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Liberté - Page 123

  • La possibilité d'une ombre sur l'insouciance de la vie

     
    Sur le vif - Mardi 21.11.23 - 15.11h
     
     
     
    L'assassinat de JFK, à Dallas. 22 novembre 1963. Demain, cela fera exactement 60 ans.
     
    Je me souviens exactement où j'étais lorsque ma mère, très émue, nous a annoncé la nouvelle. J'avais cinq ans et cinq mois. Nous venions d'emménager dans un appartement flambant neuf, beaucoup plus grand que le précédent. Ca sentait bon la colle de tapisserie. A ce moment précis, j'étais dans la cuisine, nous y avions un transistor beige, qui a accompagné toute mon enfance. Juste à côté, dans la salle à manger, nous avions une très vieil appareil TSF d'avant-guerre, avec les noms des stations : Moscou, Beromünster, Prague, Belgrade.
     
    Ma mère était bouleversée. Je ne savais pas qui était Kennedy. Je ne connaissais pas le verbe "assassiner". Le seul homme d'Etat qui me fût familier, c'était de Gaulle : déjà dans notre ancien appartement, celui d'avant, plein de charme mais trop petit pour quatre, j'avais assisté plusieurs fois, fasciné, à ses interventions télévisées, théâtrales, en noir et blanc. Le noir, très noir, augmentait le tragique.
     
    Ce 22 novembre 1963, ou plutôt sans doute le 23, j'ai appris le verbe "assassiner". Mes parents nous avaient déjà laissés seuls, ou avec une jeune fille, ma soeur aînée et moi, pour aller à des enterrements à Orsières, donc la mort, ça devait plus ou moins me dire quelque chose. Je n'avais connu aucun de mes quatre grands-parents, tous trop tôt disparus, à commencer par mon grand-père maternel, Maurice Rausis, décédé en 1925, à l'âge de 33 ans. Mais en une seconde, ce jour de novembre 1963, lorsque ma mère m'a expliqué qui était Kennedy, et ce que signifiait le verbe "assassiner", j'ai senti, puissamment, la possibilité d'une ombre sur les bonheurs et les insouciances de la vie.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Où est passée la politique arabe de la Suisse ?

     
    Sur le vif - Lundi 20.11.23 - 16.27h
     
     
    Il fut un temps, dans ma jeunesse, où la Suisse avait une politique arabe. Je pense notamment aux années où le Neuchâtelois Pierre Aubert était aux Affaires étrangères, avec comme Secrétaire d'Etat le brillant Édouard Brunner, que j'ai eu maintes fois l'occasion d'interviewer. Mais déjà sous Max Petitpierre, entre 1945 et 1960, la Suisse avait sens aigu, avisé, des bons offices, alors que sévissaient les guerres coloniales. Celle d'Algérie, notamment.
     
    Cette époque-là, avec Ignazio Cassis, est révolue. La Suisse est amie d'Israël, je m'en félicite. Mais combien de liens, officiels ou informels, avec le monde arabe se sont distendus depuis des années ! Lorsque j'étais à Ramallah, il y a dix-neuf ans, en novembre 2004, pour couvrir en direct, au milieu d'une foule immense, les funérailles de Yasser Arafat, présentant un Forum spécial à vif sur l'événement, la présence suisse dans les Territoires était sensible, palpable. Nous étions bien accueillis, par tous les partenaires : Israéliens, Palestiniens de toutes tendances. Aujourd'hui, que reste-t-il de ces liens ?
     
    On dirait que M. Cassis ne s'intéresse pas au monde arabe, dans son infinie complexité. Il pourrait, tout au moins, encourager chez ses diplomates les voies de la connaissance. Ca passe par les langues orientales, par une immersion dans l'Histoire et dans la culture de tous ces peuples. Idem pour l'Islam. Quand je vois certains esprits prétendument "éclairés", chez nous, mettre dans le même panier, à la Zemmour, Islam et islamisme politique, voire guerrier, je mesure le chemin à parcourir.
     
    M. Cassis, vous laissez s'évanouir les voies de la connaissance. Votre obédience au camp "occidental" (pour ma part, je n'utilise jamais ce mot), à l'atlantisme, aux Etats-Unis d'Amérique, toutes ces génuflexions devant les puissants ne sont pas à la hauteur de la politique étrangère suisse. Celle-ci doit être neutre, c'est sûr. Mais la neutralité n'est pas l'ignorance. Au contraire, elle doit se nourrir de toutes les langues du monde, toutes les civilisations, sans en mépriser aucune.
     
    M. Cassis, je n'ai strictement rien contre vous. Mais vous serviriez peut-être mieux la Suisse dans un autre Département.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'arrogance SSR, ça suffit !

     
    Sur le vif - Lundi 20.11.23 - 12.32h
     
     
    "Une redevance à 300 francs, ça ne suffit pas", a le culot de nous dire la SSR. Et bien sûr, le 12.30h RSR ouvre immédiatement son édition d'aujourd'hui avec cette info de pure propagande interne. Sans lui opposer le moindre contre-avis.
     
    Suffire à quoi ? En vertu de quel mandat ? Quelles missions ? Quels objectifs d'entreprise ?
     
    L'initiative demande une redevance à 200 francs, contre les 335 actuels. Le Conseil fédéral propose 300, effleurant superficiellement la poire sans même la couper. Et même cette ridicule concession d'un gouvernement sans vision, la SSR la refuse ! Dans l'ordre de l'arrogance, elle se surpasse.
     
    La vérité, c'est qu'il faut d'abord voter l'initiative : redevance à 200 francs. Et, dans une seconde phase, lancer la bataille pour une suppression générale, sur le territoire suisse, de toute aide à la presse. Pas un seul centime d'argent public : en aucun cas, les contribuables n'ont, en plus de leurs impôts déjà délirants, à débourser pour des médias.
     
    Quant à la redevance, il faut, à terme, en supprimer le principe même, comme je le préconisais dans un texte récent. La consommation de médias doit s'opérer en vertu du principe de l'offre et la demande. Dieu sait si je ne suis pas libéral, et si je défends l'Etat. Mais, en matière de médias, l'Etat n'a strictement rien à faire : ça n'est tout simplement pas son domaine d'action. Toute intrusion de sa part est intéressée, paternaliste, malsaine.
     
    La SSR pourra parfaitement continuer d'exister. En proposant, par exemple, un abonnement annuel au prix de l'actuelle redevance, ou au prix qu'elle choisira, pour l'ensemble de ses programmes. Ou des paiements fragmentés, par tranches. Enfin, elle fera comme elle voudra. Comme toute entreprise au monde, qui produit des prestations, annonce un prix. Et les gens accepteront de payer ce prix. Ou non.
     
     
    Pascal Décaillet