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  • France déchirée, réconcilie-toi !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.09.25

     

     

    En direct dans Genève à Chaud, ce mardi 9 septembre, le député du Centre Sébastien Desfayes a eu des mots très justes. Nous venions d’annoncer, en direct sur l’événement, le renversement du gouvernement Bayrou par une très nette majorité de l’Assemblée Nationale. Nous nous penchions, avec aussi Alexandre Chevalier et Marie-Claude Sawerschel, sur le Mal français, et Desfayes a énoncé une priorité, parmi les malheurs : la division des Français. Et il a mille fois raison : c’est, en gravité, le problème no 1 de nos amis d’Outre-Jura. Avant la dette. Et avant la crise institutionnelle.

     

    La dette abyssale, la crise démocratique, la Cinquième qui n’en finit plus de se mourir, tout cela est assurément essentiel. Sur la dette, François Bayrou a eu raison de placer les Français devant une vérité chiffrée que les plus éminents des responsables, et aussi d’ailleurs des commentateurs, passent allègrement sous silence, comme s’il ne s’agissait que d’une valeur virtuelle. Pour ma part, je rends hommage au Béarnais, cet homme de valeur, qui aura fait ce qu’il a pu. Son discours d’adieu, ce mardi 9 septembre, avait des accents qui, à tout observateur un peu au parfum de l’Histoire de la France républicaine, ont pu rappeler ceux du seul véritable homme d’Etat de la Quatrième République, Pierre Mendès France, au pouvoir seulement sept mois et quelques jours, entre juin 1954 et février 1955. Mendès, l’homme de la rigueur, l’homme de la vérité. L’homme de la cohérence et de la fidélité à ses engagements. Un exemple unique, à part bien sûr Charles de Gaulle.

     

    Mais Sébastien Desfayes a raison. Ce qui, aujourd’hui, est littéralement effrayant, ce sont les tonalités du débat français. Ou tout au moins – la restriction mérite d’être établie – ce que laisse en poindre le théâtre misérable des chaînes privées parisiennes, TOUTES TENDANCES CONFONDUES. On ne s’y parle plus, on s’y étripe. Sur l’une de ces chaînes, des meneurs de jeu transmués en procureurs aboient contre leurs invités qui se hasarderaient à défendre des thèses contraires aux leurs. Ils ne les laissent pas parler plus de six secondes sans les interrompre brutalement, on se croirait aux procès de Prague, ou de Moscou. On s’embarrasse d’ailleurs de moins en moins d’inviter des politiques : une coterie de professionnels pérore entre initiés, on est chez soi, on peut hurler à sa guise le même son de voix, toujours recommencé. Au pays de Voltaire, on a connu mieux.

     

    J’ai étudié de près, en 1994, l’Affaire Dreyfus, pour une Série historique que j’ai produite à la RSR. Les accents de violence de l’actuel débat français rappellent cette époque, où deux factions se déchiraient avec haine. Mais au moins, entre 1894 et 1906, la véhémence n’était-elle colportée que par des journaux. Aujourd’hui, partout, sur les TV, sur les réseaux, elle se voit, elle s’entend. On rêve, oui on rêve que surgisse un Henri de Navarre, comme en ce jour de mars 1594 où, franchissant le Pont-Neuf, il entra dans Paris. Et il parvint à réconcilier les Français. Nous, les Suisses, aimons ce pays voisin. Nous lui souhaitons la paix et la réconciliation.

     

    Pascal Décaillet

  • La jeunesse allemande en quête de récit national

     
     
    Sur le vif - Lundi 15.09.25 - 16.06h
     
     
    De toutes les nouvelles du week-end, la plus importante est évidemment le triplement du score de l'AfD dans le Land, longtemps tenu par le SPD, de Nordrhein-Westfalen, dont fait partie la prodigieuse région de la Ruhr.
     
    J'y reviendrai. Ici, et sûrement à GAC. Il y a quelque chose, Land par Land, friche industrielle par friche industrielle, déception après déception, déconvenue, effondrement d'une industrie et d'une sidérurgie naguère uniques au monde, qui est en train de se construire dans les Allemagnes. Quelque chose de fort, autrement plus puissant, en termes de renouveau de l'idée nationale, que le rattachement, par étiquettes, à telle portion droitière du curseur.
     
    La plupart des gens, y compris chez des journalistes autorisés dans des quotidiens "de référence", qui nous parlent de l'Allemagne, n'y connaissent absolument rien. Ils n'ont pas la profondeur historique. Ils n'ont pas la culture littéraire, voire musicale. Ils n'ont pas les lectures. Ils n'ont pas les témoignages hors des bornes imposées par les vainqueurs à l'Ouest, en 1945. Leur esprit manque de liberté, tout simplement.
     
    La montée de l'AfD a un sens profond. Elle répond à une insatisfaction tellurique. Mais aussi, elle dessine les aspirations des générations nouvelles. L'ancrage dans un roman national intégrant toutes les grandes périodes de l'Histoire allemande, Réforme, invention de langue allemande par Martin Luther, horreur de la Guerre de Trente Ans, relèvement extraordinaire au 18ème, sous Frédéric II de Prusse, occupation de la Prusse par les Français (1806-1813), Aufklärung, Sturm und Drang, Romantisme, Révolution industrielle, sidérurgie, charbon, deux guerres mondiales, relèvement, encore et toujours.
     
    Les jeunes Allemands ont besoin qu'on leur raconte leur Histoire. L'horreur de la Shoah, dont leurs ancêtres furent responsables, avec six millions de morts. Mais aussi, les moments d'exceptionnelle lumière de l'Histoire et de la culture allemandes. Ils ont en marre du lessivage par les standards américains, y compris musicaux. Ils aspirent à être eux-mêmes, tout simplement. C'est l'une des clefs du succès de l'AfD.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Lui est mort. Et nous, nous sommes vivants

     
     
    Sur le vif - Dimanche 14.09.25 - 10.39h
     
     
    Les idées de Charlie Kirk n'étaient pas les miennes. Mais bon sang, ce Monsieur a été assassiné. Fauché dans sa jeunesse. Il avait, nous dit-on, la passion de convaincre, par les mots, le dialogue. Il allait au contact. Il n'avait pas peur. Ce sont là des vertus, au sens le plus fort du mot, le sens latin.
     
    Ce Monsieur a été assassiné. Lui est mort, et nous, nous sommes vivants. Ce qu'il y a de plus profond en moi, dans mes adhésions spirituelles les plus inaltérables, est le respect d'une personne emportée par la mort. Quelle que soit cette personne. Que, vivante, elle vous fût amie ou ennemie. Tout cela, pour moi, s'efface. La mort est notre lot à tous. Un humain qui meurt, c'est le rappel de notre condition universelle.
     
    Cette règle, par d'innombrables adversaires de Charlie Kirk, se trouve, depuis quelques jours, largement bafouée. Jusqu'en Suisse romande, d'aucuns ne manquent pas, en mentionnant son assassinat, de le noircir post mortem. Qu'ils aillent jusqu'au bout de leur pensée, qu'ils aient au moins ce courage : le tyrannicide était justifié, c'est cela qu'ils laissent poindre ?
     
    Nausée. Perte de repères. Dans ce tournoiement de vautours autour d'un cadavre, il y a un recul d'humanité. Je ne dis pas qu'il faut aimer Charlie Kirk. Ni partager ses idées. Je dis que face à la mort, un seul mot s'impose : la décence.
     
     
    Pascal Décaillet