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Sur le vif - Page 684

  • L'agenda de M. Plenel

     

    Sur le vif - Samedi 11.03.17 - 11.27h

     

    La France va mal. Jamais les Français n'ont eu autant besoin qu'on leur parle de leurs vrais problèmes : qualité de vie, santé publique, sécurité sociale, emploi, immigration, pouvoir d'achat, sécurité, formation, etc.

     

    Jamais ils n'en ont eu autant besoin. Et jamais, dans cette interminable pré-campagne inaugurée par d'inutiles "primaires", on ne leur en a aussi peu parlé ! Là est le vrai scandale, la nauséabonde disparition des thèmes, au profit des faux scandales autour des personnes, flinguer l'un, mitrailler l'autre, un jour une affaire Fillon, demain une affaire Macron, allez savoir.

     

    Le seul moment qui, pour moi, fut de lumière et d'intelligence, aura été le débat entre MM Valls et Hamon. J'y ai senti planer l'âme de Pierre Mendès France, il y avait de la vision, de la précision, de la compétence.

     

    Fillon ? Je ne partage en rien ses thèses libérales et européennes, encore moins sa volonté de démanteler la fonction publique. Mais j'aurais bien aimé qu'on en parle ! Autrement intéressant, tout de même, que le roman-fleuve sur le putatif emploi fictif de son épouse.

     

    Je vais vous le dire franchement : que Mme Fillon ait eu ou non un emploi fictif, JE M'EN FOUS. Les juges s'en saisiront, c'est leur boulot. Mais, si j'étais citoyen français, et si je partageais les idées de Fillon, cette affaire ne pèserait EN RIEN sur mon vote. Je dis bien : EN RIEN. Je n'ai pas étudié l'Histoire, lu des milliers de biographies politiques, de Bismarck à Mazarin, de Guizot à Willy Brandt, pour me laisser impressionner par des "révélations" manipulées par des sources bien intentionnées, et surtout d'un intérêt totalement mineur. Ce qui compte, c'est la capacité du candidat, ou non, à gérer le pays.

     

    Résultat : on approche du terme, on n'a pas encore parlé des thèmes ! L'indépendance du pays. Sa souveraineté. Sa grandeur et son rayonnement dans le monde. Son rapport avec l'Europe. Sa monnaie. La survie de ses paysans. Etc. On n'a fait que suivre, comme des moutons, l'agenda de M. Plenel et de ceux qui l'instrumentalisent. Que surgisse, d'ici l'élection, un homme - ou une femme - capable de parler des vrais problèmes, rompre avec ce cirque et laisser monter le sentiment tellurique du peuple, la victoire sera à portée de sa main.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'homme qui a osé toucher au dogme

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    Sur le vif - Vendredi 03.03.17 - 15.45h

     

    Depuis des années, ici et ailleurs, dans mes éditos, je plaide contre la libre circulation des personnes. Non pour fermer les frontières, bien entendu, mais pour réguler les flux migratoires. Depuis des années, j’explique les raisons de ma démarche : des vannes trop ouvertes permettent peut-être, dans un premier temps, de faire prospérer une partie de notre économie, mais à terme, c’est le corps social de notre pays qui est blessé, la cohésion atteinte, les équilibres de solidarité, si précieux et si fragiles dans la construction suisse, mis en péril.

     

    Et même ce profit à court terme, réalisé dans les années de vaches grasses, à qui a-t-il été utile ? Hélas, à quelques-uns seulement, qui ne se sont pas empressés de redistribuer les gains réalisés. Les fameuses « mesures d’accompagnement », qui ont permis, il y a quinze ans, d’embarquer une gauche bien naïve dans la folle aventure de la libre circulation, personne n’en a vu la couleur. En tout cas pas les plus défavorisés, les travailleurs précaires, les chômeurs. Au Tessin, à Genève, on a vu émerger des mouvements politiques défendant, à juste titre, l’intérêt des résidents. Au niveau suisse, on a enfin commencé à parler de « préférence nationale ». Mais c’était bien tard.

     

    La leçon première de toute cette affaire, ce sont ces quinze années de surdité volontaire à une douleur montante, de plus en plus exprimée, jamais écoutée. On l’a vu dans la non-application, totalement scandaleuse, de l’initiative du 9 février 2014, par les Chambres fédérales, aggravée par une totale inexistence du Conseil fédéral dans la conduite politique du dossier. Dans cette surdité, cette insensibilité, ce déni de prise en compte du réel, un parti, en Suisse, devra assumer face à l’Histoire une lourde responsabilité : le PLR. Avec lui, certaines organisations patronales, Economie Suisse, mais pas l’USAM, tellement plus proche du petit et moyen entrepreneur, proche de son travail.

     

    C’est dans ces conditions qu’intervient la bombe Benoît Genecand. Ce brillant conseiller national PLR, entré tard en politique, assurément atypique dans son parti, esprit libre et audacieux, explique, dans la Tribune de Genève de ce matin, les raisons de son opposition à la libre circulation des personnes. Dans le parti qui est le sien, c’est une atteinte au dogme. Un peu comme un théologien contestataire allemand, style Hans Küng, qui viendrait tranquillement expliquer au Vatican que, sur telle disposition conciliaire de Nicée ou Latran, ils ont tout faux. Bonjour l’ambiance. Habemus Benedictum. Septimum decimum. Haereticum !

     

    Dans la famille PLR, Benoît Genecand n’est pas seul. D’autres langues, sans tarder, ne manqueront pas de se délier. Non pour se convertir à la Révolution prolétarienne, mais parce qu’elles voient bien l’impasse sociale, donc politique, créée par une application aveugle et dogmatique du principe d’ouverture des frontières. Aussi, parce qu’elles sont inspirées par un vrai respect du suffrage universel, et ne sont pas dupes des gesticulations parlementaires, à Berne, pour accoucher de toutes choses, sauf du respect de la volonté populaire du 9 février 2014. Il y a, croyez-moi, rien qu’au PLR genevois, plusieurs importantes figures qui voient les choses comme cela. Dans les jours qui viennent, elles s’exprimeront.

     

    Surtout, Benoît Genecand a 100% raison d’empoigner le sujet principal, le seul qui vaille. Cessons de tourner en rond, avec les ineffables « contre-projets du Conseil fédéral à l’initiative RASA », ultimes manœuvres où la Berne fédérale touche le fond. Laissons tout cela, et entamons un vaste débat national, en profondeur, en prenant le temps qu’il faudra, sur le seul vrai thème : la libre circulation des personnes. Moi-même, qui y suis opposé, je ne demande qu’une chose : que le peuple et les cantons, le seul souverain de ce pays, tranchent. S’ils la maintiennent, j’en prendrai acte, et respecterai le suffrage. S’ils l’abolissent, j’en serai profondément heureux, pour les équilibres sociaux internes à la Suisse, auxquels je suis si profondément attaché. Notre pays est une petite fleur fragile. Elle s’accommode mal de déferlements. Elle exige une infinie délicatesse pour faire tenir ensemble, dans le respect et la cohésion, ceux qui, maintenant, l’habitent et construisent son destin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'homme qui nous aime tous

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    Sur le vif - Jeudi 02.03.17 - 16.07h

     

    Un candidat surgi du néant. Un homme sans passé, qui viendrait se fiancer avec l’avenir. Un homme charmant, en vérité, gendre idéal, tiré à quatre épingles, souriant, charismatique au milieu des foules, télévangéliste : « Je vous aime, je vous aime tous ! ».

     

    Un homme qui a d’abord commencé par exister comme officiant de grands-messes, avant même de dévoiler la moindre parcelle de programme. On venait le voir, lui, l’homme, le phénomène, indépendamment de toute espèce d’orientation politique pour l’avenir de la France. D’ailleurs, pourquoi s’embarrasser encore de programmes ?

     

    D’où sort cet homme ? On ne sait rien de lui. Son parcours politique est tout récent, tout frais. Il a fait figure d’homme de droite dans un gouvernement de gauche, il a joué les orléanistes sous les lambris de la République, il est parti, il a fait campagne, il nous aime, il nous aime tous.

     

    Il a réussi le tour de force, unique dans les annales de la Cinquième, d’occuper avec brio la piste aux étoiles, jusqu’au 2 mars de l’année d’élection, à seulement quelques semaines du premier tour, sans rien dévoiler qui pût, de près ou de loin, ressembler à un programme. Il fallait d’abord assurer la visibilité de l’homme, comme dans la promotion d’un produit, les détails ne viendraient qu’ultérieurement. Il s’est vendu lui-même, comme une crème de beauté. Un élixir. La promesse d’une Aurore Boréale.

     

    D’où vient cet homme, de quelles arctiques latitudes ? Il n’a, dans son sillage, ni Fuites, ni Observatoire, ni bruit, ni odeur, ni emplois fictifs, ni Libération de Paris. Ah, si : il a la banque privée, comme Pompidou. Il y aurait appris « la grammaire des affaires ». Sujet, verbe, complément : je vous aime, je vous aime tous.

     

    Mais y avait-il un monde avant la grammaire ? D’où sort cet homme ? De quels Limbes, de quelle innocence, feinte ou réelle ? Homme nouveau, Kennedy, Pepsodent, Lecanuet, réformateur, on la connaît la musique. On la connaît, mais elle marche : les tubes s’arrachent, chez le charmeur aux dents blanches.

     

    Au-delà de l’homme, d’où vient cette candidature ? Qui la soutient, qui la finance ? En France, seulement ? Aux Etats-Unis, dans quelque officine de la Côte-Est ? Dans les milieux d’affaires, ceux qui ont intérêt, à tout prix, à sauvegarder le système de libre circulation du Capital ? Et si cette candidature, d’apparence si fraîche, si spontanée, avait été, en réalité, mûrement préparée, depuis longtemps, pour faire pièce, non à M. Fillon, qu’il s’agissait d’éliminer en premier, mais au vrai danger : celui d’une ascension protectionniste, régulatrice des flux migratoires, opposée à l’Euro, à l’Union européenne ? Emmanuel, promesse boréale de la victoire contre celle qui fait vraiment peur, de New York à Bruxelles.

     

    En attendant, il est là. Frais comme un gardon. Il n’a toujours pas vraiment de programme, si ce n’est l’habituel fatras (mais chez la plupart des autres aussi) où tout est évoqué, sauf les intérêts suprêmes de la Nation, qui sont pourtant la seule chose qui compte, à l’Elysée. Mais foin de programme ! Laissons là ces enfantillages. Il s’agit de paraître. Le prochain meeting nous attend, le prochain cirque. Il nous aimera, il nous aimera tous. Pour des Aurores qui chantent.

     

    Pascal Décaillet