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Sur le vif - Page 960

  • Un haut fonctionnaire qui sort de son rôle

     

    Sur le vif - Mercredi 04.01.12 - 11.22h

     

    Hallucinantes, les réactions de susceptibilité genevoises aux propos de Christian Levrat, le patron du parti socialiste suisse, sur la nécessité de renforcer les mesures d'accompagnement pour limiter les effets dévastateurs des bilatérales sur l'emploi des Suisses. Notamment, dixit Levrat, en région frontalière. On pense à Bâle, l'Arc jurassien. Mais tout le monde a très bien entendu que Levrat faisait allusion, avant tout, au Tessin et à Genève.

     

    Deux cantons où ces questions sont thématisées, depuis des années, par des partis de la Marge (Lega, MCG). Et où il y a donc un électorat immense à reconquérir. Levrat l'a compris. Le parti socialiste genevois, dont a pu croire un moment, ces dernières semaines, qu'il s'était ressaisi, n'y a, lui, rien compris. À lire MM Longet et Sommaruga, dans la Tribune de Genève, on retrouve l'archaïque discours socialo-conservateur : surtout ne rien changer.

     

    Mais la réaction la plus ébouriffante vient d'un haut fonctionnaire genevois. Toujours le même. Le grand spécialiste dans l'art de sortir de son rôle, et tenir le type de discours qui ne peut appartenir qu'au politique. Le discours du magistrat élu, qu'on imagine en villégiature. Cet homme, au demeurant brillant, c'est le secrétaire général adjoint du DSE (Département de la Solidarité et de l'Emploi). Interrogé par Olivier Francey, il sort allégrement de sa réserve, dans la TG de ce matin, en qualifiant « d'aberration économique » l'une des idées avancées par Christian Levrat. Il ne se contente pas, comme le voudrait son rôle, de nous énumérer en quoi Genève fait bien son boulot, mais il s'immisce, une nouvelle fois, dans des jugements de politique générale, du ressort du politique.

     

    Le ministre en villégiature a bien de la chance d'avoir un tel bras droit. Plus besoin d'inventer le discours politique, il surgit tout seul. Le même fonctionnaire avait, il y a juste un an, qualifié d'acte de flibuste la grève de l'aéroport. L'impression, année après année, se conforte donc, d'un Département dirigé non par un élu, mais bel et bien par un tandem.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ministre, ou porte-parole du patronat ?

     

    Sur le vif - Mardi 03.01.12 - 18.43h

     

    J'ai toujours éprouvé une certaine admiration pour le conseiller d'État vaudois Philippe Leuba. Mais là, je suis franchement déçu par son intervention, à l'instant, à la RSR. Thème: les récents propos de Christian Levrat sur les régions frontalières. Je m'imaginais que M. Leuba, ce grand serviteur de l'État, aurait un autre discours, plus républicain, que la seule "mise au service des employeurs des forces nécessaires". J'ai eu le sentiment d'entendre un porte-parole du patronat. Le propos n'était pas assez ministériel.

     

    Pascal Décaillet

  • Christian Levrat et la mathématique d'ombre des bilatérales

     

    Sur le vif - Mardi 03.01.12 - 00.40h

     

    Christian Levrat. Président du deuxième parti de Suisse, derrière l'UDC. Patron du PS. Il vient d'affirmer que les mesures d'accompagnement pour la libre circulation des personnes étaient insuffisantes dans les régions frontalières, comme Genève, le Tessin, l'Arc jurassien, et Bâle. Le Fribourgeois reconnaît enfin ce qui n'aura été jusqu'ici que l'infatigable combat local de certaines Marges. La parade des Gueux face à l'establishment. Lequel, aujourd'hui encore, alors qu'il se rallie enfin à leurs thèses, leur en nie, avec une glaciale arrogance, toute paternité.

     

    La Suisse, au plus haut niveau, commence à comprendre que l'application dogmatique de la libre circulation, entre un petit pays de sept millions d'habitants et un univers environnant qui en compte plusieurs centaines, ne peut guère laisser la moindre chance au premier, contre l'empire et l'emprise du second. Ce qui se meurt doucement, ce ne sont pas les Accords bilatéraux entre la Suisse et l'UE. Mais l'idée qu'il faille les appliquer de façon cérébrale, cristalline, sans clauses de sauvegarde, au nom d'un internationalisme éthéré, coupé de la solidarité nationale. Mathématique d'ombre. Version libérale du Grand Soir, au nom d'aveuglantes Lumières. Oui, 2012 sera l'année du retour à une certaine forme de protectionnisme. Il n'y a nul lieu de s'en plaindre. Bien au contraire.

     

    Il ne s'agit en aucun cas de fermer nos frontières. Ni d'abandonner les échanges. Mais de tenir compte des immenses frustrations, sur place, d'une partie de la population qui se sent comme abandonnée par ces Accords, trahie par ses élites, exilée en son propre pays. Au nom d'une mécanique internationaliste à laquelle elle n'entend rien. Et dont elle n'a rien à faire. C'est aussi simple que cela. De gauche comme de droite, les plus avertis de nos politiques commencent à en prendre la mesure. Le mouvement, dans l'année 2012, pendra de l'ampleur. Bonjour les conversions. Sur le chemin ce Damas, il y aura du beau linge. Avec costumes et cravates, avec leurs Lions et leurs Rotarys, vous allez les voir se retourner, dans les mois qui viennent. Pour demander l'assouplissement d'un dogme dont ils étaient, hier encore, les grands prêtres.

     

    Le diapason tendu par Levrat ira-t-il tinter jusqu'aux oreilles du Conseil fédéral? Incitera-t-il certains ministres de cantons frontaliers à un peu moins d'arrogance et un peu plus d'écoute de la population ? Une chose est sûre : le ton est donné. Le retour à certaines préférences locales n'est plus tabou. Le thème est à l'ordre du jour. Au calendrier politique de l'année 2012.

     

    Pascal Décaillet