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Sur le vif - Page 364

  • Sibelius, la Finlande, la grâce et la beauté du monde

     

    Sur le vif - Dimanche 06.09.20 - 16.36h

     

    J'aimerais dire ici la beauté de la musique de Sibelius. L'incroyable richesse des sons. Le diversité des mélodies, qui peut faire penser à Mahler ou Bruckner. La mise en valeur individuelle des instruments, et là je songe à Bela Bartók.

    Mais pourquoi le comparer à d'autres, au fond ? Un compositeur doit évidemment se percevoir en lui-même, par la vie intrinsèque de son oeuvre.

    Enfant, j'avais un coffret de mes parents, contenant une vingtaine de 33 tours, prétendant résumer toute la musique, de Monteverdi à l'époque contemporaine. Il y avait un morceau de Sibelius, qui déjà m'avait frappé. Mais aujourd'hui, en vieillissant, je veux tout connaître de ce Finlandais génial, qui me touche au plus profond.

    Mezzo diffusait hier soir la Symphonie no 1, direction Hannu Lintu, avec l'Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise. Tout, dans ce moment de grâce, était saisissant.

    Je n'ai passé qu'une demi-journée de ma vie en Finlande, en juillet 1968, en revenant du Cap-Nord, avec mes parents et ma soeur. Nous traversions la bande entre Norvège et Suède. Nous nous apprêtions à visiter les mines de fer de Kiruna, souvenir inoubliable.

    Je ne connais rien de ce pays, dans lequel je veux retourner, et pour une certaine durée, cette fois. Mais une chose est sûre : pour moi, la Hongrie c'est Bartók ; pour moi, la Finlande, c'est Sibelius.

     

    Pascal Décaillet

  • Le PDC : à lui seul, une Odyssée

     

    Sur le vif - Dimanche 06.09.20 - 10.01h

     

    Où est-elle, la mémoire ? Où est-elle, la culture ? Où s'est-il envolé, le sens de l'Histoire, vers quels rivages ?

    Prenez le PDC. Laissons l'affaire du nom, c'est leur problème : un parti a tous les droits, y compris celui d'organiser son suicide, plus ou moins assisté. Il a le droit de se fonder, celui d'exister, celui de disparaître. Nul n'est d'ailleurs éternel : que reste-t-il, aujourd'hui en France, du parti radical, fierté de la Troisième République, celle des hussards noirs, des Loges, des Équilibres ?

    Le PDC a tous les droits. Naître, mourir, changer de nom. La vie interne des partis ne devrait que distraitement nous intéresser : je plaide, vous le savez, pour une démocratie suisse totale, surgie du peuple, avec une démocratie directe renforcée, des comités ciblés d'initiatives, musclés, bosseurs, motivés, des unités mobiles avec objectifs précis, ce qui nous change sacrément de la machine à comités, assemblées, placement de petits copains, cléricature de notables, que constitue le parti traditionnel.

    Mais j'en reviens à la mémoire. S'il est, en Suisse, à côté du parti radical, une formation politique dont l'Histoire, depuis 1848, est totalement passionnante, par sa diversité, sa complexité cantonale, ses mille sources philosophiques, la puissance de ses références (je pense évidemment à Léon XIII, et son Encyclique de 1891, Rerum Novarum), c'est bien ce qu'on appelle (au niveau fédéral, depuis 1971) le PDC.

    Je me suis passionné pour cette Histoire, canton par canton. Je l'ai racontée maintes fois, à la radio. J'ai écrit des textes. La période d'opposition, 1848-1891, quand les sept conseillers fédéraux étaient radicaux, a emporté le maximum de mon attention : les conservateurs catholiques, à ce moment-là, ont condamné le progrès industriel trop rapide, le capitalisme financier, la captation des biens par des possesseurs extérieurs, les atteintes au Patrimoine, et même le saccage de la Nature. Ils étaient Verts et sociaux, avant la lettre. Ils défendaient la dimension humaine, la famille, la communauté d'appartenance, le lien à la terre.

    Où est-elle, la mémoire ? Il m'est égal que le PDC change de nom. Mais je déteste avoir, face à moi, un(e) responsable de ce parti qui n'ait pas dans ses fibres le minimum de passion pour son Histoire. Dans toute sa diversité cantonale. Car ceux qui, se croyant spirituels, se contentent de répondre "Je n'étais pas né à cette époque-là", quand on les interroge sur l'Histoire de leur parti, nous jettent le plus glaçant visage du jeunisme et de l'ignorance. Rien de durable ne se fonde sans une connaissance en profondeur du passé.

    S'il est, en Suisse, un parti où cet appel à la mémoire, à l'Histoire et à la philosophie vaut le voyage intellectuel et spirituel, c'est bien le PDC. Il est, à lui-seul, une Odyssée.

     

    Pascal Décaillet

  • Zentrum : le PDC nous prédit le passé !

     

    Sur le vif - Samedi 05.09.20 - 10.45h

     

    Il faut se méfier des promesses de renouveau. Souvent, conformément aux Écritures, elles réinventent les antiques prophéties. Ainsi, le nouveau nom du PDC. En français, Le Centre. En allemand, Die Mitte. Pourquoi, Die Mitte ? Parce qu'ils n'ont tout de même pas osé nous sortir l'autre mot : Das Zentrum ! C'est pourtant ce mot qui signifie le centre, Die Mitte ce serait plutôt le milieu.

    Ils n'ont pas osé, parce qu'il savent que la charge du mot est explosive. Le Zentrum, c'est une part inaliénable de l'Histoire allemande, en tout cas entre 1870 (sa fondation officielle, l'année de la victoire de Bismarck sur Napoléon III) et 1933 (l'avènement du Troisième Reich, qui s'empressera de dissoudre ce témoin encombrant de l'Allemagne impériale, puis républicaine).

    Le Zentrum, pour faire court (mais il faudra que je fasse un jour beaucoup plus long, que je remonte à la dissolution du Saint-Empire en 1806, à la perte du pouvoir temporel des Princes-Evêques, à la nécessité d'exister des catholiques allemands au dix-neuvième, au Kulturkampf, à la capitale et taboue question autrichienne, à la guerre austro-prussienne en 1866, soldée par la bataille de Sadowa, éclatante victoire du Général von Moltke, etc.), c'est le parti catholique dans les Allemagnes de l'Unification, de l'Empire (1871-1918), puis de la République de Weimar (1919-1933).

    C'est le parti catholique, et, bien qu'il ne fût pas celui du Prussien Bismarck, c'est le premier parti au Reichstag entre 1881 et 1912. Les fameuses lois sociales de Bismarck, protection des travailleurs, premières assurances, durée du travail, sont acquises grâce au Zentrum. D'ailleurs, à partir du moment où le Chancelier de fer joue la carte protectionniste, le Zentrum se rallie à sa politique économique et sociale.

    Le Zentrum survivra à la Révolution du 9 novembre 1918, à l'Armistice signé le surlendemain, et continuera, avec les sociaux-démocrates, à jouer un rôle important sous la République de Weimar. La CDU-CSU, parti d'Adenauer, reprendra dans l'après-guerre sa part de marché.

    Retour en Suisse. Le PDC n'est pas fou. Il veut bien changer de nom, mais en langue allemande, il ne saurait se parer d'un attribut aussi chargé de mémoire et d'émotion historique, Alors, aux splendeurs du souvenir, il a préféré le langage des géomètres et du cadastre : il s'appellera, si ses instances le veulent bien, Die Mitte.

     

    Pascal Décaillet