- Page 6
-
Sur le vif - Dimanche 10.11.24 - 10.49hCe que chaque peuple, chaque nation, selon son génie propre, doit constamment réinventer, c'est une ambition collective.Le libéralisme, à commencer par le pire de tous, celui qui sévit depuis la chute du Mur, c'est justement la négation de cette dimension commune. Il ne faudrait prôner que l'aventure individuelle, l'enrichissement personnel. Mais comment une telle vision, juste bonne pour l'Italie affairiste d'un Berlusconi ou la New York des boursicoteurs, a-t-elle pu s'imposer dans notre vieux continent, pétri d'autres valeurs que celles de ces zombies ?Nous avons été façonnés par la Grèce et par Rome, par les grands Ordres chrétiens, puis par la Réforme (Luther, le voici, le grand Européen, en tout cas l'un des plus grands des Allemands !), puis par les Lumières, puis par la Révolution française, puis (ne vous en déplaise) par le Rhénan Karl Marx.Nous, Européens continentaux, n'avons strictement rien à voir avec les délires individualistes, ni le libre-échange anglo-saxon, ni la sauvagerie du "Marche ou crève !". Nous avons, dans notre hérédité comme dans nos rêves d'avenir, d'autres horizons que le culte du Veau d'or, cette folie du profit immédiat.Toute ma vie, j'ai refusé le libéralisme. Je crois en la citoyenneté. Je crois en la politique. Je crois en la dialectique (au sens hégélien, mais aussi marxiste) des antagonismes, ce choc des idées qui permet d'avancer. Et de construire, ensemble, tout en s'engueulant fraternellement, une Cité.Une Cité ! Pas une Jérusalem céleste.Pascal Décaillet
-
Le blé en herbe
Sur le vif - Jeudi 07.11.24 - 16.30hIl y a des jours, comme ça, où la Ville de Genève pulvérise ses propres records. En novembre. Par de petits jeudis de brume où valsent les lapins.Dans son communiqué, à l'instant, l'exécutif de la Ville demande un crédit substantiel pour "végétaliser la toiture"...... de 63 abribus !Prétexte : ces temples de l'attente "se situent dans la zone où la canopée représente moins de 10% de couverture".En Ville, on prohibe la viande, mais on divinise l'herbe. Pour mieux la fumer.Pascal Décaillet -
Il était une fois la DDR
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.11.24
Tombées en 1945 dans la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne, la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques ont eu l’obligation de former un régime communiste, et c’est ainsi qu’elles ont constitué, dès 1949, la DDR, République démocratique allemande. En même temps, à l’Ouest, sous occupation américaine, britannique et française, se formait l’Allemagne fédérale, capitaliste, et hyper-américanisée.
Deux mondes. Très attachés à l’un comme à l’autre, les connaissant, respectueux de leurs différences, n’ayant jamais eu de ma vie un seul mot contre la DDR, je pensais, dans ma jeunesse, que ces deux univers étaient pour toujours séparés. Je me suis trompé. Le 9 novembre 1989, il y a juste 35 ans, le Mur de Berlin est tombé. Avec lui, la DDR, pays souverain, a été emporté. Avalé, phagocyté, par la gloutonnerie capitaliste d’Helmut Kohl.
Ce qu’on appelle « Réunification », un bien beau mot, cache hélas une autre réalité : rachat glacial, méprisant, de l’Allemagne de l’Est par celle de l’Ouest. Tout cela, sous la bénédiction d’une opinion publique occidentale ânonnant toute la propagande de l’Ouest contre la DDR. 35 ans plus tard, les historiens sérieux font la part des choses. Le régime, certes, imposé par Moscou, était insupportable, je n’ai jamais dit le contraire. Mais le legs de la DDR, en vie associative, en protection sociale, en ambitions culturelles, théâtrales, musicales, sportives, méritait un autre destin que d’être balayé les valets de l’Oncle Sam. Une part de la DDR doit être réhabilitée. Je m’y emploie.
Pascal Décaillet