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Liberté - Page 1233

  • Le Président qui aimait Saint Hubert

     

    Sur le vif - Vendredi 30.12.11 - 16.50h

     

    D'une très belle plume, alerte comme brise du large, salée comme pré de Vendée, le Président du Grand Conseil genevois vole au secours de deux conseillères d'Etat, « Isabel » et Michèle » (je cite son blog), malmenées selon lui par de méchants chasseurs. Il leur conseille, dans une conclusion churchillienne, de « tenir bon ». Laissons la sueur, aux Gueux de la Marge. Ne rêvons que du sang et des larmes. Le sel, encore le sel. Trop beau.

     

    S'exprime-t-il comme premier personnage de notre ordre législatif ? Si oui, est-ce bien son rôle de prodiguer des conseils à l'exécutif ? Le régime de séparation ne lui impose-t-il pas, face aux membres du gouvernement, la seule posture de l'indifférence ? Ou alors, comme député, ne devrait-il pas, justement, prêter une oreille attentive aux critiques sur des ministres que sa Chambre a charge de contrôler ? Via, par exemple, la Commission de gestion. Mais bon, ne pinaillons pas. Laissons Montesquieu. L'essentiel n'est pas là.

     

    Alors, il est où ? Dans le singulier soupçon que laisse planer  Monsieur le Président du Grand Conseil : les venimeux disciples de Saint Hubert sonneraient le cor en persécution de ces deux femmes, parce qu'elles seraient femmes. Chasseurs, et en plus machistes. Rustauds des sous-bois. Ongles noirs. Haleines de vagabonds. Ils seraient à la Cynégétique ce que le charognard est à l'art de la dégustation. Ah, les salauds, pour paraphraser le grand Bruant, un gars de la Marge.

     

    La position présidentielle pose problème. Je ne connais pas le cas de « Michèle », hormis un certain désordre orangé, dans les transports, qu'on espère passager. Je ne me suis quasiment jamais exprimé sur cette ministre. Il est vrai, en revanche, que j'exerce, avec une vivacité que j'admets et que j'assume, un certain esprit critique sur « Isabel » (je cite le blog présidentiel), Madame Rochat, ministre genevoise de la Police. Notre Fouché. Dans ces critiques, jamais, je dis bien jamais, je n'ai mis en avant sa condition de femme. Le sexe des ministres ne m'intéresse pas.

     

    Mais leur équation républicaine, oui. Madame Rochat, au demeurant la plus aimable des personnes, a-t-elle imposé son autorité à l'administration ? Aux corps constitués ? A la police ? A l'opinion publique ? Je n'en suis, hélas, pas sûr. Dans mes éditos, je le dis. Et quelques confrères, avec moi. Il n y a là nulle chasse à courre. Nulle marche de Saint Hubert. Nul hallali. Juste, l'expression démocratique d'une opinion. Si la presse a un rôle, c'est celui-là. Ensuite, on aime ou non, je comprends très bien qu'on déteste, la presse qui cherche à se faire aimer, ou à tutoyer dans des cocktails, est déjà morte, avant que d'être.

     

    Ces choses-là, le Président du Grand Conseil, homme de culture et de tolérance, devrait, me semble-t-il, y être sensible. Dans son texte, dont je souligne encore une fois la qualité, il invoque la liberté de la presse. Nul besoin d'article constitutionnel pour la garantir. Non. Juste l'exercer, jour après jour. Elle ne s'use, c'est bien connu, que lorsqu'on ne s'en sert pas.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Oui à un minimum de protectionnisme

     

    Sur le vif - Vendredi 30.12.11 - 10.52h

     

    « Préférer des chômeurs genevois, est-ce légal ? », demande, dans la Tribune de Genève, mon excellent confrère Olivier Francey. Si c'est légal, nous le verrons bien. Ce qui est sûr, c'est que c'est une excellente décision du Conseil d'Etat, l'une des meilleures prises cette année. Nous l'avions d'ailleurs saluée comme telle, ici même, quelques minutes après son annonce.

     

    Peu importe, au fond, la querelle en paternité. De toute façon, le jour venu, l'électeur sait toujours préférer l'original à la copie. Peu importe la querelle en dénomination : « préférence cantonale, préférence aux chômeurs ». Peu importe, même, le peu d'effet que l'application de cette directive risque d'avoir sur les chiffres du chômage : il ne faut, évidemment, pas trop se faire d'illusions.

     

    Peu importe tout cela. Ce qui compte, c'est le signal donné par le Conseil d'Etat. La reconnaissance, enfin, d'une certaine nécessité protectionniste en matière d'emploi. Il ne s'agit ni de fermer les frontières, ni de stigmatiser nos amis français, encore moins de s'interdire de recourir à leurs services. Il s'agit juste d'admettre qu'une politique, et notamment en matière sociale, doit s'appliquer en priorité dans un périmètre donné, qui est celui d'une citoyenneté.

     

    Si cela contrarie le dogme, exercé dans l'absolu, de la libre circulation, eh bien c'est peut-être sur ce dogme qu'il faudra un jour revenir. Mais cela se fera au niveau national. En attendant, le gouvernement genevois a donné un signal. Il était temps. Il s'agit, pour l'heure, de lui en être reconnaissant.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'abdication orangée du destin

     

    Sur le vif - Vendredi 30.12.11 - 10.16h

     

    Stupidissime billet du Matin, en page 2, à propos de François Bayrou: "Sa schizophrénie ne s'arrange pas". L'insupportable légèreté de ce journal non plus, qui se range toujours derrière les puissants, les pouvoirs déjà en place, ne laisse jamais nulle place aux Marges. Le journal du pouvoir, des possédants. Le journal qui s'incline devant le fait accompli. L'abdication orangée du destin.

     

    Pascal Décaillet