Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 16

  • Libre circulation : la trahison syndicale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.09.20

     

    L’initiative dite de limitation, proposée par l’UDC, sur laquelle nous votons le 27 septembre, demande que la Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers. En clair, qu’elle recouvre sans tarder une souveraineté totalement perdue depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes. Vous me direz que cette dernière, avec les accords bilatéraux (mai 2000), a été voulue par le peuple suisse. C’est exact. Mais le peuple a été trompé. Les flux migratoires, sur notre pays, ont atteint des dimensions infiniment supérieures à ce qu’on nous racontait il y a vingt ans. Une concurrence féroce, soutenue par une sous-enchère salariale déloyale pour les travailleurs suisses, s’est abattue sur notre pays : certains patrons (pas tous, loin de là) ont offert à des travailleurs étrangers des postes nettement moins rémunérés que les mêmes, pour des salariés suisses. Certains de nos compatriotes ont perdu leur emploi à cause de ce mécanisme.

     

    Il existe donc, dans notre corps social, parmi nos concitoyens les moins favorisés, une souffrance liée à la libre circulation. Pertes d’emploi, sentiment d’être oubliés, lâchés par la société suisse, celle de leur propre pays ! Ce sacrifice, sur l’autel de l’ouverture des frontières. Et les fameuses « mesures d’accompagnement », que la classe politique et le patronat faisaient miroiter il y a vingt ans aux travailleurs suisses, n’ont absolument pas déployé leurs effets. Elles n’ont empêché ni la sous-enchère, ni les pertes d’emplois pour des salariés suisses. Elles ont juste été des mots.

     

    Dans ces conditions, le ralliement des syndicats suisses, à commencer par leur grande centrale faîtière, au principe de libre circulation, apparaît comme une incompréhensible trahison des intérêts fondamentaux des travailleurs de notre pays. C’est le patronat qui doit se frotter les mains ! Il fut un temps où les syndicats de notre pays protégeaient les ouvriers et les ouvrières suisses. Ils étaient patriotes. Ils étaient guidés par un sentiment national de cohésion sociale. Aujourd’hui, vermoulus par une certaine idéologie internationaliste, où les nations et les frontières n’existeraient plus, ils donnent l’impression de s’être arrachés aux racines de la nation, au profit d’un universel abstrait. Ce virage, pour la cohésion sociale de notre pays, est de nature à discréditer nos syndicats, pour longtemps, dans le débat politique suisse. Ne pensent-ils plus qu’à encaisser des cotisations, grossir, gagner en influence, étoffer leurs états-majors ? Tout cela, dans l’oubli du minimum de préférence aux citoyennes et citoyens suisses qu’on peut attendre de toute organisation professionnelle, dans notre pays, qu’elle soit patronale ou syndicale, d’ailleurs.

     

    Dans ces conditions, vouloir que la Suisse « gère de manière autonome » son immigration (il ne s’agit en aucun cas de la stopper, mais de la réguler), ne relève aucunement de la chimère. Mais du bon sens. Toute nation digne de ce nom, sur la planète, a le droit – et aussi le devoir – de contrôler ses flux migratoires. Pour protéger ses propres citoyennes et citoyens.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le rustre ne réfléchit pas, il déboulonne

     

    Sur le vif - Mercredi 02.09.20 - 08.15h

     

    L'école doit enseigner le tragique de l'Histoire. Ni plus, ni moins. Elle doit présenter aux élèves le monde, tel qu'il est, et non tel qu'il devrait être, en fonction des désirs idéologiques des différents enseignants.

    Elle doit aussi dire le monde, tel qu'il fut. Cela s'appelle l'Histoire. Passionnante entreprise intellectuelle : reconstituer une époque, dans sa totalité, politique, économique, scientifique, culturelle, littéraire, musicale. Cette époque jamais ne doit être jugée sur le plan moral, mais appréciée avec les outils de l'analyse historique. C'est une ascèse, qui exige connaissance et distance.

    Aux élèves, rien ne doit être caché. Il faut dire les choses, telles qu'elles furent. Les guerres, il s'agit, en tâchant de prendre exemple sur Thucydide, dans sa Guerre du Péloponnèse, de les expliquer froidement, analytiquement, sans passion, en fonction de leurs causes réelles (économiques, bien souvent). Cela implique de lire les textes du moment, dans la langue, d'en dégager la part d'intoxication ou de propagande, de demeurer critiques face aux sources.

    Cette attitude de scepticisme constitue, en Histoire, une hygiène de la pensée. Autrement nourrissante, sur le plan intellectuel, que le jugement moral a posteriori, l'anachronisme des rustres.

    Car le rustre ne réfléchit pas. Il déboulonne. Faisant cela, il croit s'affranchir. En vérité, il s'entrave. Il s'enferme dans son jugement anachronique. Il s'incarcère dans la morale. Croyant ouvrir les yeux sur le passé, il se rend aveugle à la complexe vérité du monde.

     

    Pascal Décaillet

  • L'état sauvage

     

    Sur le vif - Mardi 01.09.20 - 13.59h

     

    Très grande violence dans les bistrots genevois : on s'étripe sur la Présidence tournante du Conseil d'Etat. Les coups et les insultes pleuvent. Le sang coule. Les muqueuses vacillent. On s'arrache les masques. On se jette au visage les reliques de Chasselas. Les portraits de François Longchamp sont extirpés des murs, on y replace ceux du Général Guisan. On s'assomme avec de vieux exemplaires du Contrat social. On vitupère. On se lacère. On injecte de sang des regards de fauves. Sujet passionnel, viscéral. Genève, martyrisée. Sulpicienne. Jouissante de souffrance. Genève, extatique.

     

    Pascal Décaillet