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Liberté - Page 1306

  • Poggia, carte maîtresse

     

    Sur le vif - Jeudi 16.06.11 - 16.10h

     

    Là, le MCG a vu juste. En plaçant Mauro Poggia à la tête de ses listes pour les Chambres fédérales, celle du National et celle des Etats, il joue la meilleure de ses cartes, se donne le maximum de chances de décrocher un siège, au moins à la Chambre du peuple, celle des cantons étant légendairement plus difficile à conquérir. Un MCG au National, le symbole serait puissant pour un parti venu d'en bas, jailli de la Glaise et de la Gueuse, ostracisé pendant des années - et encore aujourd'hui - par les assis, les installés, les repus, les horizontaux, de droite comme de gauche, qui se partagent Genève et ses prébendes, dans les cocktails, s'imaginent qu'ils seront toujours là. Que rien, jamais, ne changera. Que le cauchemar MCG n'est qu'une parenthèse, comme le fut celui de Vigilance. Que tout, un jour, finira par rentrer dans l'ordre. Leur ordre. Celui de leurs structures mentales. Leurs prés-carrés. Leurs réseaux. Qu'ils ont fini, à force d'habitudes, de clientélisme, de services rendus les uns aux autres, par confondre avec le convenable, le Bien. La norme.

     

    Oui, Poggia est le meilleur des choix, et la décision d'Eric Stauffer de sauter un tour, ne pas se ruer sur toutes les candidatures possibles, faire d'abord ses preuves à Onex, orchestrer la campagne de cet automne, est un acte de maturité. Le tournant de sa carrière, le passage de l'ère de la star qui éclipse tout à celle du stratège, celui qui sait aussi faire naître les vocations, demeurer en retrait.

     

    Poggia, antithèse de Stauffer. Cérébral là où l'autre est impulsif, tonalité bourgeoise dénuée d' accents prétoriens, logos démonstratif de l'avocat habitué à des causes complexes, oui les deux hommes sont faits pour se compléter. Oui, en quelques mois, la palette chromatique du parti, y compris sous les lazzis, s'est enrichie : ici, l'irrédentisme levantin d'un Soli Pardo, anar de droite à la subtile noirceur de plume, là la connaissance cadastrale du terrain d'un Carlos Medeiros, pour ne prendre que quelques figures.

     

    Lazzis ? Et alors ? Qu'ils rient. Les petits cochons aussi se gaussaient et se trémoussaient, avec leurs petites queues, dans leurs maisons de paille. On connaît la suite. On sait comment s'est terminée la petite musique, la ronde moqueuse, la raillerie du grand méchant loup. Entre soi, entre gens du monde, on se tient, on s'apaise, on se réchauffe. Devant des petits fours, on se rassure. De gauche comme de droite, en coupable transversalité, on attend la fin du cauchemar. On lit le Temps, vecteur des conventions, Psaume du convenable, qui croyait bon, hier je crois, d'ironiser sur la faiblesse du MCG à s'étendre. Oui, on attend, assis, la fin de l'ère des gueux.

     

    Sera-t-elle pour le 23 octobre ? Pour Pâques ? Ou pour la Trinité ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Docteur Boris, Mister Prozak

     

    Sur le vif - Mercredi 15.06.11 - 16.55h

     

    Aurait-on idée de nommer Jack l'Eventreur à la chaire d'anatomie des viscères ? Je plaisante, of course.

     

    Il n'existe, je m'en porte garant sur la tête de Patrice Mugny, aucune espèce  de relation entre la hardiesse de cette métaphore initiale et la nomination de Boris Drahusak comme directeur des Ressources humaines de la Ville de Genève. Aucune.

     

    De même, cette nomination n'obéit strictement à aucune forme de compensation, de promesses de campagne, ni d'équilibre des barbichettes. Juré. Sur la tête de Patrice.

     

    Je souhaite sincèrement bonne chance à Boris-le-Terrible dans ces nouvelles fonctions. Il saura gérer les ressources. Mais saura-t-il gérer l'humain ? Finissons donc par souhaiter encore davantage bonne chance à ses futurs administrés. Les veinards !

     

    Plus chanceux encore : quelque part dans la froideur d'une pharma, sans doute du côté de Bâle : les vendeurs de Prozac.

     

    Une histoire dans laquelle tout le monde est gagnant. Ah, la Belle Idée ! Non ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • Les TV privées et le syndrome de Stockholm

     

    Sur le vif - Mercredi 15.06.11 - 11.51h

     

    En Suisse romande, la SSR a beaucoup de chance. Elle n'a plus besoin de perdre temps et argent à financer, par d'improbables attachés de presse, un organe de propagande. Le quotidien Le Temps, avec une régularité de métronome, s'en charge. Ainsi, au lendemain d'une grande enquête dont nous avons souligné ici la totale indifférence au combat des TV régionales, et la parole uniquement donnée aux caciques de l'Usine à Gaz, voici, en page 18 de ce matin, une nouvelle tribune offerte à Gilles Marchand. Nommer ce dernier chroniqueur officiel, avec apparition au moins hebdomadaire, ne serait-il pas plus simple ? En remplacement de François Gross ?

     

    Dans son épitre d'aujourd'hui, le directeur de la RTS ne donne hélas aucune réponse satisfaisante aux questions légitimement soulevées par Christophe Rasch, directeur de La Télé, et relayées par Antoni Mayer, son homologue de Léman Bleu, la semaine dernière. Botter en touche en qualifiant de « secondaire » la mise à disposition, par la SSR, du logiciel de réservation des pubs à TF1 ou M6, apparaît pour le moins comme léger. Parler d'une concurrence « professionnelle et correcte » en démolissant son propre argument par le rappel, quelques lignes plus tôt, de la répartition du gâteau publicitaire en Suisse (670 millions en tout, dont 397 pour la SSR, 200 pour les fenêtres étrangères, et seulement 72 millions pour l'ensemble des chaînes privées locales et régionales), ne manque pas d'un certain sel. Eviter toute allusion à la scandaleuse loi actuelle sur la radio et la télévision (LRTV), machine de guerre destinée à favoriser la SSR et étouffer toute initiative privée, relève de l'aveuglement volontaire.

     

    Il y a quelques jours, les directeurs de deux TV régionales parlaient d'une même voix, sur un plateau. Et les autres ? Ils restent là, chacun dans son coin, à attendre des jours meilleurs ? Ils se disent, Dieu sait pourquoi, qu'il vaut mieux maintenir de bonnes relations avec un grand frère qui ne songe qu'à les incarcérer? C'est leur droit. Chacun, ici-bas, peut bien vivre, si ça peut lui apporter quelque frémissement, son syndrome de Stockholm. C'est une option. L'autre, c'est se mettre ensemble et faire la guerre. Si personne ne la livre, cette guerre, le Mammouth aura gagné sur toute la ligne. Et l'univers de l'audiovisuel, en Suisse, demeurera ce qu'il est aujourd'hui : préhistorique.

     

    Pascal Décaillet