Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 838

  • La démocratie, notre bien le plus précieux

     

    Bilan de campagne - Samedi 05.10.13 - 12.46h

     

    La campagne s'achève, et je suis épuisé. Je ne suis pourtant pas candidat! Mais je l'ai vécue, cette campagne, au même rythme que celui des candidats, ce que je fais toujours depuis des décennies. Il y a, surtout dans les campagnes d'automne, une forme d'ivresse dionysiaque, quelque chose qui s'emballe, ce jeu de clartés et d'incertitudes, qui vous monte à la tête. Parce que l'observateur, le commentateur, l'éditorialiste ne doit pas se contenter de comprendre la campagne, il doit la vivre, la sentir, de l'intérieur. L'instinct y occupe une place majeure.



    Épuisé, oui, et d'ailleurs pour le marathon de demain, à Uni Mail, j'ai peur. Non des résultats, mais des risques de ma propre fatigue. Je l'ai toujours, cette peur-là, malgré 25 ans d'audiovisuel, mais cette fois elle me tenaille un peu plus que d'habitude. Une peur simplement physique.


    La campagne qui se termine fut (jusqu'à l'heure où j'écris ces lignes) correcte et apaisée. Je n'y ai pas décelé les coups bas d'il y a quatre ans. J'ai, pour ma part, donné la parole à tous les partis. Je n'ai établi strictement aucune discrimination entre partis représentés dans le gouvernement sortant, dans le Parlement sortant, ou nouveaux. Je considère que lors d'une élection, il convient de remettre les compteurs à l'heure, tous à égalité.


    J'enrage lorsque j'entends, comme juste maintenant au 12.30h RSR, que la campagne fut molle et sans thèmes principaux. C'est simplement faux. Ces thèmes, plutôt que se laisser aller sur l'éternelle sécurité, il faut peut-être un peu aller les  chercher: ne me dites pas que la formation, l'apprentissage, les jeunes en rupture, la redéfinition du travail salarié (proposition Seydoux) pour ces jeunes, l'encouragement aux PME ne sont pas des thèmes qui intéressent les candidats et la population. Il suffit de les engager, ces thèmes.



    Je n'ai donné et ne donnerai strictement aucun pronostic, pour la simple raison que je n'ai aucune idée du message que nous délivrera le peuple demain. J'ai reçu une centaine de candidats, organisé une trentaine de débats, j'ai écouté ce qu'ils avaient à nous dire, fait de belles découvertes, de Sébastien Kaech (PDC) à Cristina Le Jeune Giacobbi (MCG), en passant par Sébastien Desfayes (PDC), Magali Orsini (EàG), Caroline Marti (PS), Liza Mazzone (Verts), Varérie Cuenca-Berger (UDC), la quasi-totalité des candidats Verts libéraux (très belle brochette nouvelle tonalité de campagne, compétente et respectueuse). Et puis, plein d'autres, qui ne m'en voudront pas de ne pas les citer. Hommage aux petits partis, Verts libéraux justement, mais aussi Pirates et PBD. Hommage à Pierre Jenni, candidat solitaire et compétent. On est loin, très loin, de la pavane un peu gratuite du Prophète: ce chauffeur de taxi et patron d'entreprise a une vraie vision politique, notamment dans le secteur de la mobilité.

     

    J'ai composé, comme toujours, mes deux listes à la main, avec des gens de (presque) tous les partis. J'ai voté Grobet, comme je le fais depuis 1981. J'ai bien sûr ouvert ma liste du Grand Conseil avec celui que je considère comme le grand espoir de la politique genevoise, le PLR Cyril Aellen, un homme qui sait ce que signifient courage et solitude. L'un des seuls politiques à m'inspirer une confiance immédiate, sans partage. A quoi s'ajoute - mais cela vient après - une communauté de vision sur l'avenir des droites à Genève ou en Suisse.



    Je remercie tous les candidats, oui les 476 du Grand Conseil et les 29 du Conseil d'Etat, d'avoir tenté l'aventure. Demain, il y aura des joies et des pleurs, mais la démocratie aura fonctionné . C'est elle, notre bien le plus précieux.

     

    Pascal Décaillet

  • Christian Grobet, combattant d'exception

     

    Sur le vif - Jeudi 03.10.13 - 10.17h

     

    C'est toujours avec respect, admiration et émotion que je reçois Christian Grobet sur mes différents plateaux. J'ai commencé ma vie journalistique avec lui, et il est toujours là, dans une forme physique remarquable pour un homme de 72 ans. Et je crois que toujours il demeurera, tant l'habite le démon politique, entendez ce mot, "démon", au sens de la Grèce ancienne, source de vie et d'invention.


    La première fois que j'ai interviewé Christian Grobet, c'était en 1978, pour le Journal de Genève, qui m'avait envoyé couvrir un débat politique aux Pâquis. J'avais tout de suite été saisi par l'intensité de présence de ce député socialiste, qui deviendrait trois ans plus tard conseiller d'Etat. Sa manière d'occuper le discours, précise et concrète, tendue vers l'objectif, à mille lieues de la langue de bois, m'avait déjà frappé.



    Il fut, je l'affirme ici avec certitude, un grand conseiller d'Etat. Habité par le souci du bien public. Inflexible, incorruptible, immensément travailleur. On peut contester ses options, c'est un autre débat, mais il avait la hauteur du magistrat. Il a été un homme d'Etat.


    Retraité de l'exécutif depuis vingt ans, il aurait pu couler une douce vie, dans l'une ou l'autre fondation. Il a préféré repartir au combat. Au National, à la députation, à la Constituante. Là où il y a une lutte à mener, le vieux combattant s'annonce présent. Eh bien moi je dis que cette opiniâtreté force l'admiration. Il n'est pas un homme de cocktails. Il n'est pas un homme de réseaux. Il est aimé ou détesté, mais il vit, et il se bat. Alors, voyez-vous, moi qui ai composé à la main ma liste des Cent et ma liste des Sept, et qui n'ai rien dévoilé de nominatif, je vais faire ce matin une exception, une seule: sur la bleue comme sur la jaune, j'ai voté Christian Grobet.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Elections à Genève : le culot hallucinant du Matin

     

    Sur le vif - Lundi 30.09.13 - 09.09h

     

    Gros coup de colère, ce matin, en lisant dans un quotidien orangé dont la politique et la citoyenneté sont bien la dernière préoccupation, que Genève viendrait de vivre une campagne sans débats. Parce que, selon le politologue Pascal Sciarini, "les médias ont été fortement occupés par le drame de la mort d'Adeline".

     

    Tout dépend, M. Sciarini, quels médias on veut bien prendre la peine de consulter. Je n'ai, pour ma part, ni dit un seul mot ni écrit une seule ligne pendant les cinq jours émotionnels du drame. Pas un mot d'appel à la vengeance, pas un mot dans ce débat qui s'amorçait sur la peine de mort. Pendant que tous - à commencer justement par le Matin - s'y engouffraient, nous avons multiplié, sur Léman Bleu, les débats thématiques avec les candidats au Conseil d'Etat et des panels de candidats au Grand Conseil. Nous avons présenté aux citoyens électeurs des dizaines de nouveaux visages, et continuerons de le faire jusqu'à jeudi soir. Nous avons découvert en eux des parcours de vie, des approches citoyennes, des visions du monde: ce sont eux, tous partis confondus, qui feront la Genève de demain.

     

    Pendant ce temps, dans le même Matin, des torrents d'émotionnel sur l'affaire, dévorant toutes les paginations, et pas un mot sur la politique. Pas un mot sur les grands clivages d'un canton en campagne: mobilité, logement, finances, dette, chômage, formation, emploi des jeunes. Sur ce dernier thème, et notamment celui des jeunes en rupture, nous avons même mené quatre débats ! Et le même Matin a le culot hallucinant de venir nous dire qu'il n'y a pas eu campagne à cause du drame d'Adeline ! Mais Chers Confrères, assumez au moins vos choix, votre politique rédactionnelle, et ne venez pas parler de ce que vous ne connaissez pas: l'animation du débat citoyen. Avant de décréter qu'il y a eu campagne ou non, encore conviendrait-il d'écouter les candidats, tous bords confondus, leur donner la parole, les présenter au public, analyser leurs préoccupations.

     

    Bien sûr qu'à Genève, il y a eu campagne. Bien sûr que, sur de nombreux sujets, la dialectique politique s'opère avec vivacité: circulation en ville, traversée du lac, traversée de la rade, emplois de solidarité, préférence cantonale, emploi local, encouragement aux PME, fiscalité, formation, valorisation de l'apprentissage, sécurité, polices de proximité, aide aux personnes âgées, etc. Simplement, ces sujets, il faut les ouvrir. En étudiant les dossiers et en laissant parler les candidats. Ce travail, le Matin ne l'a tout simplement pas fait. C'est son droit, chaque journal est libre de ses options. Mais venir dire, ou faire dire, qu'il n'y a pas eu campagne, il y a là un cynisme - ou une inconscience citoyenne - qui dépassent toutes les bornes.

     

    Pascal Décaillet