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  • Démocratie du Bien, démocratie du Mal

     

    Sur le vif - Lundi 29.10.18 - 12.26h

     

    Nos beaux esprits nous annoncent, au Brésil, "la fin de la démocratie". Rien de moins.

     

    Singulière vision. La démocratie brésilienne, par son suffrage universel, vient de fonctionner parfaitement. Il y a eu compétition entre deux candidats. 56% du corps électoral, au terme d'un processus régulier, a choisi l'un des deux. Une nette majorité a donc rejeté l'autre.

     

    C'est cela, justement, la démocratie, un arbitrage chiffré, objectif, mesurable. Au final, une majorité, une minorité. Elle a parfaitement joué, la démocratie brésilienne, il y a eu un vainqueur, un vaincu. Le peuple brésilien a fait son choix.

     

    D'ailleurs, si l'autre candidat l'avait emporté, nos beaux esprits auraient trouvé que la démocratie brésilienne étaient magnifiquement vivante ! Puisque, dans sa théologique sagesse, elle aurait rejeté la bête immonde.

     

    La bonne santé de la démocratie brésilienne dépend donc, chez nos beaux esprits, du succès ou du revers du candidat de leur choix. Et non d'une solidité institutionnelle, capable de transcender les partis.

     

    En clair : si vous votez pour le candidat du Bien, vous êtes un démocrate ; si vous votez pour le candidat du Mal, vous ne l'êtes pas. Cela porte un nom : cela s'appelle confondre la démocratie avec son propre camp.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Et si on respectait les majorités ?

     

    Sur le vif - Lundi 29.10.18 - 09.27h

     

    A chaque victoire, à l'issue d'un processus parfaitement démocratique, d'un candidat qui ne leur plaît pas (donc immédiatement qualifié de fasciste, dictateur, etc.), nombre de nos beaux esprits se strangulent immédiatement, se parent de la toge de la résistance à la bête immonde, et en appellent au "respect des minorités". La minorité des perdants.

     

    Fort bien. Je suis favorable à ce respect.

     

    Mais, la démocratie étant étymologiquement le pouvoir au peuple, entendez au corps électoral, le premier des respects, pour un démocrate, est celui dû à la décision d'une majorité.

     

    J'ajoute une chose : nos beaux esprits, quand c'est l'un des leurs qui remporte une élection, montrent en général le plus parfait mépris face à la minorité des perdants. Mais là, aucune importance. Puisque c'est pour la bonne cause.

     

    Pascal Décaillet

     

  • DDR : ma nostalgie

     

    Sur le vif - Dimanche 28.10.18 - 15.28h

     

    L'épisode de l'Histoire prussienne et saxonne appelé "DDR", entre 1949 et 1989, me passionne à un point que personne n'imagine. D'abord, parce que j'ai connu cette époque, j'ai passé l'été de mes quatorze ans sur la ligne de démarcation inter-allemande, qu'on appelait "Mur de fer", j'ai regardé tous les soirs les nouvelles de la DDR (qui n'étaient pas plus teintées de communisme que celles de la BRD ne l'étaient de capitalisme), j'ai lu les auteurs de la DDR, bref ce pays m'a touché.

     

    Le pays, pas le régime, bien sûr. Encore moins, la Stasi !

     

    Mais je ne supporte pas, encore aujourd'hui, d'entendre de beaux esprits parler de ces quarante ans d'Allemagne de l'Est, donc (pour être clair) de zone d'occupation soviétique, après la défaite du 8 mai 1945, comme d'un épisode historique où tout serait à jeter.

     

    Non seulement je pense le contraire, et mon attachement nostalgique (il faudrait dire "ostalgique") à la DDR est immense. Mais surtout, j'invite les beaux esprits d'aujourd'hui, à commencer par ceux de la droite libérale, à exercer le même esprit critique (qu'ils appliquent à la DDR) au corsetage idéologique de la BRD (l'Allemagne de l'Ouest) par le capitalisme, les États-Unis, l'OTAN. Je vous le dis : le niveau de propagande était le même qu'à l'Est.

     

    Alors certes, en BRD, il n'y avait pas la police politique. C'est incontestable. Mais enfin, qui sommes-nous pour juger cette moitié orientale de l'Allemagne qui, dans le partage du pays en 1945, est tombée sous occupation russe, donc obligation d'établir un régime de type communiste ? En effet, ces gens n'ont pas eu, pendant quarante ans, les libertés fondamentales auxquelles nous, ici, à juste titre, nous sommes tant attachés.

     

    Mais ils ont eu tant d'autres choses. Un mode de vie certes un peu vieillot, ne reposant pas (comme à l'Ouest) sur la sanctification de l'Argent et du profit. Mais un État, voyez-vous, qui a accordé une place exceptionnelle à la culture, à la musique, à la réflexion sur la littérature. Un État où les plus précaires bénéficiaient d'un filet social qu'on n'a pas toujours trouvé de l'autre côté, au Paradis du capitalisme. Un État qui vaut infiniment mieux que la réputation que voudraient nous en faire les ultra-libéraux.

     

    Un jour, j'écrirai quelque chose de solide sur la DDR. Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à ce moment si particulier de l'Histoire allemande. Peut-être, simplement, parce que c'est une partie très importante de ma jeunesse.

     

    Pascal Décaillet