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  • Face aux mensonges, la vérité des nations

     

    Sur le vif - Vendredi 10.01.20 - 15.11h

     

    Les nations ne sont pas mortes, c'est au contraire l'illusion multilatérale qui se déchire. A cette toile indécise, improbable, menteuse dans sa conception même, la vérité des nations, rugueuse, entêtée, factuelle, ancrée dans l'Histoire, survivra.

    Oh, le temps des nations n'est pas éternel, rien ne l'est ! Un jour, il laissera place à autre chose, tout comme la féodalité, à partir de 1789, a rendu l'âme, pour laisser éclore un monde nouveau.

    Un jour, les nations se dissiperont. Nulle organisation politique des sociétés humaines n'est immortelle, ni l'Antiquité, ni le Moyen-Âge, ni les Temps modernes, ni ce que nous appelons, depuis la Révolution française, l’Époque contemporaine.

    Les nations, un jour, auront fait leur temps. Oui, mais certainement pas aujourd'hui ! C'est beaucoup trop tôt. Toutes les expériences de supranationalité, exigeant des délégations de souveraineté à un échelon supérieur, se cassent la figure.

    L'échec patent de l'Union européenne à créer un véritable espace politique en est une preuve éclatante. A Bruxelles, à Strasbourg, on édicte, on réglemente, on tente d'huiler et d'administrer une machine à Tinguely, en réalité on tourne à vide, on patine. Il n'y a pas d'Europe politique. Et les discours du "ministre des Affaires étrangères" de l'UE (connaissez-vous seulement son nom ?), dans la crise USA-Iran, ont la force de frappe des feuilles mortes, dans la bourrasque.

    De même, l'échelon multilatéral échoue depuis exactement un siècle. La SDN, créée à Genève au lendemain de la Grande Guerre, n'aura empêché ni les pouvoirs totalitaires, ni la résurgence du tragique, ni la Seconde Guerre mondiale. L'ONU, lancée après 1945, n'aura jamais réussi à éviter la moindre guerre, ni surtout à équilibrer les forces entre les rapaces mondiaux, au premier desquels les États-Unis d'Amérique, et les plus faibles. Pire : elle aura, au final, cautionné la primauté des forts, leur pouvoir de domination, de prédation, de vie et de mort.

    Face à ces monstres, la bonne vieille nation, avec son organisation humaine, ses institutions, la consultation de son peuple, son périmètre donné, ses frontières, son décor, ses paysages, ses horizons reconnaissables, son Histoire, sa mémoire (même conflictuelle, il est sain qu'elle le soit), ses traditions, ses solidarités partagées, sa communauté de destin, sa fraternité toujours à inventer, n'est de loin pas morte.

    Oh, en 1945, elle n'avait plus trop la cote, et il y avait de quoi. Mais voilà, les temps ont changé, les grandes illusions libertaires de la fin des années soixante se sont dissipées, la toile multilatérale a montré ses limites. Elle a surtout prouvé que, loin d'équilibrer les pouvoirs, elle cautionnait les plus forts. C'est exactement ce qui arrive avec l'Union européenne depuis la chute du Mur de Berlin : l'Allemagne, depuis trente ans, ne cesse de monter en puissance, Bruxelles n'entreprend strictement rien contre ce déséquilibre.

    Alors, face au grand mensonge des constructions planétaires, ou continentales, la simplicité, la vérité, la traçabilité historique des nations refont surface. Les peuples d'Europe, aujourd'hui, se reconnaissent dans ces communautés d'appartenance, et rejettent de plus en plus les improbables toiles tissées pas des élites hautaines. La souveraineté des nations, ce sont les peuples qui vont, dans les années qui nous attendent, l'exiger. Le retour des frontières, ce sont les peuples qui le demanderont. Le contrôle des flux migratoires, ce sont les peuples qui l'imposeront.

    Être souverainiste n'a strictement rien d'incongru. C'est juste vouloir servir son pays, dans l'horizon et le périmètre qui sont les siens. Commençons par là. Cela n'empêche en rien de se passionner pour toutes les autres nations du monde, d'apprendre leurs langues, d'étudier à fond leurs Histoires, de dialoguer avec nos frères humains de la planète. Mais de grâce, commençons par organiser, là où nous sommes, dans un espace donné, la vie commune entre les humains. C'est déjà une sublime ambition.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Parler du monde, loin des cocktails

     

    Sur le vif - Jeudi 09.01.20 - 13.48h

     

    De Genève, nous devons assurément parler du monde. Car le monde est là, qui se presse dans notre ville, c'est précieux.

    Nous devons parler du monde, nous montrer totalement ouverts, curieux, aux événements de la planète, aux peuples, à nos frères humains venus d'ailleurs. Lorsque nous parlons du monde, c'est d'eux que nous devons parler, dans toute leur diversité, à eux que nous devons donner la parole.

    A eux, et pas spécialement aux apparatchiks de la "Genève internationâââle" (à prononcer comme "sociétâââl"). Car enfin, le but de notre ouverture est de parler du monde, non de se faufiler dans les cocktails des Ambassades ou des Missions internationales. Donnons la parole à ceux qui ne l'ont guère, n'allons pas surajouter au cliquetis verbal des officiels.

    A cet égard, tout en réaffirmant mon attachement profond à la couverture du vaste monde, en offrant des clefs de compréhension (c'est particulièrement valable pour l'Orient compliqué, où je me suis souvent rendu, et pour lequel je me passionne depuis l'enfance), je m'insurge avec la dernière énergie contre cette prétention, répétée ces dernières semaines, à "couvrir la Genève internationâââle".

    Non, désolé. Ca n'est pas le lieu organique des rencontres qu'il s'agit de valoriser en soi, pas plus que les pierres d'un théâtre ne dépasseraient en intérêt l'action scénique. C'est l'objet même des discussions qui doit être au centre. En évitant à tout prix (de mon point de vue) le cortège des officiels et la liturgie de la pensée autorisée. Et en valorisant au maximum les acteurs, les délaissés, ceux qui souffrent et ne bénéficient guère de tribune, ceux qui se battent pour la reconnaissance d'une nation, ou tout au moins d'une dignité humaine.

    Telle est ma conception, humaine et fraternelle, ouverte, éprise de connaissance et de partage, et non engoncée dans des codes cravatés, de la couverture internationale, à partir de Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Noirceur du pouvoir

     

    Commentaire publié dans GHI - 08.01.20

     

    2019 aura été, dans nos contrées, une année de préoccupations sociétâââles (à prononcer en prenant un air savant, et en laissant négligemment traîner le « a » final). On nous a construit, dans tous les sens, la théorie des genres, on a déconstruit (le mot qui fait fureur, plus prétentieux, à lui-seul, que tous les Marquis de Molière) nos stéréotypes. On nous a délivré du Mâle. On nous a annoncé la fin du patriarcat. On nous a corrigé la langue, les accords, on est venu polluer nos phrases, sous couvert d’épicène, de signes inutiles, plus lourds que le plomb. On nous a prédit la fin des nations, l’Apocalypse du climat. On n’a cessé de nous promettre un monde nouveau. Quel monde ?

     

    2020 pourrait bien être l’année du retour à des réalités plus dures, plus terrestres. La permanence des nations, contre les toiles multilatérales. La puissante volonté de cohésion des communautés humaines, au sein de frontières bien définies, et non à l’échelle d’un improbable messianisme universel. Entre les peuples, des rapports de forces. Entre les humains, la noire, la sinistre, l’éternelle malédiction du pouvoir, celle qui corrode et corrompt toute aspiration à la beauté des liens.

     

    Cette malédiction, nul n’y échappe. Ni les femmes, ni les hommes, ni les jeunes, ni les vieux. Dès qu’un humain envisage d’exercer sur un autre une forme quelconque de pouvoir, dès qu’il envisage d’exercer une domination, il entre dans ce chemin de mort qui nous disperse et nous divise. Nul d’entre nous n’y échappe : ni vous, ni moi, ni personne sur la Terre.

     

    Pascal Décaillet