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  • Un acte de guerre, irresponsable

     

    Sur le vif - 03.01.20 - 14.41h

     

    Depuis de longues années, une certaine Amérique veut la guerre avec l'Iran. Cette guerre, implacablement, cette Amérique la prépare. Il suffit de regarder les cartes : les frontières de la vieille Perse sont littéralement encerclées par des bases américaines. Elles ne sont pas là par hasard, ni en vertu d'autres guerres, comme celle (catastrophique) menée contre l'Irak au printemps 2003. Non, ces bases ont été sciemment implantées, au fil du temps, pour le scénario d'une offensive directe des États-Unis contre l'Iran.

    Un élément, dévastateur, nous frappe : cette Amérique-là semble exister, dans sa force de frappe et d'influence, de façon constante, invariante, quelles que soient les équipes au pouvoir. Comme un complexe militaro-industriel, financier surtout, qui vivrait sa vie et réaliserait ses desseins, en parfaite indifférence des choix politiques du peuple américain.

    Deux exemples : sous Barack Obama, Président relativement passif au Proche-Orient, mais ayant eu le mérite d'arracher l'Accord nucléaire international avec l'Iran, "cette Amérique-là" a continué de vivre sa vie, laissant parler le Président, tissant néanmoins sa toile financière, militaire et industrielle pour que les États-Unis soient en mesure, un jour, d'attaquer l'Iran. Comme si le Pentagone, la Maison Blanche, n'avaient sur cette toile que le pouvoir des mots, pas celui des actes.

    Deuxième exemple, Donald Trump. Voilà un Président que, pour notre part, nous défendons ici, depuis toujours, sur ses options de politique économique et sociale à l'intérieur (protectionnisme, modernisation des infrastructures, régulation des flux migratoires, etc.). Et dont, depuis toujours également, nous dénonçons avec force les options catastrophiques au Proche-Orient : soutien sans faille à la politique coloniale israélienne dans les territoires, reconnaissance de Jérusalem comme capitale, escalade guerrière contre l'Iran, mépris du monde arabo-persique. Eh bien sous Trump, "cette Amérique-là", en parfaite indifférence des déclarations ou rodomontades de l'hôte de la Maison Blanche, poursuit ses objectifs, place ses pions, prépare la guerre.

    Oui, il existe aux États-Unis une puissance auto-portée, indépendante des fluctuations politiques, capable de réaliser ses propres desseins, sans que rien ne la dérange. Nous sommes en année électorale. Trump a besoin, pour novembre, de toutes les forces du pays pour se faire réélire. Y compris des milieux comme les évangéliques très proches d'Israël, donc acquis à l'idée d'une guerre avec l'Iran.

    Le problème, c'est que Trump joue avec le feu. Et l'assassinat , il y a quelques heures, du puissant général iranien Soleimani en Irak, acte de guerre irresponsable, a de ces parfums de poudre qui embrasent les peuples. L'Orient compliqué, Trump ne le connaît pas. Il ne l'appréhende que par le truchement de ses conseillers, dont un nombre important fait partie du camp belliciste des faucons. Le camp de la guerre, aux États-Unis, n'est pas celui du peuple. Mais il est puissant, immensément riche, il peut étendre sa toile financière sur les théâtres d'opérations qu'il a choisis. Trump n'est pas, à la base, un interventionniste. Mais, dès les premiers jours de sa présidence, par le choix des hommes, il a montré une coupable inféodation aux partisans de la guerre avec l'Iran. Le reste ne fut que prétextes à inventer, provocations à monter, excuses à trouver. Et nous voilà, en ce 3 janvier 2020, à l'aube d'un possible embrasement général de l'Orient.

    Aux peuples d'Iran, d'Irak, à tous les peuples du Proche-Orient et du Moyen-Orient qui pourraient subir les conséquences dévastatrices d'une nouvelle guerre, nous, Suisses, devons dire notre humaine fraternité. Non que nous soutenions les régimes, bien sûr. Mais entre les peuples qui tentent de survivre, et l'ivresse de pouvoir des impérialistes, notre choix doit être clair. L'Orient compliqué, qu'il soit perse ou arabe, riche de millénaires d'une Histoire incomparable, mérite autrement mieux que les bombes de l'Oncle Sam.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Tibia, péroné, et puis des ailes !

     

    Sur le vif - Jeudi 02.01.20 - 01.51h

     

    2 janvier 1970 : il y a, jour pour jour, un demi-siècle, je me cassais tibia et péroné, peu avant 17h, autant dire à la tombée de la nuit, à l'issue d'une journée de ski commencée à 9h, à Verbier, avec mon père, au cours de laquelle j'avais fait trois fois le Mont-Gelé. Et puis, tout en bas, au Rouge, la piste pour débutants, juste avant de rejoindre notre chalet, un ruisseau, la fixation qui ne s'ouvre pas, et voilà le Père Décaillet, onze ans et demi, hors d'état de nuire, pour plusieurs semaines.

    Je vous passe l'agonie (sans calmants) dans la file d'attente de la minuscule clinique du Docteur Pilule (oui, tout le monde l'appelait comme ça !). L'événement, en soi, est d'un intérêt relatif pour la marche du monde. Mais pas pour votre serviteur ! Que fait un enfant immobilisé ? Réponse : il lit !

    Il lit quoi ? Mais tout ce qui se trouve dans la bibliothèque de ses parents, parbleu ! Oh, ce modeste amas n'avait rien de l'Ambrosienne, ni de la Mazarine. Mais c'était le nôtre.

    Au milieu de ma première année secondaire, je comprenais deux choses. D'abord qu'en classe, on peut être une star, rien qu'en arborant un plâtre. Et puis, qu'un humain immobile pouvait se mouvoir, mentalement, des milliers de lieues plus loin que les autres. Par le seul miracle de la lecture.

    La morale de l'histoire ? Il n'y en a pas. Juste un tournant dans ma vie. À l'époque, le réglage des fixations était approximatif. Et cet archaïsme technique aura peut-être été l'une de mes grandes chances.

     

    Pascal Décaillet