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  • D'une gauche l'autre

     

    Sur le vif - Jeudi 14.11.19 - 09.12h

     

    Les socialistes, je ne partage pas leurs idées, notamment en matière financière et fiscale, mais je les comprends. J'aime leur Histoire, depuis le milieu du dix-neuvième siècle, elle me passionne, elle appartient totalement au paysage politique de nos pays européens. Dans mon panthéon personnel, il y a les immenses figures sociales-démocrates d'un Willy Brandt, ou d'un Hans-Peter Tschudi. Je partage avec les socialistes les idéaux de justice sociale, de fraternité, de soutien aux plus défavorisés. Je rejette aussi beaucoup de choses, chez eux, dont le pacifisme, l'internationalisme, l'usage des déficits et celui de la dette. Je condamne aussi, avec la dernière énergie, leur tendance à oublier les fondamentaux du social, au profit du sociétâââl.

    Les Verts, je ne les comprends absolument pas. Enfin, si : je comprends - et partage - leur souci de protéger l'environnement. Mais de là à en faire un parti politique, à prétention généraliste ! Surtout, je suis totalement étranger à leur langage, urgence climatique, transfert modal, finance durable : leur liturgie n'opère sur moi aucune magie, je n'y perçois que la ficelle pour enlacer l'électeur. Je n'aime pas, non plus, leurs points communs avec les libéraux dans la surestimation de l'individu au détriment du collectif, encore moins leur utilisation de la morale, quand ça les arrange pour se faire élire : votez climat, ou vous serez responsables de la mort de la planète.

    Les socialistes, je ne suis pas des leurs, mais je les comprends, en profondeur, leur Histoire me passionne. Les Verts, eux, me donnent l'impression de surgir d'une autre planète, d'autres modèles de pensée, d'autres champs de références. Une seule chose, chez eux, m'apparaît avec une totale clarté : l'immensité de leur opportunisme, un jour Fukushima, l'autre jour le climat, pour se saisir des peurs d'un moment, et se hisser vers les attraits du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Droite genevoise : les rois de la machine à perdre !

     

    Commentaire publié dans GHI - 12.11.19

     

    A Genève, comme nous l’avions dûment prévu ici même, le duo de gauche, constitué de la Verte Lisa Mazzone et du socialiste Carlo Sommaruga, a remporté l’élection au Conseil des Etats. Ils seront, pour quatre ans, les représentants du canton dans cette Chambre. Le résultat est sans appel, la gauche est partie en ordre de combat, la droite nous a affiché les divisions dont elle a le secret, il n’y a pas de miracle, c’est ainsi. On notera tout de même que ce mécanisme perdant est une véritable spécialité de la droite genevoise : en Valais, dans le canton de Vaud, la droite s’en sort fort bien. Nous avons, à Genève, les rois de la machine à perdre.

     

    Au Conseil des Etats, le duo de gauche, Vert-socialiste, en place depuis douze ans, va donc continuer, on change juste les personnes. En 2023, il y aura donc eu seize ans sans le moindre représentant de droite à la Chambre des Cantons, alors pourquoi pas vingt, vingt-quatre, etc. ? L’une des clefs de la réponse tient à la diversité idéologique des droites genevoises, pour des élections nationales, face à des enjeux aussi cruciaux que les rapports entre la Suisse et l’Union européenne, le protectionnisme face au libre-échange, le souverainisme face aux ensembles multilatéraux. Dans ces domaines-là, l’UDC et le PLR (ne parlons pas du PDC !) représentent bel et bien deux conceptions diamétralement opposées. Les associer sur une affiche électorale, avec une personnalité de chacun de ces partis, représenterait au fond une contradiction. On appellerait l’électeur à voter à la fois pour le chaud et pour le froid, pour le noir et pour le blanc.

     

    A cet égard, l’excellent résultat de Céline Amaudruz, partie seule, sans alliance, et décrochant tout de même plus de vingt mille voix, représente un double avantage. D’abord, c’est un résultat vrai, une photographie réelle de ce que représentent, à Genève, les forces souverainistes. Ensuite, la qualité de ce résultat, qui talonne la candidate du PDC, Mme Hirsch, est un indice de bonne santé de l’UDC genevoise, à quelques mois des municipales du printemps 2020. Là, sur les enjeux locaux, où n’interviennent ni la question européenne, ni celle de la souveraineté nationale, des alliances, commune par commune, face à la gauche, seront beaucoup plus crédibles que dans l’élection aux Etats. Sur la gestion financière, le refus de la dette et des déficits, la lutte contre l’Etat tentaculaire, mais aussi les questions de sécurité, PLR et UDC peuvent sans problème trouver une voie commune. Encore faut-il que le PLR, après avoir snobé pendant des années la section genevoise du premier parti de Suisse, commence à lui parler avec le minimum de respect qui sied à des alliés. Cela, pour l’heure, n’est pas encore gagné.

     

    Au PLR, le temps des fatigues patriciennes, arrogantes et dédaigneuses, est terminé. Une nouvelle ère s’ouvre, à Genève : celle d’une collaboration respectueuse, d’égal à égal, avec la droite souverainiste et populaire. C’est cela, la leçon de cette élection.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Faute de frappe sur Gaza

     

    Sur le vif - Mardi 12.11.19 - 15.36h

     

    Il faudra quand même expliquer un jour, concrètement, ce qui se cache derrière la traditionnelle expression "frappe israélienne sur Gaza".

    Le mot "frappe" est apparu lors de la première Guerre du Golfe, en janvier 1991. J'étais journaliste à la RSR, je me méfiais de ce mot, qui suintait l'euphémisme, directement repris des communiqués de propagande de l'armée américaine.

    Le mot "frappe" est un terme voulu par les attaquants, dans le langage savamment pesé de leur communication à l'extérieur, pour laisser entendre qu'on s'est comporté de façon raisonnable, ciblée, évitant au maximum les victimes aux alentours, non-concernées par le conflit entre militaires.

    Le mot "frappe" est destiné à rendre l'assaillant sympathique. Donner de lui l'image d'un guerrier humain, limitant la casse.

    La réalité, celle de Gaza 2019, comme celle de l'Irak 1991, ou du Vietnam des années 60/70, n'a évidemment rien à voir avec ce montage intellectuel.

    La réalité, c'est cette autre invention de vocabulaire, odieuse, les "dommages collatéraux". Entendez les victimes civiles, autour de la "frappe chirurgicale".

    A Gaza, il n'existe de "frappes" que dans les communiqués de l'armée israélienne. La réalité est celle de bombardements d'une grande violence, sur un univers urbain d'une extrême densité : imaginez un million et demi d'habitants, sur un étroit littoral, entre Genève et Lausanne !

    Il ne faut plus jamais parler de "frappes" lorsqu'il s'agit de Gaza. Ou alors, il faut préciser que ce mot trompeur est celui des communiqués israéliens.

    La guerre, c'est avant tout la guerre des mots.

     

    Pascal Décaillet