Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Interdire l'AfD ? Une folie !

     
     
    Sur le vif - Lundi 22.01.24 - 11.21h
     
     
    Sauf à vouloir sombrer dans une guerre civile rappelant les années 1919-1923, l'Allemagne ne peut en aucun cas interdire l'AfD. C'est méconnaître totalement l'Histoire allemande que d'envisager une telle solution.
     
    L'AfD s'impose, de plus en plus, dans le jeu démocratique allemand, notamment dans ces Länder de l'ex-DDR que je connais si bien (Saxe, Saxe-Anhalt, Thuringe, Brandebourg, Mecklenburg-Vorpommern). Elle participe à des campagnes, gagne des scrutins, parle au peuple, à commencer par les plus défavorisés, les oubliés de la Réunification. Les grandes victimes du "Wir schaffen das" d'Angela Merkel. Voyagez dans les Allemagnes : vous l'aurez sous les yeux, cette paupérisation !
     
    Bien sûr, il y eu cette idée délirante, chez certains, de "remigration" pour des personnes acceptées sur le sol allemand. Par son poids historique, sa connotation, son inhumanité, elle doit être combattue. Mais par des arguments. Il ne faut pas s'imaginer que la dissolution d'un parti dépassant les 33% d'intentions de vote dans certains Länder de l'Est résoudrait quoi que ce soit.
     
    En vérité, les "partis traditionnels", CDU-CSU et SPD, sont jaloux. Ils ont certes fait la politique allemande, alternativement et même parfois ensemble (Grandes Coalitions) depuis le Grundgesetz de 1949. Mais maintenant, c'est fini. C'est derrière. L'AfD est un parti voulu par près d'un tiers de la population. Ceux qui ne partagent pas ses vues doivent la combattre dans l'arène politique. Une décision judiciaire serait une catastrophe pour ce pays. Elle précipiterait dans des actions de rues un parti aujourd'hui engagé dans le combat institutionnel.
     
    Renseignez-vous sur cette Révolution allemande du 9 novembre 1918 (deux jours avant l'Armistice), et sur les quatre années de désordre général qui ont suivi. La CDU-CSU (à l'époque, le Zentrum, hérité des années bismarckiennes) et le SPD (déjà sous ce nom, depuis sa création au 19ème) étaient déjà là. Ils n'ont pu empêcher la montée de mouvements infiniment plus radicaux : Spartakistes d'un côté (communistes), Corps-francs ultra-nationalistes de l'autre.
     
    Sur ces années, deux conseils de lectures : "November 1918", du génial Alfred Döblin, et "Die Geächteten", les Réprouvés, chef d’œuvre signé Ernst von Salomon.
     
    Je vous invite à vous passionner pour l'Histoire allemande. Sur la longueur historique. En vous plongeant dans les textes. Dans la langue. Dans la musique. Dans toutes les nuances des documents d'archives. C'est un travail de très longue haleine. La longue approche, d'une vie entière.
     
     
    Pascal Décaillet