Sur le vif - Mercredi 11.01.12 - 17.12h
A l'instant, le Conseil d'Etat donne de la voix, considère comme « illégales » certaines actions annoncées par les policiers, convoque Mme Bonfanti. A plein nez, voilà qui sent le fusible. Pour sauver le soldat Rochat, on va évidemment charger la cheffe opérationnelle de la police, lui faire porter à la fois le fardeau et le chapeau, déclarer urbi et orbi que ces histoires d'horaires qui foirent, c'est sa faute. Ce climat d'exécution était déjà perceptible hier soir, à travers les propos du PDC Philippe Morel, un homme qui a tout intérêt, pour son avenir politique, à sauver politiquement l'Entente. Quitte à faire rouler une tête.
Car l'affaire, déjà, n'est plus celle de la police. Mais celle du Conseil d'Etat. Hier soir, trois des six partis du Grand Conseil (PS, MCG, UDC) demandaient qu'Isabel Rochat soit dessaisie du Ministère de la Police. Deux d'entre eux réclamaient une rocade. Le troisième, carrément une démission et une élection complémentaire. Comme début d'année, on a connu plus calme ! Il y a donc urgence, politiquement, à serrer les coudes : d'abord, on sauve la ministre, ensuite en reprend ses esprits, on souffle un peu, et on voit ce qu'on peut faire.
Sauver Mme Rochat, pourquoi ? Parce qu'elle est le maillon faible de cette équipe gouvernementale. Accepter une rocade, ou une mise sous tutelle, ce serait reconnaître l'erreur de casting de 2009. Laisser deux partis non-gouvernementaux (MCG, UDC), et un troisième qui l'est devenu si peu (PS), dicter l'agenda. Reconnaître la victoire des Marges sur le pouvoir établi.
Clairement, la frontalité politique genevoise oppose l'Entente (élargie à des Verts de plus en plus heureux de collaborer) à la somme des Marges. Cette somme, aujourd'hui, n'est pas majoritaire. Demain, après-demain, elle pourrait le devenir. En attendant, on s'active à sauver une ministre qui n'est pas au niveau. C'est juste un acte de survie, de coagulation dans l'urgence, allez disons un masque à oxygène (n'est-ce pas, Dr Morel ?). Mais cela, en aucun cas, ne peut tenir lieu de politique crédible, à long terme.
Pascal Décaillet