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Liberté - Page 1155

  • Merci , M. PFU !

     

    Sur le vif - Mercredi 05.12.12 - 15.28h

     

    Pierre-François Unger a été, comme la première fois, un bon président du Conseil d'Etat. Dans l'acception actuelle de la fonction, celle d'un primus inter pares, rassurant et sympathique, ne perdant pas le gouvernail lorsque se lève le vent, ayant l’œil sur l'ensemble, assez habile et matois pour prévenir les crises majeures, le ministre de la Santé et de l'Economie a assumé son statut présidentiel avec intelligence et savoir-faire.


    Il a, surtout, occupé sa fonction avec sourire, charme et humour, ce qui déconnecte bien des éclats. Une décontraction qui contraste tellement avec le président 2010, si coincé, si roide, si arrogant. Oui, un style PFU que nous risquons - sans préjuger du style présidentiel de M. Beer - de regretter assez vite. En tout cas, pendant la législature 2013-2018.


    Parce que cinq ans, si c'est pour avoir un Broulis ou un Maillard, je dis oui. Si c'est pour un glaçon, je dis non. Et la faute à Voltaire, et la faute à Rousseau, et tralali et tralalère, et vogue la galère.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     
  • 6 décembre 1992: la Raison contre le Sentiment


    Edito paru ce matin dans le Giornale del Popolo - Lundi 03.12.12
     
     
    « Dimanche noir ». J’entends encore, comme si c’était hier, les mots terribles, les mots glaçants de Jean-Pascal Delamuraz, en fin d’après-midi, ce dimanche 6 décembre 1992. J’étais correspondant parlementaire à Berne, j’avais couvert, avec mes collègues de la RSR, la plus formidable campagne de la Suisse de l’après-guerre. Je ne suis pas sûr d’en revivre une de cette dimension : nous avions l’impression, sans doute exagérément d’ailleurs, que la Suisse avait rendez-vous avec son destin.


     
    Au printemps, j’avais accompagné Jean-Pascal Delamuraz à Porto, pour la signature de l’EEE. Il y avait Jacques Delors, Genscher, Roland Dumas, il faisait beau, nous avions l’impression que tout allait aller tout seul, que la ratification populaire, six mois plus tard, ne serait qu’une formalité. Terrible erreur ! Occupés à regarder le vaste monde, nous avions simplement oublié le fantôme du Commandeur : la Suisse, la Vieille Suisse, le pays profond. Le 6 décembre, à 15.22h, il s’est poliment rappelé à notre bon souvenir. Pendant les deux derniers mois de campagne, septembre et octobre, j’avais suivi Delamuraz un peu partout, mais aussi Blocher, et je me suis bien rendu compte, à mesure qu’approchait l’échéance, que ça allait être beaucoup plus difficile que prévu. Et pour la majorité du peuple, et pour celle des cantons. Les derniers jours, à partir du 1er décembre, nous ne nous faisions déjà presque plus d’illusions.


     
    Quelque chose, dans la deuxième partie de l’automne, avait tourné. La puissance de la Raison (Vernunft), incarnée par la rhétorique exceptionnelle d’un Delamuraz, avait trouvé face à elle l’intensité du sentiment (Gefühl), génialement servie par Blocher. L’un nous parlait de l’extérieur, de l’Europe, de la grandeur du continent, du métissage, de l’échange. L’autre, simplement, nous parlait de nous. De l’intimité de notre appartenance au pays. Il le faisait dans la langue des gens, avec la force de l’image, la drôlerie des intonations, les mots de la fureur, de la colère. La Suisse romande, dans sa majorité, méprisait cela, parlait de populisme, n’éprouvait que mépris pour ces paysans reculés. Le 6 décembre, 15.22h, le verdict est tombé. Je le sais : c’est moi, à la RSR, qui ai fait à chaud le premier commentaire. J’étais – sans doute sous l’influence de Delamuraz – fervent partisan de l’Accord. Pour moi, comme pour la plupart de mes collègues romands, ce fut comme une douche glacée.


     
    Et ce jour-là, pas question d’invoquer la « solidarité latine ». Avec ses 61,5% de non, le Tessin votait comme la majorité du pays. Il n’y avait, aux côtés des cantons romands, que les deux Bâle. Mais aussi, phénomène très intéressant, pas mal de villes alémaniques. La césure n’était pas seulement celle de la Sarine. Elle répondait à une autre lecture, plus subtile, de nos différences internes. Des thèses de doctorat, sur le sujet, se sont multipliées.


     
    Vingt ans après, quid ? Jean-Pascal Delamuraz, que je continue, malgré cet échec, de tenir pour l’homme d’Etat le plus important que j’aie côtoyé, nous a quittés en 1998, beaucoup trop jeune. Christoph Blocher a conquis le pouvoir, réalisé la plus grande progression de l’après-guerre. Aujourd’hui, il est moins en avant, mais n’est pas mort ! La Suisse s’est engagée dans les bilatérales, et elle a eu raison. A plusieurs reprises, le peuple a légitimé cette méthode, moins spectaculaire, plus pragmatique, plus suisse. On le sait aujourd’hui, l’idée européenne en Suisse (et d’ailleurs en Europe !) s’est effondrée. L’Union s’est agrandie trop vite, le déficit démocratique de l’institution est flagrant. Les Suisses ne veulent pas entendre parler d’adhésion. Et sans doute seraient-ils aussi très sceptiques s’ils devaient voter sur l’idée, avancée par Christophe Darbellay, d’un EEE bis.


     
    La suite, nul d’entre nous ne peut vraiment l’imaginer. L’ouverture à l’Europe peut disparaître, comme elle peut renaître. Demeure, pour moi, le souvenir d’une campagne inoubliable. Delamuraz contre Blocher ! La Raison contre le Sentiment. J’ai plus appris, pendant ces quelques mois de 1992, que pendant les années qui avaient précédé. Cette campagne aura été, pour toujours, fondatrice de ma passion pour la savoureuse complexité de la politique suisse.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Taxer, taxer, et toujours taxer !

     

    Sur le vif - Dimanche 02.12.12 - 14.58h

     

    "Nous devons étudier des pistes de recettes nouvelles."

     

    Charles Beer - Le Matin dimanche

     

    Non, non et non, M. Beer. Les recettes nouvelles des socialistes, les vôtres, celles, aquatiques, de M. Deneys ou celles de Mme Emery-Torracinta (qui proposait d'étatiser le sol dans la campagne du 17 juin), les Genevois n'en veulent pas. Cessez de ne voir les solutions qu'à travers de nouvelles taxes et de nouveaux impôts.

     

    Avant de parler de "recettes nouvelles", il faut aller jusqu'au bout de l'exercice des économies dans le train de vie de l'Etat. Notamment dans les états-majors. Mme Künzler a-t-elle vraiment seize chargés de communication? Vos directeurs, au primaire, ne pourraient-ils pas enseigner un peu?

     

    Une pensée, M. Beer, pour tous ceux dont le salaire ne tombe pas à la fin du mois. Les petits entrepreneurs, par exemple, qui n'ont pas de salaire, mais éventuellement un bénéfice net, une fois payées leurs charges écrasantes. AVS, pleins tubes. 2ème pilier, pleins tubes, pour ceux qui arrivent à en contracter un. Pour les indépendants, pas de possibilité de cotiser au chômage. Frais de locaux, investissements en matériel, taxe professionnelle, assurances pour les employés. Aucune garantie d'emploi, d'ailleurs pas d'emploi, juste des mandats, qui peuvent s'interrompre à tout moment.

     

    Ces gens-là, tous secteurs confondus, ont choisi d'attaquer le monde du travail en hommes et femmes libres, debout. Ils ont choisi de courir le risque économique. Certains d'entre eux ont tout simplement peur de tomber malades. Ces gens-là, et aussi les salariés du privé, ils se pourrait qu'ils trouvent un peu fort de café  l'idée que la fonction publique, aussi nobles soient ses revendications, puisse descendre dans la rue. Par dessus la tête, aussi, l'idée de nouvelles taxes. Ah, les socialistes, on vous dit bonjour, vous nous proposez déjà une taxe en nous serrant la main! Taxer, taxer, et toujours taxer!

     

    Non, M. Beer, l'heure n'est pas aux nouvelles recettes. Regardez bien du côté de votre Département. Encore un petit effort, s'il vous plaît, Monsieur le Ministre des vastes états-majors. Vous verrez, c'est parfaitement possible. Il y a même encore pas mal de marge de manoeuvre.

     

     

    Pascal Décaillet