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Liberté - Page 1232

  • Bulletins de la Petite Armée

     

    Sur le vif - Jeudi 17.11.11 - 14.14h

     

    Juxtaposition sans hiérarchie d'objets n'ayant aucun rapport entre eux, le communiqué hebdomadaire du Conseil d'Etat genevois suinte la grisaille, le primat de l'administration, l'envie de se pendre. En vain, on irait y quérir le moindre embryon de vision politique, déclinée en priorités.

     

    La dernière performance date d'il y a quelques minutes. Au milieu d'un salmigondis de notices disparates, figurent les félicitations du gouvernement genevois à Raymond Loretan, nommé, par amitiés chrétiennes, président de la SSR. La nomination date du 22 septembre : on apprécie au passage la fulgurante célérité de notre septuor (octuor, en fait) dans l'art de la con-gratulation.

     

    On goûte aussi sa précision : le Conseil d'Etat fait mention de « la grande expérience (de M. Loretan) dans le domaine des médias, de la politique et de l'économie ». Pour la politique, rien à dire : l'homme fut diplomate, secrétaire général du PDC, conseiller personnel d'Arnold Koller, et même constituant. Pour l'économie, accordons-lui, par les effets théologaux de la Grâce, ce blanc-seing.

     

    Mais « grande expérience dans le domaine des médias » : désolé, mais nous séchons. Remarquez que, pour le poste que va occuper mon éminent compatriote, l'absence de toute connaissance de la réalité médiatique en Suisse figure plutôt au rang de qualité. L'actuel directeur général, centriste canal Euclide et croisé extatique de la cause du Bien, en donne, jour après jour, un exemple éclatant.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Santiago-sur-Arve

     

    Sur le vif - Mercredi 16.11.11 - 14.11h

     

    La manif des employés HUG, tout à l'heure, devant l'Hôtel-de-Ville, a réussi à faire déménager la Commission des finances du Grand Conseil ! Cette commission, qui se réunit aujourd'hui de 12h à 19h, a commencé ses travaux, non dans la prestigieuse Salle de l'Alabama, au rez-de-chaussée de l'Hôtel-de-Ville, mais au 5ème entresol du 2, Henry-Fazy, à quelques mètres de là. Les commissaires aux finances viennent seulement, il y a quelques minutes, de réintégrer l'Alabama, en passant par derrière, c'est à dire par la terrasse! Protégés par deux policiers portant une véritable tenue d'assaut. La vie parlementaire, décidément, est palpitante. Santiago-sur-Arve?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Salaire minimum : je vote oui

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 16.11.11

     

    Après mûre réflexion, je voterai, le 27 novembre à Genève, pour l'instauration d'un salaire minimum. J'ai pesé le pour, le contre, organisé des débats sur le sujet, écouté avec intérêt tous les avis : au final, il m'apparaît qu'il faut donner un signal fort contre les abus de certains employeurs, les salaires à vil prix, la sous-enchère (dumping), au fond le bradage du Contrat social, qui implique un minimum de respect entre les parties. Ce signal, j'en conviens, passe par une mesure un peu arbitraire (quel plancher ? 4000 francs ?), à la française, avec une kyrielle de défauts que le patronat ne se gêne pas de nous brandir. Eh bien, tout de même, osons le signal.

     

    L'idée d'un salaire minimum, en Suisse, fait son chemin. Dans plusieurs cantons (Neuchâtel et Genève votent le même jour), mais aussi au plan national, avec une initiative de l'Union syndicale suisse. La route promet d'être longue, ardue, tellement ce concept s'oppose à tout ce qui, depuis en tout cas la paix du travail de 1937, fonde nos rapports contractuels : discussions par secteurs, conventions collectives. Un système, il faut l'avouer, qui a bien fonctionné. Mais les temps ont tellement changé : l'entrée en vigueur des bilatérales, l'ouverture des frontières, la libre circulation des personnes, la très claire sous-enchère salariale en zone frontalière (criante, à Genève), tout cela doit nous amener à augmenter la protection sociale pour les plus défavorisés. A Genève, avec 3000 francs pour un plein temps, on ne peut tout simplement pas vivre.

     

    Je suis moi-même responsable, depuis plus de cinq ans, d'une petite entreprise : mon bureau indépendant de journalisme. Je sais ce que payer un salaire veut dire. Des locaux professionnels. Investir dans du matériel. Avoir peur, au fond. Alors qu'on est soi-même indépendant, justement démuni des garanties sociales qu'on accorde à son employé. Mais c'est le jeu, justement : on a choisi, soi-même, d'assumer le risque économique. Le salarié, en revanche, doit pourvoir bénéficier de la protection sociale. Payer correctement les gens avec qui on travaille, c'est cimenter un climat de confiance qui, finalement, augmentera les chances compétitives de l'entreprise. Le vrai libéralisme, qui est tout sauf celui du casino, n'est-ce pas quelque chose de cet ordre-là ?

     

    On me dira qu'un contrat existe dans la mesure où il est accepté par chacune des parties. Je veux bien, mais c'est une vision absolue. La liberté de fixer les salaires, la manœuvre de négociation, tout cela doit demeurer. Mais encadré par un Etat-arbitre. Qui ne joue pas à la place des joueurs, mais siffle les abus. Le génie du jeu, la volonté de vaincre, doivent rester du domaine des entreprises. Mais ces dernières évoluent dans un champ plus large, celui d'une société. Où il convient que chacun ait sa place. Avec un minimum de décence pour pouvoir vivre.

     

    Pascal Décaillet