TSR. Un papier, « Unsere glokale Medienwelt », dans la NZZ de ce matin : décidément, Frère Lumière, alias Roger de Weck, n’a pas l’intention de se tapir dans l’ombre. Il irradie, de partout.
Et il multiplie les déclarations irrecevables. Dans le débat d’hier, pas une once d’autocritique : la SSR est le lieu du débat public, hors de ce champ-là, point de salut. Dogme repris, avec une dureté théorique confinant à la cécité, par une Géraldine Savary, conseillère aux Etats (PS, VD), d’ordinaire mieux inspirée. C’est le discours « On ne touche rien au statu quo, tout va très bien, la moindre cure d’économie de la SSR ferait immédiatement s’effondrer la Suisse ».
Pire : ce matin, dans la NZZ, un article d’une haute arrogance, où le patron de la SSR, avec un paternalisme de Kermesse du Muguet, propose un partenariat avec les médias privés. Idée hallucinante, faisant fi d’un principe de concurrence que M. de Weck semble ignorer avec une patricienne persistance, et dont la conséquence ne pourrait, évidemment, être que la satellisation des « petits privés » par le Mammouth. Tout cela, sous le philistin prétexte de mieux lutter contre les géants, que sont Google et Facebook.
Non, M. de Weck, les privés, qui se battent dans des conditions beaucoup plus difficiles que les vôtres, n’accepteront pas vos avances de dames-patronnesses. Ils continueront d’en baver, et c’est très bien ainsi. Décartelliser le secteur de l’audiovisuel, en Suisse, prendra sans doute des années encore. Ca n’est pas en ajoutant des gaz, fussent-ils rares, à l’Usine, ni des électrons périphériques à l’atome, qu’on y parviendra. C’est, au contraire, en renforçant le principe de concurrence. Et en produisant, chacun de son côté, la plus exigeante des qualités. Tout le monde y gagnera. A commencer par les premiers concernés : les auditeurs, ou spectateurs, ou internautes, qui nous font la confiance de bien vouloir s’intéresser à nos écrits ou émissions.
Pascal Décaillet