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Sur le vif - Vendredi 03.06.22 - 10.28hHallucinant communiqué de la police, qui nous annonce une semaine d'enfer à Genève, du 9 au 15 juin. Conférence ministérielle de l'OMC. Grève des femmes le 14. Deux matchs internationaux à la Praille. Et j'en oublie !Ce communiqué est un scandale. Non de la part de la police, qui n'y peut rien et exécute les ordres. Mais du Conseil d'Etat : c'est justement son rôle et sa mission d'avoir, en amont, une coordination intelligente des événements, en accepter certains, renoncer à d'autres, pour éviter ce genre de catapultage. Là, on se contente de prendre acte. On a dit oui à tout. La circulation va être un enfer. C'est comme ça, que voulez-vous ?Les premiers à qui le Conseil d'Etat doit rendre des comptes, ce ne sont pas les snobinards de la Genève internationale. Ni le lobby des grands intérêts financiers sportifs. Ni les innombrables créateurs "d'événements" privés. Mais le peuple de Genève. A commencer par les citoyennes et citoyens, de qui tout procède, exécutif en premier lieu. Mais aussi, les contribuables. Les braves gens, qui se lèvent le matin pour aller bosser. Engraissent avec leurs impôts la pieuvre tentaculaire de l'Etat cantonal le plus dispendieux de Suisse. Et ont droit à une circulation fluide, pour tous les modes de transports.Ce communiqué, qui met les cochons de payeurs devant le fait accompli et leur annonce le pire comme une chose naturelle, est tout simplement inacceptable.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif
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Lueurs d'une vie et Grand Soir
Sur le vif - Jeudi 02.06.22 - 14.15hLe Parti Suisse du Travail publie à l'instant un remarquable document sur les questions absolument capitales de la vie chère et du pouvoir d'achat. Inflation, salaires, retraites, prix des denrées de base, loyers, et bien sûr les primes d'assurance-maladie. Cinq pages d'un diagnostic précis, clinique, documenté.On partage ou non les remèdes proposés par le Parti du Travail, mais le constat est posé. Et surtout, la priorité politique est établie. Il se trouve qu'elle correspond, contrairement au délire sociétal d'autres milieux, à la préoccupation no 1 de nos compatriotes.Je ne suis pas communiste. Mais, depuis l'enfance, j'ai toujours eu infiniment plus de respect pour les militants communistes dans nos pays, en Suisse, en France, en Italie, que pour une certaine autre gauche, petits bourgeois révoltés de 68, groupuscules libertariens, et aujourd'hui les bobos et les obsédés des questions sociétales.La chute du Mur a été dévastatrice pour l'image communiste dans le monde. Le rachat glouton de la DDR par Kohl s'est opéré de manière honteuse, humiliante pour cette autre Allemagne, chère à mon coeur à mon cerveau, qui avait été obligée d'embrasser un système communiste en 49, étant tombée quatre ans plus tôt dans la zone d'occupation soviétique : croyez-vous qu'ils ont eu le choix ? Et Dresde, rasée par les gentils Britanniques les 13 et 14 février 1945 dans le bombardement conventionnel le plus meurtrier de toute l’Histoire, qui l’a reconstruite ? Alors, dans cette autre Allemagne, régime détestable, police politique, certes, il n'est pas question de nier cela. Mais très haut niveau de prestations sociales, de sciences, de culture. Tout cela, parfaitement ignoré ici à cause de la propagande américaine, méritera un jour d'être dit, rétabli. J'ai connu ce pays, je m'y rends encore, régulièrement, ce sont la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques, une Allemagne extraordinaire, celle de Luther, de Bach, de Haendel, de Kleist, de Kant, des dernières années de Brecht, de Heiner Müller, de Christa Wolf.Alors voilà, moi qui n'ai jamais été communiste, il se trouve que je n'ai jamais, non plus, fait partie des anti maladifs, je veux parler des cinglés du maccarthysme, des manipulés de la CIA, de certains ultras Bavarois pas encore remis de la République des Conseils en 1919, des papistes noirs de la Democrazia Cristiana, des libertaires soixante-huitards devenus ultra-libéraux. Et de toute une frange de pensée qui a besoin d'un Grand Satan. La vision, en un mot, de nos chers amis américains. Ceux qui nous veulent tant de bien.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif -
La générosité suspecte de quinze roitelets
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.06.22
L’argent de l’Etat, c’est l’argent du peuple. Notre argent. Ceux d’entre nous, tout au moins, qui sont soumis à l’impôt : on sait que plus d’un tiers des résidents genevois n’en payent pas, étant sous le seuil pour y être astreints. Oui, c’est notre argent, à commencer par celui des classes moyennes, vous savez ces gens qui se lèvent le matin pour aller bosser, n’ont droit à aucune subvention, sont littéralement pompés par la machine fiscale, triment toute leur vie pour aboutir à une retraite souvent chétive. C’est cela, le lot de dizaines de milliers de personnes à Genève. Cela, dont la gauche ne parle jamais : à la précarité des nôtres, elle préfère le discours sur l’altérité, les modes sociétales, la consommation de viande, la fin du monde.
Donc, nous payons l’impôt. Plus que partout ailleurs en Suisse. Pour nourrir un Etat cantonal dont la dépense publique est la plus haute du pays, par habitant. Cette dépense est régie par un document capital, voté chaque année en décembre (pour l’année suivante) par le Grand Conseil, qui s’appelle un Budget. Tout responsable familial, tout petit entrepreneur, même d’une micro-boîte, sait ce qu’est un budget : on détermine les postes de dépenses, en fonction de ce qu’on possède. A l’Etat, c’est autre chose. On n’a pas les fonds ? Pas de problème ! On en réclame, et on en réclame encore.
En décembre de l’an dernier, le Grand Conseil a refusé de donner un Budget à Genève. La droite a délivré un signal d’économies et de rigueur. L’Etat doit fonctionner, en 2022, avec les « douzièmes provisoires », qui imposent une gestion prudente, respectueuse des deniers publics.
Et c’est là qu’intervient le scandale des quinze roitelets. Qui sont-ils ? Les membres de la Commission des finances du Grand Conseil. Oh, individuellement, des gens très bien, respectables. Mais disposant d’un hallucinant pouvoir, peu connu du grand public : celui d’octroyer (eux, les quinze, sans passer par le plénum, encore moins par le peuple) les ineffables « crédits supplémentaires » que ne manquent pas de leur mendier, à longueur d’année, les sept Départements d’un exécutif d’une gourmandise financière inimaginable, le moindre de leurs appétits n’étant pas celui de la revanche, après le refus du Budget en décembre.
La Commission des finances a un mérite : celui d’informer. Chaque acceptation de crédit supplémentaire fait l’objet d’un communiqué. C’est bien. Mais le fond est souvent écœurant, vu par un simple citoyen-contribuable : à quoi sert le refus du Budget, acte politique majeur, si c’est pour que l’Etat vienne incessamment se servir, par derrière, tout au long de l’année ? Et nos braves roitelets, les quinze, dans l’écrasante majorité des cas, les acceptent, ces crédits ! Le système de la barbichette : si tu refuses les sous pour le magistrat de mon parti, la prochaine fois je refuserai pour le tien. Et la grande hypocrisie perdure : la décision souveraine, en plénum, du refus du budget, est régulièrement court-circuitée, a posteriori, par un procédé opaque et consanguin. Cette pantalonnade ne peut plus durer. Le système soit être réformé. La démocratie, la transparence, doivent s’imposer.
Pascal Décaillet
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