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Sur le vif - Page 1140

  • Vieux pays conservateur

     

    Sur le vif - Dimanche 29.11.09 - 18.40h


     

    Amère pour les uns, délicieuse pour d’autres, la grande leçon de ce 29 novembre n’est autre qu’un rappel : la Suisse est un pays conservateur.

     

    Moderne, certes, dynamique, beaucoup plus ouvert qu’on ne l’imagine, mais ancré dans des racines qui sont celles de notre Histoire : poudrière confessionnelle, enchevêtrements de non-dits au sujet de la laïcité (officielle dans deux cantons seulement de Suisse romande), rapport complexe avec l’altérité. On peut le regretter, hausser les épaules, considérer tout cela avec la hauteur du bobo citadin face aux sourcils grincheux du nain de jardin. Mais c’est ainsi. C’est une donnée.

     

    Dans le combat qui s’est achevé aujourd’hui, celui des minarets, les forces dites de la raison n’ont pas suffi contre la puissance d’image, mais aussi de fantasmes que sont allés chercher les partisans. Ce discours, il serait vain d’aller le reprocher aux vainqueurs : il aurait fallu avoir, dans le camp du non, au service de l’égalité devant la République, un verbe moins timoré, un discours moins exclusivement cérébral, quelque chose comme une exaltation, qui a cruellement fait défaut.

     

    Et encore, tout cela aurait été, il n’est pas sûr, pour autant, que le résultat en eût été atténué. Pourquoi ? Parce que la Suisse est un pays conservateur. Elle ne l’est certes pas pour l’éternité, tout change, mais aujourd’hui c’est ainsi. La Suisse ne veut pas de l’Union européenne. Elle ne veut pas de minarets. Elle veut continuer à exporter des armes. Ce sont ses décisions. Irritantes parfois, ahurissantes peut-être. Mais c’est ainsi. La texture de ce pays, ses nervures souterraines, l’ancestralité de ses racines, nous ramènent pour l’heure à cette réalité réaffirmée ce dimanche : la Suisse est un pays conservateur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Tiens, revoici la frontière…

    Sur le vif - Dimanche 29.11.09 - 10.10h

    « Le Conseil fédéral a mal analysé la situation. Il a commis une erreur en renonçant à réintroduire des quotas dans la libre circulation des personnes avec l'Union européenne ». Livrés ce matin au SonntagsBlick et à la NZZ am Sonntag, ces propos vont faire couler de l’encre. De qui émanent-ils ? Blocher ? Mörgeli ? Stauffer ? Non. Il s’agit de la parole ministérielle de la responsable fédérale de l’économie, et aussi des questions d’emploi, la démocrate-chrétienne Doris Leuthard.

    Et ces propos arrivent quand ? Quelques jours après ceux de Micheline Calmy-Rey. En sachant que siègent aussi Ueli Maurer et Eveline Widmer-Schlumpf dans le collège, on se demande si une majorité du Conseil fédéral croit encore en la très grande magie de la libre circulation, telle qu’on a voulu la présenter au peuple, pressé par l’urgence de scrutins à gagner.

    On aura beau me faire toutes les démonstrations du monde, j’ai peine à entrevoir en quoi l’aspiration protectionniste de ces propos diffère (sur le fond) du discours d’Eric Stauffer, à Genève. Ou de celui de Christoph Blocher, au niveau fédéral. Le chômage montant (4% en moyenne suisse, 7% à Genève), voilà qu’on commence à redécouvrir ce que la notion de frontière, qu’on croyait gisant aux orties, peut avoir comme avantages pour une communauté humaine. Évidemment pas pour l’enfermer, mais juste pour un minimum de régulation et de protection du marché intérieur de l’emploi.

    J’entends encore François Longchamp, dans un débat, comparer les mouvements transfrontaliers venant de l’Ain et de la Haute-Savoie avec ceux des pendulaires vaudois ! Est-ce manquer d’amitié pour la France, ce pays que nous aimons et qui a nourri notre culture, que rappeler, très poliment, que le canton de Vaud se trouve être un compatriote, un Confédéré, que deux siècles de communauté de destin lie Genève ? C’est si vulgaire, Monsieur Longchamp, de rappeler l’appartenance de Genève à la Suisse ?

    Voilà donc deux conseillères fédérales, dont je ne sache pas qu’elles aient trempé leur destin dans la glaise populiste, une socialiste et une PDC, émettant des doutes face au dogme de l’irénisme transfrontalier sur le marché du travail. C’est intéressant. Et c’est, sans doute, l’amorce d’un débat qui pourrait pas mal nous occuper dans les mois qui viennent.

    Pascal Décaillet

  • Anja Wyden : un excellent choix pour Genève

     

    A 30 ans, elle était déjà directrice adjointe de l’action sociale, à Genève. A 34, directrice du même service, sous François Longchamp. Et, on vient de l’apprendre, elle sera la vingtième chancelière de la République et Canton de Genève, la succession de Robert Hensler, le Jason de la politique genevoise, chevelu comme mille comètes.

    A coup sûr, ce choix du nouveau Conseil d’Etat est le bon. Valaisanne, ayant grand à Brigue, attirée très tôt par le social, formée à Sion, à Tübingen et à l’Université de Genève, en sciences politiques, Anja Wyden, 36 ans seulement aujourd'hui,  est passée par le SECO (Secrétariat d’Etat à l’économie), mais aussi par le privé. Grande travailleuse, avec vision d’ensemble, elle incarne le service de l’Etat, dans le sens le plus fort de ce terme : non celui de grands airs qu’on prendrait, mais simplement celui de la compétence. L’atout majeur du service public ne devrait-il pas, dans l’idéal, au-delà des grands discours, être celui-là ?

    Pour assumer un rôle transversal, organique mais aussi psychologique, entre les sept membres du collège, il fallait une personnalité à la fois pointue et ductile, excellente sur le fond. C’était le cas avec Robert Hensler. Cela le sera, aussi, avec Anja Wyden.

     

    Pascal Décaillet