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  • Zentrum : le PDC nous prédit le passé !

     

    Sur le vif - Samedi 05.09.20 - 10.45h

     

    Il faut se méfier des promesses de renouveau. Souvent, conformément aux Écritures, elles réinventent les antiques prophéties. Ainsi, le nouveau nom du PDC. En français, Le Centre. En allemand, Die Mitte. Pourquoi, Die Mitte ? Parce qu'ils n'ont tout de même pas osé nous sortir l'autre mot : Das Zentrum ! C'est pourtant ce mot qui signifie le centre, Die Mitte ce serait plutôt le milieu.

    Ils n'ont pas osé, parce qu'il savent que la charge du mot est explosive. Le Zentrum, c'est une part inaliénable de l'Histoire allemande, en tout cas entre 1870 (sa fondation officielle, l'année de la victoire de Bismarck sur Napoléon III) et 1933 (l'avènement du Troisième Reich, qui s'empressera de dissoudre ce témoin encombrant de l'Allemagne impériale, puis républicaine).

    Le Zentrum, pour faire court (mais il faudra que je fasse un jour beaucoup plus long, que je remonte à la dissolution du Saint-Empire en 1806, à la perte du pouvoir temporel des Princes-Evêques, à la nécessité d'exister des catholiques allemands au dix-neuvième, au Kulturkampf, à la capitale et taboue question autrichienne, à la guerre austro-prussienne en 1866, soldée par la bataille de Sadowa, éclatante victoire du Général von Moltke, etc.), c'est le parti catholique dans les Allemagnes de l'Unification, de l'Empire (1871-1918), puis de la République de Weimar (1919-1933).

    C'est le parti catholique, et, bien qu'il ne fût pas celui du Prussien Bismarck, c'est le premier parti au Reichstag entre 1881 et 1912. Les fameuses lois sociales de Bismarck, protection des travailleurs, premières assurances, durée du travail, sont acquises grâce au Zentrum. D'ailleurs, à partir du moment où le Chancelier de fer joue la carte protectionniste, le Zentrum se rallie à sa politique économique et sociale.

    Le Zentrum survivra à la Révolution du 9 novembre 1918, à l'Armistice signé le surlendemain, et continuera, avec les sociaux-démocrates, à jouer un rôle important sous la République de Weimar. La CDU-CSU, parti d'Adenauer, reprendra dans l'après-guerre sa part de marché.

    Retour en Suisse. Le PDC n'est pas fou. Il veut bien changer de nom, mais en langue allemande, il ne saurait se parer d'un attribut aussi chargé de mémoire et d'émotion historique, Alors, aux splendeurs du souvenir, il a préféré le langage des géomètres et du cadastre : il s'appellera, si ses instances le veulent bien, Die Mitte.

     

    Pascal Décaillet

  • La Fête-Dieu du Climat

     

    Sur le vif - Vendredi 04.09.20 - 16.19h

     

    A Genève, on emmerde à longueur de journées les braves gens, les honnêtes pékins qui bossent et qui paient des impôts, avec des consignes à n'en plus finir, des traçages ahurissants, et on laisse les éternels agitateurs - toujours les mêmes, toujours la même gauche rugissante - se masser dans les rues. Parce qu'on n'ose rien faire contre certaines causes, sanctifiées. On n'ose pas interdire. On se plie devant le moindre "collectif". On se prosterne devant la première "coordination" autoproclamée.

    Ce ne sont plus des manifestations, puisque l'autorité les encourage. Ce sont des processions. C'est la Fête-Dieu du Valais conservateur de naguère, photos noir-blanc de mes albums d'enfance, quand les huiles du pouvoir temporel défilaient en tête du cortège, avec le Clergé. Une seule idéologie, embrassée par le pouvoir, légitimée par l'encens. C'est la nouvelle religion.

     

    Pascal Décaillet

  • Laisser aller l'oeuvre de vie

     

    Sur le vif - Vendredi 04.09.20 - 09.20h

     

    Depuis un demi-siècle, je me passionne pour la poésie allemande, pour la musique allemande, et pour l'Histoire politique allemande.

    Adolescent, je me trouvais bien tortueux. Je m'en voulais de me compliquer la vie. Je me disais : "Tu vas partir dans tous les sens, choisis ! Garde la poésie et la musique, laisse l'Histoire politique. Ou le contraire".

    Je n'ai rien choisi, jamais. J'ai tout laissé germer. J'ai laissé œuvrer l'ébullition brouillonne. Il faut dire qu'à l'époque, ceux qui s'occupaient d'Histoire n'avaient pas du tout le même profil, le même rapport au savoir, aux textes, que les passionnés de littérature. Ne parlons pas de la musique. Je faisais partie des littéraires. Nous prenions de haut le positivisme des historiens.

    J'ai vieilli. Et aujourd'hui, tout doucement, sans que cela fût un effet de ma décision, il me semble qu'une forme d'unité entre ces trois domaines, dans ma perception totale des réalités germaniques depuis 1522, commence à poindre. Ces fameux liens invisibles, qui m'obsèdent tant, que je recherche tant, commencent, ici ou là, à s'établir. Je donnerai de nombreux exemples, dans les mois qui viennent. Autour du Sturm und Drang. Autour de Hölderlin. Autour de Beethoven. Autour de Richard Wagner. Autour de Richard Strauss. Autour du Romantisme littéraire et musical. Autour du Lied. Autour de Paul Celan. Autour de Brecht. Autour de Heiner Müller. Autour de la littérature en DDR. Autour de la difficile question autrichienne. Autour de Martin Luther. Autour de Günter Grass. Autour de Thomas Mann. Pour ne prendre que quelques domaines.

    Une passion intellectuelle doit parfois se méfier du volontarisme. Il y a un moment où il faut laisser, au fond de soi, s'opérer les fusions, se dessiner le chemin de vie de ce qui, un jour, après lente maturation, vous apparaîtra cérébralement comme un thème qui s'impose. Ne rien précipiter. Laisser aller l’œuvre de vie.

     

    Pascal Décaillet