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  • Novembre 1918 : la Révolution allemande

     

    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 18.46h

     

    Novembre 1918 : nous approchons d'un mois du centenaire absolument capital. On peut citer, en vrac, l'Armistice (11 novembre), la grippe espagnole, qui fut une horreur absolue, ou encore, chez nous, la Grève générale en Suisse.

     

    Tous ces événements sont essentiels. Mais pour ma part, je me prépare depuis des mois (ou même depuis 40 ans, suivant comment on veut bien toiser mon degré de maturation dans la perception évolutive d'un épisode historique) à vous raconter ce qui m'apparaît comme le moment le plus cardinal de ce mois de novembre 1918 : la Révolution allemande.

     

    Elle a commencé 48 heures avant l'Armistice, le 9 novermbre. Elle a entraîné les Allemagnes, notamment la Bavière, dans une spirale d'événements assez complexes (d'où sa notoriété limitée, voire inexistante, dans le grand public). En 1918, et premier semestre 1919, une véritable guerre civile a déchiré les Allemagnes fraîchement vaincues. Entre Spartakistes et Corps-francs, on s'est battu violemment. Dans certaines villes allemandes, un an seulement après la Révolution russe, les communistes ont pris le pouvoir. La bourgeoisie allemande a tremblé, comme jamais. De cette période terriblement trouble, est né le NSDAP, le parti nazi, qui prendra le pouvoir 14 ans après, le 30 janvier 1933. Il faut lire tout cela dans un chef-d’œuvre d'Ernst von Salomon, qui s'appelle "Les Réprouvés", "Die Geächteten".

     

    Une fois de plus, je dois rendre hommage à un homme magnifique, à qui je dois tant. Il ne s'agit ni d'un historien, ni d'un écrivain, mais d'un spécialiste de cinéma. Il s'appelle Rui Nogueira. Entre mes 18 et mes 25 ans, avec un ami étudiant, je passais le maximum de soirées au CAC, qui était encore à l'époque Rue Voltaire. Nous allions tout voir, tant le Septième Art nous fascinait.

     

    J'animais moi-même un Ciné-Club à l'école où j'enseignais l'allemand, le C.O. Sécheron, auquel me lient tant de magnifiques souvenirs. Chez Nogueira, c'était magique : grâce à lui, j'ai découvert le cinéma américain, sous toutes ses facettes, souvent les moins connues ; le cinéma russe ; le cinéma polonais ; le cinéma de la DDR ; le cinéma sud-américain ; le cinéma italien ; et bien sûr le cinéma allemand, il faudrait dire "ouest-allemand", dont la plus grande figure, qui a forgé une partie de ma jeunesse, s'appelait Rainer Werner Fassbinder (1945-1982). J'ai vu tous ses films. Certains, maintes fois.

     

    Or, c'est justement Fassbinder qui venait de réaliser la Série Berlin Alexanderplatz (1980), d'après Alfred Döblin. Alors, grâce au cinéma, grâce à Nogueira, collisionneur d'émotions, j'ai su qu'il existait un chef-d’œuvre de Döblin, nommé "Berlin Alexanderplatz" (1929). Je me suis plongé dans Döblin, et j'ai su qu'il existait, de cet auteur, une autre œuvre majeure, "November 1918". Et c'est ainsi, au début des années 80, que j'ai commencé à me plonger dans la Révolution allemande.

     

    Cette Révolution méconnue, et pourtant capitale, cause directe de l'avènement du nazisme comme parti d'opposition et de combat (1919-1933), porteuse de toutes les passionnantes contradictions de l'Allemagne vaincue le 11 novembre 1918, je me propose de vous la raconter, ici même. Ce sera d'ici quelques jours, ou semaines, courant novembre 2018. Pour le centenaire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Mots d'ordre : à la poubelle !

     

    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 13.07h

     

    Je suis habité, depuis toujours, par l'idée que dans la nation, l'individu et le collectif se rejoignent. Ce qui les réunit, c'est l'engagement citoyen, comme celui posé, en Suisse, par une initiative populaire.

     

    L'initiative va chercher la totalité citoyenne, et en même temps elle va chercher l'intime conviction individuelle.

     

    Ce qu'elle ne va pas chercher, c'est la jungle des associations, corporations, partis politiques, corps constitués, qui envahissent l'espace public dans notre pays. Ceux, précisément, hélas, qui monopolisent l'attention dans les campagnes, avec leurs mots d'ordre.

     

    Les citoyennes et citoyens suisses sont des adultes, vaccinés, d'un très bon niveau moyen d'éducation. Ils comprennent parfaitement, tout seuls, les enjeux d'une votation fédérale. Ils sont totalement aptes à se faire une idée. Ils ont certes besoin de s'informer, en lisant les arguments des uns ou des autres, en regardant ou écoutant des débats, etc.

     

    Mais ils n'ont nul besoin de mots d'ordre.

     

    Il faut supprimer les mots d'ordre.

     

    Une citoyenne, un citoyen est une femme ou un homme libre. Il n'a nul besoin d'être materné par des partis. Il n'a nul besoin d'être pris en charge par des corps intermédiaires, qui cassent, fragmentent et divisent l'unité nationale, au profit d'intérêts partisans, corporatistes.

     

    Il n'a nul besoin de mots d'ordre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Fétu de paille, dans la tempête

     
    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 10.51h

     

    Toutes ces forêts d'associations, en Suisse, qui tiennent absolument à donner leur mot d'ordre, à chaque votation fédérale.

     

    Elles en ont évidemment le droit. Mais enfin, pour la plupart d'entre elles, quel intérêt, quelle pertinence ? L'immense majorité d'entre elles n'ont strictement aucun rapport avec l'objet soumis au peuple et aux cantons. Je vais même vous dire une chose : je ne vois pas exactement en quoi, sur l'affaire des juges étrangers (25 novembre), l'avis des patrons aurait plus d'importance que celui des plombiers, ou des ramoneurs.

     

    Ce que charrie cette votation, c'est la question de la souveraineté législative d'une nation. Doit-elle être absolue ? Peut-on, au contraire, accepter dans certains cas de la déléguer ? Cela se discute, en effet ! Eh bien cette question, centrale, passionnante, est une affaire CITOYENNE. Elle n'est aucunement, en priorité, une affaire économique, ni patronale, ni syndicale.

     

    Je veux bien que le lobby des exportateurs, si puissant, si choyé par le PLR, nourrisse quelque angoisse à l'idée qu'on pourrait aller lui détricoter ces fameux "Accords de libre-échange", qui leur facilitent tant la tâche. Cela aussi, assurément, se discute. Mais désolé, cela est loin d'être l'essentiel dans la question soumise au peuple le 25 novembre !

     

    Cette question, celle de la primauté du droit national, n'est pas une question patronale, ni syndicale, ni celle d'une quelconque corporation. Non, elle vient interroger L'INTIME CONVICTION INDIVIDUELLE de chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays. Qu'il soit patron, employé, ou (comme votre serviteur) petit entrepreneur indépendant.

     

    Intime conviction individuelle : une initiative est une affaire du peuple avec le peuple, sans intermédiaires. Partie d'un petit groupe de citoyens, elle s'en vient questionner, un beau dimanche, à l'issue d'une campagne sonore et nationale, le corps entier des citoyens : plus de cinq millions de personnes. Les questionnant tous, dans leur totalité indivisible, elle les questionne à la fois CHACUN, INDIVIDUELLEMENT.

     

    Moi, citoyen, toi citoyenne, quelle est ma volonté profonde pour l'intérêt supérieur de mon pays ? Que la loi nationale soit sans recours ? Qu'elle puisse, dans certains cas, en souffrir ? C'est une question fondamentale ! Elle engage le rapport intime de chacun d'entre nous à l'idée nationale. Face à l'immédiateté sacrée de ce lien entre l'individu et le destin du pays, les mots d'ordre de la profusion d'associations de notre pays ne doivent pas peser plus qu'un misérable fétu de paille, dans la tempête.

     

    Pascal Décaillet