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Liberté - Page 1262

  • Etat palestinien

     

    Sur le vif - Lundi 05.09.11 - 08.36h

     

    Une grande voix féminine, ce matin sur la RSR : celle de Leila Shahid. J'ai souvent eu l'occasion d'interviewer cette grande dame de la cause palestinienne, elle m'a toujours impressionné par sa lucidité politique, son habileté, son intelligence. Ce matin, elle a tenu à préciser à Simon Matthey-Doret son statut de « Déléguée de Palestine », représentant un Etat, et non un corps constitué qui serait inachevé, intermédiaire, tout juste toléré. L'Etat palestinien, qui doit un jour advenir, est déjà, complètement, dans sa tête, et la rude fierté de cette posture n'est pas sans rappeler le Charles de Gaulle d'Alger, dans les années 1943-1944, lorsque tous étaient encore contre lui, à commencer par Roosevelt.

     

    Le discours de Leila Shahid, l'humanisme de ses positions, l'ampleur de sa vue générale concernant le Proche-Orient, son absence d'outrances face à Israël, la profondeur de son désir de paix, voilà les meilleurs atouts pour la cause palestinienne. Bien sûr qu'il faut un Etat palestinien, il le faut depuis tant d'années. À côté d'un Etat israélien dont l'existence doit être garantie sans arrière-pensées. Bien sûr que la Suisse, petit pays, mais respecté des deux bords (je l'ai constaté souvent en reportage au Proche-Orient), doit tout entreprendre pour favoriser une solution politique.

     

    Cette solution, sans rien retrancher à l'amitié entre la Suisse et Israël, ne peut, aujourd'hui, avoir d'autre visage que la reconnaissance sans ambiguïté, par Berne, d'un Etat souverain de Palestine. Ce pas, la Suisse l'avait franchi pour le Kosovo. On voit mal pourquoi un peuple qui lutte depuis bientôt 45 ans pour ses droits, n'aurait pas droit à la même reconnaissance. Il ne s'agit pas d'égards. Mais de justice.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Didier Bonny, homme debout

     

    Sur le vif - Samedi 03.09.11 - 17.01h

     

    Je connais Didier Bonny depuis plus de trente ans, pour avoir été son prof d'allemand, alors qu'il était un jeune homme sensible, ouvert et intelligent. Plus tard, c'est lui qui a été l'instituteur de ma fille aînée, qui en garde un remarquable souvenir. Ce chassé-croisé d'enseignements (la plus belle chose, la plus noble relation du monde, sur laquelle Péguy, dans « Notre Jeunesse », a écrit de bouleversantes vérités), crée bien sûr des liens, mais ça n'est pas pour cela que j'écris ce billet. Non. C'est, bien sûr, suite à sa décision, annoncée hier, de quitter le PDC, après 26 ans de loyaux services.

     

    Tout le monde sait qu'à propos des alliances à droite, je ne partage pas le point de vue de Didier Bonny. Quelques-uns, peut-être, savent que je viens d'une famille maternelle où le mot PDC, jugé trop moderniste, ne se prononçait même pas : on disait conservateurs, et les chrétiens-sociaux étaient considérés comme de singuliers petits hommes jaunes, d'autres planètes. Mais ces divergences, aujourd'hui, n'ont aucune importance, elles s'abolissent face à l'admiration que m'inspirent la cohérence de Didier Bonny, la droiture de son acte, l'honneur de sa posture.

     

    Car enfin, que se passe-t-il ? Un homme, sur un point qu'il juge capital, n'est pas d'accord avec l'évolution de son parti. Il rumine, réfléchit longtemps, avertit. Et puis, un beau jour, il tire les conséquences. Avec élégance, sans la moindre haine, sans le moindre mot blessant (je viens d'écouter son interview à Forum), il s'éclipse. Peu de politiques, très peu, pourraient en dire autant. Son acte, avec éclat, tranche par rapport à la triste horizontalité des survies, ceux chez qui tout est bon pour s'accrocher : la fausse amitié des cocktails, les réseaux de copinage, le tutoiement de l'ennemi.

     

    Alors voilà, moi qui suis en désaccord total avec la raison même du départ de Didier Bonny, je veux dire ici que la dignité de cet au-revoir m'impressionne.

     

    Chapeau, Didier. Un homme n'est grand que dans la solitude. Les cocktails, c'est pour les rampants.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Christophe et les hérétiques

     

    Sur le vif - Vendredi 02.09.11 - 19.22h

     

    L'apéro, à la Salle polyvalente de Conthey, ce mardi 23 août, avait-il été servi avant la partie officielle ? Toujours est-il que Christophe Darbellay, avec la fougue de celui qui lance sa campagne devant son camp, a clairement qualifié l'UDC de « secte de débiles ». Il a d'abord cherché à nier, mais mes confrères de Canal 9 lui ont balancé la bande-son, il a bien fallu qu'il admette. Intelligent, il doit bien se rendre compte, aujourd'hui, qu'il est allé trop loin.

     

    Au fait, juste une petite question. Supposez  que le président de l'UDC suisse, le Saint-Gallois Toni Brunner, oui l'UDC, parti gouvernemental comme le PDC, ait usé de cette formule à l'encontre du parti de M. Darbellay. Ou d'un autre. Vous imaginez le ramdam ? Les hurlements à la démission ? Les éditos sur le style politique dévoyé. Le chœur effarouché des vierges.

     

    Vous imaginez un peu tout ça... Juste une seconde... Hmmmm ?

     

    Pascal Décaillet