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Liberté - Page 1261

  • Hommage

     

    Sur le vif - Mercredi 07.09.11 - 16.03h

     

    Micheline Calmy-Rey a été une bonne conseillère fédérale. On peut contester ses choix, mais au moins, des choix, elle en a faits ! Elle a été une ministre active, travailleuse, courageuse, aimant son pays, le servant au mieux de ses convictions. En une décennie, ou presque, d'activité au Conseil fédéral, on s'attire des ennemis, ce qui est la moindre des choses quand on fait de la politique. Micheline Calmy-Rey en aura eu beaucoup, surtout sur la fin, lorsque l'étau se resserrait : c'est la vie, le destin de tout ministre, le lot des choses humaines.

     

    Cette politicienne, surtout, a montré ce qu'on doit le plus attendre des politiques : du caractère. Une force de travail hors des normes, une connaissance précise et pointue des dossiers. Présidente à deux reprises, elle a su se montrer simple avec la population.

     

    Bien sûr, comme pour tous, il y aura un bilan. Un devoir d'inventaire, avec de grands succès, mais aussi des zones d'ombre, une photo avec le président iranien qui ne passe pas. Tout cela sera soupesé, décortiqué, l'avenir s'en occupera. Mais au final, se dessinera la stature, peut-être pas autant qu'un Tschudi, peut-être pas avec la même affection que pour un Ritschard, mais tout de même : une importante et respectable figure socialiste, dans l'Histoire suisse de l'après-guerre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Ça ventile, au NOMES

     

    Sur le vif - Mardi 06.09.11 - 17.03h

     

    Inénarrable NOMES ! Suite à la décision de la Banque nationale suisse, aujourd'hui, de fixer un taux plancher liant le franc à l'euro, le Nouveau mouvement européen suisse diffuse un communiqué intitulé : « Combien de temps la Suisse pourra-t-elle se permettre d'avoir sa propre monnaie ? ». Un texte signé, entre autres, par le sympathique enragé de l'adhésion de la Suisse à l'UE, François Cherix.

     

    Un texte qui ressemble à un autogoal. L'immense majorité des Susses sont attachés au franc. Ils le sont, aussi, à la souveraineté de leur pays, ce qui ne signifie ni fermeture, ni isolement. Simplement, continuer de prendre notre destin en mains. Sans la moindre haine pour nos voisins. Mais sans vouloir - en l'état - nous inscrire dans une construction supranationale dont l'éclatant succès n'apparaît pas, pour l'heure, dans toute son évidence.

     

    Dans ces conditions, oui, M. Cherix : les Suisses, plus que jamais, veulent garder leur monnaie. La population de ce pays n'aime pas le discours sur la soi-disant inéluctable perte de souveraineté. De gauche comme de droite, dans les villes comme dans les campagnes, la grande majorité du pays répondrait à votre question : « Mais, pour longtemps, M. Cherix, pour très longtemps. Nous n'avons nulle envie que notre monnaie connaisse le destin de la drachme. Ni celui de l'euro ».

     

    Pascal Décaillet

     

  • Claude Rich saisissant, dans le rôle de Léon Blum !

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    Mardi 06.09.11 - 12.04h

     

    Je suis tombé hier soir sur un téléfilm d'exception : Léon Blum, incarné avec génie - et je pèse mes mots - par Claude Rich. Cette fiction télévisée, signée Claude Goretta, date de quelques années, je ne l'avais jamais vue, ce fut un bonheur total.

     

    La figure de Blum (1872-1950) m'a toujours fasciné. La jeunesse littéraire, ses écrits au moment de l'Affaire Dreyfus, ses critiques de livres dans la Revue Blanche. Et puis, bien sûr, le politique. Le Front populaire, les Congé payés : il est l'homme grâce à qui, dès juillet 1936, des centaines de milliers de Français, pour la première fois de leur vie, verront la mer. Blum, surtout, est un immense patriote, totalement sali, dès juillet 1940, par Vichy, qui veut faire endosser au Front populaire la responsabilité matérielle et morale de la défaite. Ce qui est, on le sait aujourd'hui, totalement faux. Si je devais conseiller une seule biographie, ce serait, sans hésiter, celle de Jean Lacouture.

     

    Cet homme, la qualité de ce visage, ces petites lunettes rondes, cet art oratoire de la Troisième République, Claude Rich nous les restitue de façon saisissante. Ça n'est plus lui, c'est Blum, celui des actualités, de l'INA, celui des grands discours. Très grand acteur. A signaler, aussi, la remarquable interprétation de Dominique Labourier dans le rôle de Thérèse, la deuxième femme de Blum. Sur la même époque, Claude Goretta avait déjà réalisé « Le dernier été », la vie de Georges Mandel, ce proche de Clemenceau devenu ministre de l'Intérieur du dernier gouvernement de la Troisième République, et qui finira, comme on sait, assassiné par la Milice de Vichy, le 7 juillet 1944, en forêt de Fontainebleau. Décidément, cette période charnière, où tout s'effondre, inspire avec un rare bonheur le réalisateur suisse.

     

    En voyant Claude Rich, si incroyablement juste, possédé par son personnage, j'ai pensé à Michel Bouquet dans le rôle de Mitterrand. Et aussi, avec émotion, à François Simon incarnant Jean-Jacques Rousseau. Le téléfilm s'appelait « Les Chemins de l'exil ». Il date de 1978 (le 200ème anniversaire de la mort de Rousseau). Et il était déjà signé d'un certain... Claude Goretta !

     

    Pascal Décaillet