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  • Philippe Jaccottet : l'autre vie

     
    Sur le vif - Vendredi 26.02.21 - 16.27h
     
     
    Je repense à Philippe Jaccottet. Je viens de visionner plusieurs de ses interviews, dont certaines magnifiques, chez lui à Grignan. L'écouter est impressionnant : il parle de poésie en termes très simples, avec un souci de précision, de cadastre des mots, qui laisse imaginer la dureté, et sans doute jusqu'à une certaine férocité, de son chantier avec le texte, quand il écrit, ou quand il traduit.
     
    Il parle de la Drôme provençale, de la lumière, de la source, de la mort. Il parle de cette retraite, qu'il avait choisie avec son épouse dès 1953, comme d'une possibilité d'éclore, une condition nécessaire à la vie. Il ne va pas à Grignan pour fuir le monde, mais pour enfin y accéder. Trouver la vie.
     
    Quelle vie ? L'autre vie ! Celle des mots, celle des textes.
     
    Et puis, je viens de visionner aussi une autre émission, qui m'a bouleversé : le journaliste Jean-Pierre Moulin, début 1977, évoque les Romantiques allemands, en compagnie des deux hommes, peut-être au monde, les plus aptes à en parler : Philippe Jaccottet, qui a fréquenté certains d'entre eux jusqu'à tenter l'aventure de la traduction ; et puis, mon professeur Bernhard Böschenstein. A l'époque de l'interview, j'étais son étudiant. C'est un homme qui m'a infiniment marqué : au gamin que j'étais, il a jeté des pistes, il est possible que j'aie pu en saisir une ou deux.
     
    Enfin, je pense à Jaccottet traducteur de Thomas Mann. Je suis en train de relire "Der Tod in Venedig", en allemand, je n'ai plus en tête la version de Jaccottet, mais à chaque mot, à chaque souffle, à chaque silence, je ressens dans ma chair la difficulté du chemin qui a dû être celui du traducteur. Il arrive, dans ce texte, que la phrase soit d'une extrême complexité : le passeur doit restituer cela en français, le rythme musical, tout en établissant la plus limpide des clartés. Traduire, c'est cheminer dans ce paradoxe.
     
    Je suis heureux d'avoir revu ces interviews. On y découvre un homme simple, presque austère, très aimable, parlant sans fioritures ni souci d'effets, refusant toute espèce de sacralisation lyrique, ou éthérée, de la poésie. Il nous invite sur un chemin de précision, où le contour de chaque mot est ciselé dans la lumière. Êtes-vous dans la Drôme pour Dieu ou pour la terre, lui demande le journaliste ? Pour la terre, répond-t-il simplement.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Philippe Jaccottet (1925-2021) : l'homme qui transformait l'or... en or !

     
    Sur le vif - Jeudi 25.02.21 - 12.35h
     
     
    Philippe Jaccottet ! J'apprends à l'instant, comme nous tous, le décès de ce magnifique poète et immense traducteur. J'y reviendrai. Mais j'aimerais juste dire, là, tout ce que la littérature grecque et la littérature allemande doivent à ce passeur.
     
    Les traductions de Jaccottet sont non seulement d'une rigoureuse conformité philologique au texte de départ, mais elles constituent, en tant que telles, des moments de poésie intense. Parce que le passeur a pesé chaque mot, pris le temps du choix, voulu que sa restitution soit à la fois même et autre. Cet homme a intensément vécu le mystère même de la traduction, qui est une singulière alchimie, puisqu'elle est transforme l'or... en or !
     
    Oui, je reviendrai sur son travail de traducteur, qui m'a tant accompagné. Aucun helléniste, aucune germaniste, aucun amateur de poésie ne peut, en ce jour, se sentir autre qu'orphelin. Un magicien des mots nous a quittés.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Un absolu scandale en Ville de Genève

     
    Sur le vif - Jeudi 25.02.21 - 10.15h
     
     
    Si vraiment la Ville de Genève a puisé près d'un million, dans un fonds voué exclusivement aux personnes âgées, pour l'attribuer à des requérants, alors non, nous ne passerons pas cet absolu scandale sous silence.
     
    Nous, citoyens et contribuables de la Ville, attendons des instances de contrôle qu'elles fassent toute la lumière sur cette affaire. M. Apothéloz, à juste titre, a remis la Ville à l'ordre. Mais cela ne suffit pas : comment un tel détournement - car c'en est un - a-t-il été possible ?
     
    Surtout, comment l'autorité politique élue peut-elle, dans la période de crise que nous traversons, priver nos aînés d'aides dont ils ont tant besoin, pour satisfaire à la traditionnelle idéologie de gauche, qui préfère, encore et toujours, se soucier de l'altérité lointaine plutôt que de la souffrance des nôtres ?
     
    Nous voulons la lumière sur cette affaire. Nous irons jusqu'au bout. Parce que le 25, rue du Stand, en comparaison, c'était une aimable péripétie.
     
     
    Pascal Décaillet