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Liberté - Page 1317

  • Quand la Pampa exécute ses opposants

     

    Sur le vif - Mercredi 16.03.11 - 10.35h

     

    Mise en scène hollywoodienne, ambiance carnavalesque, fiesta permanente : malgré tous ces supports – à quoi s’ajoute quelque menue monnaie – la campagne de Michel Chevrolet est un échec. Le groupe PDC au Municipal de Genève perd deux sièges, l’effet locomotive de l’Entente reste accroché aux butoirs de Cornavin, on a l’impression d’un immense soufflé qui retombe. Défaite cuisante, oui, en fonction de l’énormité des moyens, du tintamarre, des effets pyrotechniques mis en jeu. Tout ça, pour ça ? Dimanche soir, faute d’agrumes, la Terre était bleue comme un orage.

     

    Dans ces conditions, il y a d’abord eu, à Uni Mail, une rare faute de goût. Quand on perd, on ne pénètre pas dans l’Alma Mater avec les habituels bêlements  de supporters orangés, dont le sens critique et la compréhension des événements se situaient, dans le cas d’espèce, au-dessous de ce qu’on peut attendre d’un tifoso boutonneux de la banlieue sud de Bologne, un dimanche de pluie, au moment des tirs au but. Que M. Stauffer, vainqueur, joue ce jeu-là, oui. Que les socialistes de la Ville, remarquablement menés par leur président, Grégoire Carasso, sacrifient au rite de la distribution des roses, oui encore. Mais là, les oranges auraient au moins pu avoir la décence de se faire amères. Une défaite est une défaite.

     

    Mais tout cela n’est rien en comparaison de la petite vengeance qu’un pronunciamiento a organisée hier soir face à Didier Bonny. Ancien conseiller municipal (14 ans), ancien député, candidat, l’an dernier, à la candidature (il avait perdu, Salle du Môle, contre Michel Chevrolet), ce fidèle militant, sollicité par des journalistes (dont votre serviteur) a « débriefé », lundi, de façon assez musclée la campagne Chevrolet. Liberté de parole 100% normale au lendemain d’un scrutin. Le PDC de la Ville ne le voit pas exactement de cette manière : il engage une procédure d’exclusion contre Bonny.

     

    Je pensais que la Pampa avait un peu plus d’humour et de détachement. Je pensais, aussi, que le PDC de la Ville était une structure plurielle, et non la seule machine de propagande d’un homme. Je m’étais manifestement trompé. Mais je suis novice dans l’observation des choses politiques. Et je suis là pour apprendre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Revoici l’électrisé des Lumières

     

    Sur le vif - Et le doigt sur l'interrupteur - Mardi 15.03.11 - 17.22h

     

    Un passage – assez ahurissant – hier soir, face à un excellent Pierre Veya, dans l’émission « Classe Politique », sur la TSR. Un papier, « Unsere glokale Medienwelt », dans la NZZ de ce matin : décidément, Frère Lumière, alias Roger de Weck, n’a pas l’intention de se tapir dans l’ombre. Il irradie, de partout.

     

    Et il multiplie les déclarations irrecevables. Dans le débat d’hier, pas une once d’autocritique : la SSR est le lieu du débat public, hors de ce champ-là, point de salut. Dogme repris, avec une dureté théorique confinant à la cécité, par une Géraldine Savary, conseillère aux Etats (PS, VD), d’ordinaire mieux inspirée. C’est le discours « On ne touche rien au statu quo, tout va très bien, la moindre cure d’économie de la SSR ferait immédiatement s’effondrer la Suisse ».

     

    Pire : ce matin, dans la NZZ, un article d’une haute arrogance, où le patron de la SSR, avec un paternalisme de Kermesse du Muguet, propose un partenariat avec les médias privés. Idée hallucinante, faisant fi d’un principe de concurrence que M. de Weck semble ignorer avec une patricienne persistance, et dont la conséquence ne pourrait, évidemment, être que la satellisation des « petits privés » par le Mammouth. Tout cela, sous le philistin prétexte de mieux lutter contre les géants, que sont Google et Facebook.

     

    Non, M. de Weck, les privés, qui se battent dans des conditions beaucoup plus difficiles que les vôtres, n’accepteront pas vos avances de dames-patronnesses. Ils continueront d’en baver, et c’est très bien ainsi. Décartelliser le secteur de l’audiovisuel, en Suisse, prendra sans doute des années encore. Ca n’est pas en ajoutant des gaz, fussent-ils rares, à l’Usine, ni des électrons périphériques à l’atome, qu’on y parviendra. C’est, au contraire, en renforçant le principe de concurrence. Et en produisant, chacun de son côté, la plus exigeante des qualités. Tout le monde y gagnera. A commencer par les premiers concernés : les auditeurs, ou spectateurs, ou internautes, qui nous font la confiance de bien vouloir s’intéresser à nos écrits ou émissions.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Aellen et les mauvais garçons

     

    Sur le vif - Mardi 15.03.11 - 12.36h

     

    J’ai déjà relevé, en pleine affaire Mark Muller, le sang froid et la lucidité du président du parti libéral genevois, Cyril Aellen. Qualités que je ne discerne pas, en toute première lecture tout au moins,  chez nombre de ses homologues. Et qui se sont, une nouvelle fois, vérifiées ce matin, sur One FM.

     

    Dans ces heures cruciales qui suivent les dimanches électoraux (ça se calme en général dès le mercredi), d’aucuns croient briller en se contorsionnant. Nul enfant chinois, même de la plus boisée des provinces, même rompu dès l’aurore de son âge à l’acrobatie de cirque, ne les égale. Tel magistrat radical sortant, nous perdant dans l’interminable nuit d’un préambule. Tel (ex ?) candidat PDC, passé maître dans l’art du chaud et du froid, du ying et du yang, du dit et du tu, perdant le nord pour mieux tromper le sud, finalement nous aveuglant dans une immense nuée orangée, sans doute le bouquet final.

     

    Au milieu de tout cela, Cyril Aellen. Dès les premières secondes, ce matin, il lâche l’info : il veut partir au combat avec l’UDC. Le parti des mauvais garçons. Et des fières Amazone. C’est clair, simple, lisible, il sera vilipendé par les uns, applaudi par les autres, il aura au moins fait de la politique, au sens mendésien : il aura choi-si. Cyril Aellen communique bien, il prend des risques, il est courageux.

     

    Et, l’air de rien, au modeste niveau communal genevois, il entrouvre un horizon nouveau à la politique suisse. Celui d’une droite assumée, ne rougissant pas d’elle-même, ne craignant pas l’inévitable pluie de lazzis et de condamnations de ceux qui, à gauche et dans la tiédeur centriste de certaines sacristies, ne manqueront pas, sous couvert de morale, de lui faire la leçon sur Thomas, Heinrich et Klaus Mann, la fin des années 20, les années 31 et 32, le ralliement des Krupp et des grands industriels, bref le piteux discours de la main tendue au diable. Piteux, parce que l’UDC genevoise n’est pas le diable, l’UDC suisse non plus. Pitoyable, parce que ce paravent de morale tente juste de dissimuler la peur de la gauche d’avoir, une fois dans sa vie, face à soi, une droite à peu près intelligente.

     

    L’alliance se fera-t-elle ? Vu le génie de la droite genevoise, notamment municipale, à monter seule sur l’autel de l’immolation, on peut nourrir quelques doutes. Du côté de ses chers amis de l’Entente, Cyril Aellen ne trouvera qu’un très faible écho : la base PDC a toujours préféré le jaune au noir. Quant à Pierre Maudet, le corset imposé par une certaine Garde noire le contraindra à des postures qui ne sont pas nécessairement celles de son génie pragmatique intérieur. Mais c’est là le problème du parti radical genevois en général, on le retrouvera cet automne dans la course aux Etats.

     

    En ouvrant la voie, en prenant un risque, Cyril Aellen s’est montré beaucoup plus proche des fondamentaux de la droite suisse, quand on sait un peu lire au-delà de la Versoix, voire de le Sarine, que les moralistes de cabinet qui, dans l’entourage de certains ministres cantonaux, ne visent en fait que la permanence, le plus longtemps possible, de leurs prébendes.

     

    Pascal Décaillet