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Commentaires GHI - Page 172

  • En être, ou ne pas être

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    Commentaire publié dans GHI - 17.01.18

     

    Il y a, dans le Forum de Davos, quelque chose de fascinant. Non qu’il existe, il en a bien sûr le droit. Non qu’il concentre, l’espace de quelques jours, une galaxie de pointures rappelant les plus étincelants bottiers de Milan. Non qu’il rayonne, depuis tant d’années, par une singulière légitimité auto-proclamée, dépassant de loin celle de toute réunion privée, ou mondaine, sur la planète. Rien de tout cela, non, non, non.

     

    Ce qui stupéfie, c’est l’empressement des politiques, au plus haut niveau de la Confédération, à vouloir à tout prix paraître dans ce cliquetis qui brille et virevolte. En être, ou ne pas être ! A cet égard, il était particulièrement choquant d’entendre, sur une onde publique, un confrère déclarer que notre Président, Alain Berset, allait tout faire pour obtenir un entretien avec Donald Trump.

     

    Choquant, parce que le Président des Etats-Unis a choisi de venir sur territoire suisse. A ce titre, c’est à lui, comme n’importe quel autre chef d’Etat, d’annoncer sa venue à M. Berset, et de solliciter un entretien, même de simple courtoisie, avec lui.

     

    Mais l’inverse, Alain Berset accourant vers Donald Trump au milieu des pingouins dans les cocktails, voilà qui confirme Davos comme un îlot entre ploutocrates, indifférents aux nations et aux convenances, agissant, partout sur la planète, comme bon leur semble. Parce qu’ils seraient au-dessus des lois. Nous, les Suisses, sommes citoyennes et citoyens d’un tout petit pays. Mais tous, nous tenons à son honneur, surtout face aux géants, dans le concert des nations.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Cyril Aellen, meilleur élu : amplement mérité !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.01.18

     

    Nous l’avons, ici même, il y a près de sept ans, repéré comme l’un des plus grands espoirs de la politique genevoise. Après avoir été, fort jeune, le dernier président du parti libéral genevois, il a traversé le désert, nous l’avons soutenu. Et puis, à la fin de la précédente législature, il a accédé au Grand Conseil. Immédiatement, il y a montré des qualités reconnues par tous, ceux de son bord comme ses adversaires : intelligence, clairvoyance, lisibilité. Sur le fond, un libéral plutôt dur. Sur la forme, un immense respect dans le dialogue, une écoute des arguments adverses, ne serait-ce que pour mieux les démonter. Bref, Cyril Aellen est le meilleur. Ce que nous affirmons, dans ces colonnes, depuis des années, ce sont maintenant ses pairs qui l’établissent : le député PLR, spécialiste notamment des Finances, est élu, par les siens, meilleur député de la législature 2013-2018, dans un classement annoncé lundi 15 janvier par la Tribune de Genève.

     

    J’ai la chance de bien connaître Cyril Aellen. L’homme impressionne par son côté direct, franc et loyal, soutenu par la rectitude du regard, la clarté du verbe. Dans l’exercice de l’interview, la réponse est courte, charpentée sur l’essentiel, sans langue de bois, ni fioritures. Cela signifie que notre homme croit à la valeur intrinsèque de l’argument, parie sur l’intelligence du récepteur, sans chercher à l’entourlouper dans d’inutiles circonvolutions. A cet égard, il rappelle un autre député PLR, le philosophe Jean Romain, sans doute aussi un certain Pascal Couchepin, lui-même disciple de Mendès France. Cette mise en valeur, sobre et simple, de la démonstration, constitue un atout majeur de la méthode Aellen. Jamais la moindre attaque personnelle. Jamais d’écart. Juste la précision ciselée du propos.

     

    Cyril Aellen est, profondément, un libéral. Au sens de la responsabilité individuelle. Cela m’a maintes fois amené, dans des discussions passionnantes avec lui, à l’affronter sur le rôle de l’Etat (capital à mes yeux, moindre aux siens), l’étendue de ce qui doit être régulé. Sur ce point, oui, nous divergeons. Mais quel plaisir, toujours, de confronter ses arguments aux siens, dans une recherche commune de l’intérêt public. Car cet avocat, à cet égard entrepreneur, ne saurait en aucune manière réduire la réussite humaine à l’aventure individuelle : il croit en la politique, en sa capacité de changer les choses. Nous sommes, avec lui, à des années-lumière du capitalisme de casino, avec ses boursicoteurs allumés comme des cigales par le cours de l’action. Dans le rapport de Cyril Aellen à la responsabilité individuelle, il y a toute la profondeur d’une origine rurale, on oserait presque dire « agrarienne ». Il y a, aussi, les lumières de l’héritage protestant. Bref, voilà un homme sur qui Genève peut compter. Sa première place, comme la deuxième de Jocelyne Haller et la troisième de Sophie Forster Carbonnier, est totalement méritée. Il est bon, parfois en politique, de parler aussi de ce qui se porte bien. En l’espèce, l’excellence, au service du bien commun.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Prends garde à toi !

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    Commentaire publié dans GHI - 10.01.18

     

    Celui qui veut monter Carmen est libre. Tout créateur est libre. Il a le droit de faire de Carmen un homme, d’en faire à la fin la tueuse plutôt que la victime, de placer l’action en Norvège plutôt qu’en Espagne, aucun problème. Ainsi fonctionnent les variantes : tout étudiant s’étant frotté aux mythes grecs, avec leur infinité de possibles, le sait bien.

     

    Simplement, si on touche la moindre virgule au texte de Mérimée, ou la moindre note à la musique de Bizet, ça n’est plus ce Carmen-là. Mais une autre, qui a parfaitement le droit d’être. Toute œuvre est adaptation, toute nouvelle lecture passe par une forme de transgression. Toute nouvelle variante passe par la petite mort de l’auteur initial, ou tout au moins du précédent.

     

    D’ailleurs, qu’est-ce qu’un auteur initial ? Ni Molière ni Mozart ne sont celui de Dom Juan, ni Hölderlin ni Brecht ne sont ceux d’Antigone, et sans doute pas même Sophocle. Versions antérieures, orales, perdues, retrouvées dans des légendes balkaniques. Infinité du prisme : c’est cela, la troublante fragilité du mythe.

     

    Donc, oui, on peut revisiter la fin de Carmen comme on l’entend. Il ne faut juste plus la présenter comme celle créée le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique. Et, il faut, surtout, se montrer artistiquement à la hauteur de la dénaturation. En l’assumant. En lui donnant du sens. Et pas seulement, pour faire plaisir au vent des modes. Et là, toi le metteur en scène, si tu transgresses cela, alors oui, prends garde à toi !

     

    Pascal Décaillet