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Liberté - Page 1303

  • Apéro, logo, tarmac

     

    Sur le vif - Lundi 18.04.11 - Saint Parfait - 15.44h

     

    C’est une nouvelle incroyable qui vient, par la voie des airs, d’estourbir nos consciences : l’aéroport de Genève s’appellera désormais… « Genève Aéroport » ! En présence du directeur et du conseiller d’Etat de tutelle, également président du Conseil d’administration, cette révolution cataclysmique a été rendue publique aujourd’hui. Et, pour mieux en souligner certaines vibrations que le commun des mortels, autant dire les gueux sémantiques que nous sommes, ne peut percevoir sans l’exégèse du Prince, on lui a donné des explications. Eclairantes.

     

    « Genève, commente le Prince-Président de tutelle, est suffisamment connue dans le monde. Il n’y a plus besoin de mentionner le caractère international de l’aéroport ». A quoi le Prince-Tuteur ajoute : « Le choix du français plutôt que de l’anglais a été mûrement réfléchi, pour marquer l’attachement à la culture locale ». Et il conclut, le Petit Prince : « Il n’y a pas beaucoup de différence entre le nom de la ville en français et en anglais ».

     

    Coût de la révolution : trente mille francs. Il fallait bien cela pour mettre à nu d’aussi éclatantes vérités. Et puis, trente mille, sous ces cieux-là, ça n’est même pas le dixième d’un apéro de départ.

     

    Un monde en soie, qu’on vous dit…

     

    Pascal Décaillet

     

  • Gorge sèche

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 18.04.11

     

    La toute petite fille n’attend plus que le signal. Assise, droite, sur le tabouret, l’extrémité des doigts en apesanteur sur le clavier du piano à queue. Pas un souffle. Prête à attaquer. Sur un signe de Pascal Chenu, elle se lance. Dans toutes les auditions du monde, tous les oraux, toutes les émissions en direct, il y a toujours, juste avant, ce vertige de l’angoisse.

     

    Passer l’oral. Commenter un passage de Phèdre, la scène de l’aveu, « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… ». Gorge sèche, jusqu’à la douleur. Serrée. Prête à tout donner. Séduire, convaincre. Partager. La toute petite fille fut fort bonne, vendredi en fin d’après-midi, dans la Salle de répétition de Jaques-Dalcroze. D’autres, comme un garçon prénommé Renaud, éblouissants. S’offrir à la critique. Oser.

     

    Celui qui, avant de prendre l’antenne, commenter Rimbaud ou déclarer sa flamme, n’est pas brûlé par la lame surchauffée de la peur, ne sera pas bon. Rite initiatique, oui. Où se jouent fermeture, ouverture, désir et panique, mort et naissance. Il faut passer par là. L’oral, ou l’audition, ou l’entrée en scène, n’ont rien à voir avec l’écrit. Ils sont d’un autre ordre, d’une autre brûlure, d’une autre jouissance. Il faut être un peu fou pour aimer ça. Singulièrement tourné. Entre l’herbe douce et la braise, toujours préférer fouler la seconde. Pour le bonheur du cri.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Servir, puis réapparaître

     

    Sur le vif - Dimanche 17.04.11 - 10.06h

     

    Blocher-Couchepin : deux poids, deux mesures. Le premier se fait incendier par Peter Rothenbuehler, dans un billet du Matin dimanche, sous le seul prétexte qu’il se présente à une élection, et que, lorsqu’on a été conseiller fédéral, revenir au grand jour serait « introduire des mœurs étrangères ».

     

    Sur la page d’en face, en gros, magnifiquement détouré pour mettre en valeur sa silhouette, souriant, Pascal Couchepin joue du tam-tam à l’occasion d’un cocktail pour les cent ans d’HEC. Mieux : sur une page complète, un peu en amont du même journal orangé, le même Pascal Couchepin, dans son bureau de Martigny avec vue sur l’église, s’exprime longuement sur l’avenir des partis qu’il appelle « historiques ». Couchepin, omniprésent dans les médias depuis qu’il est à la retraite.

     

    On dira juste que la conception du « Servir et disparaître », au Matin dimanche et chez certains de ses puissants penseurs, obéit à une géométrie plutôt variable.

     

    Pascal Décaillet