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Liberté - Page 1316

  • Boris Drahusak méritait d’être connu

     

    Jeudi 17.03.11 - 16.46h

     

    Les rigueurs de la vie politique ont éliminé Boris Drahusak de la course à l’élection. Pour l’avoir fréquenté à de nombreuses reprises dans des débats radio ou TV, j’ai appris à connaître un homme soucieux du bien public. Des enjeux urbains, il a une idée très précise, toujours documentée. Une compétence, c’est sûr.

     

    Ce qui a pu faire la différence en sa défaveur tient justement, par paradoxe, à ses qualités : l’extrême précision de son discours aboutit trop souvent à un langage de type technocrate. On ne parle pas au grand public comme dans une soutenance de thèse à Paris III.

     

    Combien de grands commis en ont-ils fait les frais ? Ministre de l’Agriculture, Michel Rocard, pourtant l’une des plus solides compétences de France, plongeait ses auditoires dans de profonds sommeils, avec d’interminables discours sur les quotas laitiers. Pendant ce temps, François Mitterrand nous enchantait d’un verbe toujours simple, « sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». Il était l’homme du suffrage universel, Rocard, celui des conférences et des cabinets.

     

    Grand commis ou ministre, ce sont deux discours, deux postures rhétoriques radicalement différentes. Certains secrétaires généraux se prennent pour des élus du peuple. Certains ministres peinent à sortir de leur peau de chef d’état-major d’une administration.

     

    Boris Drahusak a eu le courage de se lancer. Je lui souhaite sincèrement de continuer à faire profiter Genève de son expérience.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Esther Alder, la force tranquille

     

    Sur le vif - Jeudi 17.03.11 - 15.50h

     

    Au milieu du tintamarre, elle avance en silence. Calme, souriante, d’un contact très agréable, la candidate Verte Esther Alder m’impressionne depuis le début de la campagne. Elle vient d’un autre monde. Mais sans doute son monde à elle est-il le vrai. Le plus solide qui soit. Le plus fiable. Cela porte un nom dont tous, aujourd’hui, se réclament, mais qui, dans son trajet de vie à elle, sonne juste : le terrain.

     

    La campagne Alder, c’est l’anti-Facebook. L’anti-virtuel. Le contraire des faux beaux jours (ah, Verlaine, quel poème !) et des faux amis. L’antipode des copinages sirupeux de cocktails. Ce qui m’impressionne chez cette dame que je connais peu, c’est qu’elle va son chemin, et qu’elle creuse son sillon. A son rythme. Et que rien, mais vraiment rien, en tout cas pas le cliquetis du monde, ni l’air du temps, ni le fatras, le fracas du mondain, ne l’empêcheront d’aller où elle va.

     

    Dans le dilemme du visible et de l’invisible, elle a fait son choix. Quand elle parle, rien d’opaque, juste le souci des gens. Au-delà de son parti, de ses options, de son camp, Esther Alder pourrait bien jouer, dans les années qui viennent, un rôle précieux dans la vie républicaine à Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Pierre Maudet veut bien de l'UDC - Comme laquais

     

    Sur le vif - Jeudi 17.03.11 - 12.03h

     

    Pierre Maudet ne manque pas d’air. Invité hier soir à l’assemblée des libéraux (qui ont décidé, à une nette majorité, de s’allier à l’UDC), le radical a « laissé la porte ouverte à un accord électoral » (Marc Moulin, TG), à condition que l’UDC renonce à envoyer un candidat au front !

     

    Autrement dit, Pierre Maudet veut bien les voix de l’UDC, le soutien de l’UDC, l’apport électoral de l’UDC. Mais il ne veut surtout souiller l’affiche de l’Entente avec aucun visage de l’UDC. Ni celui de M. Bertinat, ni celui de M. Nidegger. Non, Pierre Maudet ne manque pas d’air. On peut même diagnostiquer une crise aiguë de suroxygénation.

     

    Une telle offre, évidemment, ira droit au panier. Et Maudet, qui est un homme intelligent, le sait très bien. Car il n’est pas sûr que son calcul à lui soit la victoire de la droite, le 17 avril. Ni même le deux sur cinq. Finalement, la posture de seul élu de droite face à quatre de gauche lui convient très bien. Elle en fait le héros de son camp, dans sa superbe solitude. Et lui permet de blanchir sous le harnais municipal en attendant d’autres destins.

     

    Lorgner à gauche pour avoir des voix, Maudet sait faire. Pourquoi croyez-vous qu’il ait, ces derniers mois, multiplié les positions dissidentes à sa propre famille politique ? En matière d’armée. En matière d’Europe. Réponse : pour être l’homme de droite qu’une certaine famille de gauche, plutôt « éclairée », bobo, urbaine, aime finalement bien. Et cela, dimanche, lui a magnifiquement réussi : il détient le record d’ajouts sur d’autres listes. Quand on contemple cette réalité-là, on mesure à quel point certaines postures morales font figures de paravents.

     

    Le PDC, au moins, est clair. Il ne veut pas d’alliance avec l’UDC. C’est son droit. Les libéraux, parfaitement clairs aussi. Ils sont d’ailleurs le parti fort des négociations actuelles, avec un président décidément étonnant de lucidité et de stratégie à long terme, sans doute le meilleur président libéral depuis des années.

     

    Mais les radicaux ? Que signifie ce « oui, mais » ? Quelle incroyable arrogance vis-à-vis de l’UDC cantonale genevoise ! « On veut bien de votre aide, mais on ne veut surtout pas vous voir ». Cela s’appelle traiter les gens comme des laquais. Des écuyers. Des commis. Cela est indigne de Pierre Maudet. De la longue tradition républicaine de son parti. Un parti dont on aimerait vraiment savoir aujourd’hui qui le dirige. Et dans la noirceur de quelle officine.

     

    Pascal Décaillet