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Liberté - Page 1258

  • A quoi joue le PLR ?

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 21.09.11

     

    A Genève, mais aussi en Valais, sur Fribourg, sur Vaud, dans les cantons de Suisse alémanique (le combat des chefs à Saint-Gall sera passionnant!), j'observe de très près la campagne pour les élections fédérales. J'y vois des partis bien dans leurs bottes: les socialistes, les Verts, l'UDC. Un parti traditionnellement plus fluctuant, disons que c'est dans sa nature: le PDC. Et un parti à la stratégie, mais aussi à la rhétorique duquel je n'entends strictement rien: le PLR. Si ça n'était qu'un obscur groupuscule, cette illisibilité ne serait pas trop grave. Venant du grand vieux parti qui a fait la Suisse, et nous a donné des personnalités comme Jean-Pascal Delamuraz, ça donne tout de même quelques frissons.

     

    Que se passe-t-il? A de notables exceptions près (Jean- René Germanier, Philippe Nantermod, Christian Lüscher), la grande majorité des candidats PLR romands passent leur temps à quoi? A tomber à bras raccourcis sur l'UDC. Bien sûr, ces deux univers sont très différents, il y a la ligne de fracture des bilatérales, la différence de tonalité politique (langage de la raison, «Vernunft», contre usage de l'image, de l'émotion), oui toutes ces frontières existent, et c'est bien pour cela qu'il y a deux partis. Mais enfin, regardez les votes de ces deux familles politiques sur la plupart des sujets, à Berne, et vous y noterez bien des convergences. Et puis, l'attaque anti-UDC, chez certains caciques PLR, est devenue tellement récurrente, obsessionnelle, qu'elle amène une question majeure: nos braves radicaux ont-ils oublié que l'ennemi premier de la droite, avant d'être une autre composante de cette même droite, était peut-être, tout simplement... la gauche?

     

    Dans certains cantons, comme Vaud, on n'est pas loin de l'axe radical-socialiste, oui les bons vieux rad-socs de la Troisième République, avec leurs Compas et leurs Equerres, contre la bête immonde de l'UDC. Sous l'apparence d'arguments moraux, cela traduit d'incroyables faiblesses au PLR. D'abord, parce qu'un parti (a fortiori celui qui a fait le pays!) a mieux à faire que se définir en constante opposition à un autre. Mais aussi parce que la gauche - ils l'apprendront à leurs dépens - ne fait JAMAIS de cadeaux à la droite. De cette soi-disant lutte commune «humaniste», les «PLR gentils» ne tireront nul profit. Ils sont toujours, dans ces cas-là, les dindons de la farce: rappelez-vous Georges Pompidou, en 1969, remontant les bretelles de son premier ministre Jacques Chaban-Delmas suite au discours sur la «Nouvelle Société », qui voulait donner des gages à la gauche. Bref, le PLR, au niveau national, pourrait bien payer assez cher, au soir du 23 octobre, l'erreur de direction dans laquelle il a tourné ses canons. Je terminerai avec une exception déjà mentionnée plus haut: l'excellent Nantermod. Dix types comme ça, et le vieux parti est sauvé.

     

  • Bon vent, M. Devaud !

     

    Sur le vif - Jeudi 15.09.11 - 15.57h

     

    Décidément, le juge Devaud a bien des chances d'être élu dimanche à la cour des Comptes ! Tant mieux pour lui, et tant mieux pour la gauche, qui n'a rien à se reprocher : elle aura su serrer les rangs autour de son candidat.

     

    On n'en dira pas autant de la droite. Cette dernière voudrait torpiller les chances du candidat Nidegger, elle ne s'y prendrait pas autrement. Nous avons déjà décrypté, ici, les vraies raisons de la singulière intervention, par voies d'annonce payante dans un quotidien, d'un ancien président radical du Conseil d'Etat. Et voilà qu'à l'instant, sur son blog, le PDC Michel Chevrolet dégomme Yves Nidegger pour son absentéisme au Municipal, et annonce qu'il votera blanc dimanche.

     

    Sur la discrétion de M. Nidegger dans la vie municipale, Michel Chevrolet a sans doute raison. Mais on se dit simplement que, politiquement, il aurait pu attendre lundi matin - ou même dimanche, à partir de 12h, la fermeture des locaux de vote - pour pousser son coup de gueule. Il aurait pu aussi voter blanc dans son coin, comme l'ancien grand homme aurait pu voter Devaud sans le faire savoir par voie d'annonce.

     

    Il convient donc de se demander quelles sont, dans l'actuelle dynamique (si on ose encore ce mot !) interne à la droite, les raisons politiques de ces prises de distance. Nous avons décortiqué ici celles du grand homme. Nous tentons de comprendre celles de Michel Chevrolet. En commençant par aller chercher une aspirine.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** PS 17.09h - Le commentaire d'Olivier Fiumelli, chef du groupe PLR au Municipal, sous le blog de Michel Chevrolet, allant dans le même sens face à M. Nidegger, nourrit la thèse d'un lâchage du candidat "Entente + UDC" allant plus loin que la seule personnalité du chef du groupe PDC au Municipal. Reste à connaître les exactes obédiences de M. Fiumelli.

     

    *** PS no 2 - 17.32h - Le commentaire d'Yves Nidegger lui-même, à l'instant, toujours sur le blog de Michel Chevrolet, confirme l'implosion, en tout cas en Ville, du "bloc Entente-UDC derrière Nidegger". Il annonce clairement la victoire de M. Devaud dimanche, et, le 23 octobre, celle de Mme Maury Pasquier et M. Cramer.


  • Tout là-haut, Bonatti

     

    Hommage - Jeudi 15.09.11 - 14.27h

     

    Il existe des suites de syllabes, comme des fugues, qui donnent la chair de poule : « Pilier sud-ouest des Drus ». Je l'ai vu souvent, d'assez près, oh jamais touché. Je le photographiais encore samedi. Août 1955, un jeune alpiniste italien de génie passe six jours en solitaire dans une voie qui, pour toujours, portera son nom. Il s'appelle Walter Bonatti, entre alors dans la légende, jamais ne la quittera. Avant-hier, à l'âge de 81 ans, il nous a quittés. Disons, son ultime ascension. Quelque part, la lumière.

     

    Il y a Michel Darbellay et la paroi nord de l'Eiger, et puis il y a Bonatti avec son Dru, ou sa face nord hivernale du Cervin, ou son Capucin. J'ignore qui sont les 90 Suisses romands du vingtième siècle, mais j'ai ma petite idée sur les 10 plus grands Italiens. Il y a Toscanini, il y a Fellini, il y a Fausto Coppi, il y a Mastroianni. Et puis, tout là-haut, il y a Bonatti.

     

    Je pensais à lui samedi, sur les hauts de cette vallée qui m'est paternelle, là où les ultimes contreforts du Valais se mêlent à la Haute-Savoie, par une journée d'arrière-été d'une incroyable clarté. J'ignorais qu'il lui restait trois jours à vivre. En 1965, il disait : « Je quitte un alpinisme fatigué, désormais vidé de sa substance par la médiocrité, l'envie et l'incompréhension ». Il emporte avec lui le mystère d'une vie. L'exceptionnelle noblesse de son rapport à la montagne. Son altière solitude. Découpée, ciselée. Face à la verticalité du néant.

     

    Pascal Décaillet