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  • Le roi du zoom

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.06.22

     

    Vous organisez un Festival international de cinéma, à Cannes ? Vous présidez un colloque planétaire d’initiés, à Davos ? Pour votre cérémonie d’ouverture, un passage, incontournable : le Président ukrainien. En direct de Kiev, par zoom, dans sa tenue d’assaut version ville, toujours prêt à venir égayer vos hôtes. Qui l’écouteront, ravis, coupe de champagne en main, entre caviar (iranien, surtout pas russe !) et petits fours.

     

    Prenons Cannes. Il est de notoriété publique que l’homme de Kiev est une référence mondiale, en matière de cinéma. Et qu’il a toute autorité pour apparaître sur un écran (il adore les écrans) en introduction de la plus célèbre compétition de films sur la planète. Il connaît tout du traveling, il est le roi du zoom. Robes longues, smokings, décolletés vertigineux, gratin universel : tout s’éclipse lorsqu’apparaît, dans la grande tradition des rituels d’Orient, l’icône. La parole du Maître est oraculaire. On ne se souvient pas trop de ce qu’il a dit, mais foi de coureur de cocktails, il y a de la Pythie delphique dans cet homme-là.

     

    Les chairs dénudées en frissonnent d’extase : je l’ai vu, j’étais à deux doigts de l’écran, tout près de lui. A ce stade, Fatima et Lourdes peineront bientôt à régater : il est celui qui apparaît, délivre quelques mots irrévocables, s’éclipse, laissant l’assistance dans la béatitude. Nous arrivons à juin, c’est le mois du printemps. Vous organisez un mariage ? Vous avez besoin d’un major de table ? Le roi du zoom est disponible. Mais dépêchez-vous, le King est très pris. Il faut réserver, sans tarder.

     

    Pascal Décaillet

  • Un peu léger, Mme Fischer

     
    Sur le vif - Mardi 31.05.22 - 15.14h
     
     
    Il est des interviews ministérielles qui, plus que d'autres, laissent pantois. Ainsi, ce matin, sur la Première, la Conseillère d'Etat genevoise chargée de l’Économie. L'air était si léger, ce matin, entre 07.35h et 08.00h, on entendait siffler les premiers passereaux. On aurait peut-être dû en rester là. Couper le poste. Humer le printemps.
     
    Commençons par la fin. En pleine revue de presse, un confrère fait réagir Mme Fischer (en quoi il a parfaitement raison) à une nouvelle qui tombe à l'instant : la grande fusion impliquant un géant historique de la parfumerie à Genève, l'un des fleurons de notre Canton. Réponse, en substance : "Je n'étais pas au courant, vous me l'apprenez". C'est rafraîchissant, Mme Fischer, mais c'est un peu léger.
     
    Retour au début, au corps même de l'entretien. Mes confrères - et soeurs - tentent d'obtenir de la ministre des impulsions pour l’Économie genevoise. Quelque chose de moteur, qui fleure l'économie, l'invention, la compétition pour être les meilleurs. Las ! Ils ne récoltent pas un milligramme d'économie. Mais des tonnes d'écologie. Des mantras : transition, transition, transition. On se croirait dans une secte, au soir du Grand Transfert.
     
    En un mot, la magistrate prend une grille de lecture, une seule, celle du catéchisme de son parti pour les prochaines décennies. Elle applique cette grille de lecture-là. Et nulle autre. Elle pose un corset idéologique. Et c'est tout. C'est revigorant, Mme Fischer. Mais c'est un peu léger.
     
    Au final, quoi ? Rien, justement. Un parfum de néant. De la cosmétique. Des mots. Des recettes toutes faites. Un catalogue idéologique. Olfactivement, fenêtre ouverte sur le matin d'un monde, c'est enivrant. Mais c'est un peu léger, Mme Fischer.
     
     
    Pascal Décaillet