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  • Pour une politique par objectifs!

     
    Sur le vif - Jeudi 20.04.23 - 09.34h
     
     
    En toutes choses, j'ai toujours cru à la gestion par objectifs. Dans mon activité professionnelle (près de 40 ans de journalisme), je l'ai non seulement promue (contre vents et marées !), mais pratiquée moi-même. Notamment dans mes longues années à la radio.
     
    En politique aussi, je soutiens cette approche. Vous connaissez mon scepticisme face aux partis, même si j'en connais l'Histoire à fond (Suisse, France, Allemagne notamment), et si j'en respecte les membres. Je comprends bien qu'il faille des fédérateurs d'idées, mais les choses sont en train de changer, et très vite.
     
    En Suisse, pays de démocratie directe, le personnage le plus important n'est pas l'élu, surtout pas, mais le citoyen, la citoyenne. C'est de lui que tout procède. Il a la légitimité. Il a le dernier mot. Il peut lancer des initiatives, des référendums. Tant de pays, autour de nous, à commencer par nos amis français, aimeraient parvenir à un système qui se rapproche de ce modèle. En France, sur les retraites, on est soit avec Macron, soit dans la rue. En Suisse, on s'oppose par voie institutionnelle. La démocratie directe est une institution, parmi d'autres.
     
    La très grande maturité des citoyens et des citoyennes, en Suisse, relativise l'importance fédératrice des partis politiques. Les moyens de communication ont radicalement changé, chacun s'informe comme il l'entend, principalement sur les réseaux sociaux. Les journaux ne sont plus des chapelles. Les partis ne sont plus des églises. Chaque citoyen, à fois atomisé et universel, est un monde en soi. Chacun peut tenir son journal, ici même par exemple. Chacun peut s'engager, sans pour autant adhérer à vie à une paroisse de pensée.
     
    Alors oui, la gestion par objectifs, plutôt que la déclaration d'appartenance ou de fidélité à une ligne directrice figée une fois pour toutes, c'est la politique de demain. D'ailleurs, en Suisse, elle existe déjà. Non chez les élus, mais chez les citoyens. S'engager dans un comité d'initiative, par exemple, c'est mettre toutes ses énergies au service d'un thème, d'un rendez-vous, un beau dimanche, avec le souverain. Et non passer sa vie à user les fauteuils dans les séances de comitards d'un parti, ourdir dans des Assemblées, jouer un clan contre l'autre, bref tout ce que la cuisine politique peut avoir de saumâtre.
     
    Que veulent les gens ? De l'efficacité. Des actes. Dans notre magnifique Histoire suisse depuis 1848, il y a eu un jour (1891) le droit d'initiative. Un jour (1919), la proportionnelle. Un jour (1947), l'AVS. On ne fédère pas une cohésion nationale avec des paroles, mais avec des réussites collectives. Pour cela, nous avons besoin d'hommes et de femmes tournés vers l'action, sans pour autant zébulonner dans tous les sens. Les paroissiens, qu'ils restent dans leurs paroisses. Et qu'ils nous organisent, une fois l'an, de belles kermesses. Comme celle du Muguet, par exemple. Avec cet incomparable parfum de sous-bois où, chaque année, renaît le désir et recommence la vie.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Le DIP : à droite, toute !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.04.23

     

    Le Département de l’Instruction publique doit être repris par la droite. C’est un enjeu majeur, essentiel, à vrai dire le plus important de la prochaine législature. Et je vais être encore plus précis : il faudra, pour remettre à flots ce navire sinistré, une droite d’Etat. Une droite cultivée, imprégnée de valeurs républicaines, passionnément attachée à la transmission des connaissances. Une droite qui connaisse l’Histoire de l’Ecole, du moins depuis la seconde partie du dix-neuvième siècle, ses enjeux, ses grandes figures : Jules Ferry en France, les grands radicaux à Genève, et aussi bien sûr le socialiste André Chavanne. Voyez, je ne suis pas sectaire.

     

    Bref, surtout pas la droite libérale, qui n’a pas laissé un très bon souvenir entre 1993 et 2003. Et surtout pas le Marais centriste (pour peu qu’il soit reconduit à l’exécutif), parti peu vertébré sur les questions scolaires. Non, je vous le dis : il faut un parti ayant le sens de l’Etat ! Un parti historique, ayant fait Genève, et fait la Suisse moderne.

     

    Le chantier est immense. Placer la connaissance au centre de tout. Valoriser l’apprentissage. Faire confiance aux directions d’établissements, aux équipes sur place. Ne pas tout régenter par des états-majors colbertistes et pléthoriques. Ce Département a besoin de confiance, de respiration, de joie de vivre : pourquoi diable l’École, un domaine aussi génial, devrait-elle être un lieu d’ennui ? Quel que soit le futur chef (ou cheffe) du DIP, je lui souhaite sincèrement bonne chance. Tout Genève aura ses regards portés sur lui.

     

    Pascal Décaillet

  • L'échec calamiteux du libéralisme

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.04.23

     

    Depuis plus de trente ans, ils nous font la leçon, à vrai dire depuis la chute du Mur de Berlin (1989). Plus de trois décennies à nous bassiner avec leur divinisation du Marché, leur rejet des peuples, des nations et des frontières, leur culte du libre-échange des marchandises et de la libre-circulation, sans aucune entrave, des personnes. Oui, il faut remonter aux événements de Berlin, en cette nuit du 9 novembre 1989, le Mur entre les deux parties de la ville qui s’effondre, mais avec lui le Mur entre les deux Allemagnes, que j’avais arpenté de fond en comble dans ma jeunesse, et plus largement le Mur de fer, créé avec la Guerre froide, entre l’Est et l’Ouest. Bien sûr que ce fut une étape, capitale, dans l’Histoire européenne.

     

    Vous étonnerais-je en vous affirmant qu’elle ne m’avait guère réjoui ? J’étais heureux, bien sûr, pour les libertés individuelles, pour les Allemands. Mais voyez-vous, passionné par la DDR (Allemagne de l’Est) depuis toujours, j’étais loin de ne trouver que des défauts à ce pays. Lui aussi, après 1945, s’était reconstruit, et sans Plan Marshall. Il avait bien sûr un régime autoritaire, parti unique, police politique insupportable (la Stasi). Mais, occupé par les Soviétiques, il n’avait eu d’autre choix que de « faire avec », bâtir un modèle certes aligné sur l’Est (vous croyez que la République fédérale ne l’était pas, tout aussi servilement, sur le capitalisme atlantiste des Américains ?). Il avait fait ce qu’il pouvait, avec, j’insiste sur ce point, une promotion exceptionnelle de la culture (théâtre, poésie, musique) et du sport. Un jour ou l’autre, dégagée du mépris de l’Ouest, l’historiographie de la DDR sera revue à la hausse. Modestement, j’y apporterai ma contribution.

     

    Toujours est-il que l’arrogance ultra-libérale née de la chute du Mur est, vue d’aujourd’hui, un échec calamiteux. Pendant plus de trente ans, on a sanctifié le libre-échange, oublié la voix des peuples, délégué les pouvoirs des nations à des monstres continentaux ou mondialistes, méprisé l’industrie et la métallurgie, délocalisé les centres de production, privilégié le rendement des actionnaires plutôt que l’investissement dans l’outil de travail. Bref, on s’est méchamment éloigné de l’humanisme d’un Benjamin Constant, d’un Tocqueville, ou même, plus récemment, d’un Olivier Reverdin, qui avait été mon professeur. Eh bien toute cette arrogance s’effondre aujourd’hui. De partout en Europe, les peuples veulent être entendus. Ils veulent le retour du politique. Et cette aspiration puissante ne provient pas de la gauche, mais d’une autre droite que celle des libéraux. Une droite qui veut l’Etat, mais pas pour autant les armées de fonctionnaires défendues par la gauche. Une droite qui veut la liberté, la souveraineté des nations, le protectionnisme agricole, l’indépendance, l’attachement à la Patrie. Une droite joyeuse, populaire, soucieuse de cohésion sociale à l’intérieur des frontières. Cette droite-là, aujourd’hui, est en train de dépasser en force celle des libéraux. Et le mouvement ne fait que commencer. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet