Sur le vif - Jeudi 02.06.22 - 14.15h
Le Parti Suisse du Travail publie à l'instant un remarquable document sur les questions absolument capitales de la vie chère et du pouvoir d'achat. Inflation, salaires, retraites, prix des denrées de base, loyers, et bien sûr les primes d'assurance-maladie. Cinq pages d'un diagnostic précis, clinique, documenté.
On partage ou non les remèdes proposés par le Parti du Travail, mais le constat est posé. Et surtout, la priorité politique est établie. Il se trouve qu'elle correspond, contrairement au délire sociétal d'autres milieux, à la préoccupation no 1 de nos compatriotes.
Je ne suis pas communiste. Mais, depuis l'enfance, j'ai toujours eu infiniment plus de respect pour les militants communistes dans nos pays, en Suisse, en France, en Italie, que pour une certaine autre gauche, petits bourgeois révoltés de 68, groupuscules libertariens, et aujourd'hui les bobos et les obsédés des questions sociétales.
La chute du Mur a été dévastatrice pour l'image communiste dans le monde. Le rachat glouton de la DDR par Kohl s'est opéré de manière honteuse, humiliante pour cette autre Allemagne, chère à mon coeur à mon cerveau, qui avait été obligée d'embrasser un système communiste en 49, étant tombée quatre ans plus tôt dans la zone d'occupation soviétique : croyez-vous qu'ils ont eu le choix ? Et Dresde, rasée par les gentils Britanniques les 13 et 14 février 1945 dans le bombardement conventionnel le plus meurtrier de toute l’Histoire, qui l’a reconstruite ? Alors, dans cette autre Allemagne, régime détestable, police politique, certes, il n'est pas question de nier cela. Mais très haut niveau de prestations sociales, de sciences, de culture. Tout cela, parfaitement ignoré ici à cause de la propagande américaine, méritera un jour d'être dit, rétabli. J'ai connu ce pays, je m'y rends encore, régulièrement, ce sont la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques, une Allemagne extraordinaire, celle de Luther, de Bach, de Haendel, de Kleist, de Kant, des dernières années de Brecht, de Heiner Müller, de Christa Wolf.
Alors voilà, moi qui n'ai jamais été communiste, il se trouve que je n'ai jamais, non plus, fait partie des anti maladifs, je veux parler des cinglés du maccarthysme, des manipulés de la CIA, de certains ultras Bavarois pas encore remis de la République des Conseils en 1919, des papistes noirs de la Democrazia Cristiana, des libertaires soixante-huitards devenus ultra-libéraux. Et de toute une frange de pensée qui a besoin d'un Grand Satan. La vision, en un mot, de nos chers amis américains. Ceux qui nous veulent tant de bien.
Pascal Décaillet