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  • En être, ou ne pas être

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    Commentaire publié dans GHI - 17.01.18

     

    Il y a, dans le Forum de Davos, quelque chose de fascinant. Non qu’il existe, il en a bien sûr le droit. Non qu’il concentre, l’espace de quelques jours, une galaxie de pointures rappelant les plus étincelants bottiers de Milan. Non qu’il rayonne, depuis tant d’années, par une singulière légitimité auto-proclamée, dépassant de loin celle de toute réunion privée, ou mondaine, sur la planète. Rien de tout cela, non, non, non.

     

    Ce qui stupéfie, c’est l’empressement des politiques, au plus haut niveau de la Confédération, à vouloir à tout prix paraître dans ce cliquetis qui brille et virevolte. En être, ou ne pas être ! A cet égard, il était particulièrement choquant d’entendre, sur une onde publique, un confrère déclarer que notre Président, Alain Berset, allait tout faire pour obtenir un entretien avec Donald Trump.

     

    Choquant, parce que le Président des Etats-Unis a choisi de venir sur territoire suisse. A ce titre, c’est à lui, comme n’importe quel autre chef d’Etat, d’annoncer sa venue à M. Berset, et de solliciter un entretien, même de simple courtoisie, avec lui.

     

    Mais l’inverse, Alain Berset accourant vers Donald Trump au milieu des pingouins dans les cocktails, voilà qui confirme Davos comme un îlot entre ploutocrates, indifférents aux nations et aux convenances, agissant, partout sur la planète, comme bon leur semble. Parce qu’ils seraient au-dessus des lois. Nous, les Suisses, sommes citoyennes et citoyens d’un tout petit pays. Mais tous, nous tenons à son honneur, surtout face aux géants, dans le concert des nations.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Être conservateur

     

    Sur le vif - Jeudi 18.01.18 - 15.03h

     

    Être conservateur, pour moi, ça n'est pas revenir au passé. Je l'ai déjà écrit ici : j'étais enfant dans les années soixante, elles me laissent certes une profonde nostalgie, mais je ne prétends pas pour autant qu'elles aient été meilleures qu'aujourd'hui.

     

    Sur ce qui me passionne, en tout cas, l'acquisition des connaissances, les passerelles entre les différents domaines, il n'y a pas photo : enfant, puis ado, je passais mes jeudis et samedis à la Bibliothèque municipale, je dévorais les journaux et les encyclopédies. Aujourd'hui, tout cela, chacun d'entre nous l'accomplit face à son écran : internet est une invention absolument géniale pour tout esprit un peu curieux ! A cet égard, par exemple, pas question de refuser le progrès.

     

    Non. Être conservateur, pour moi, ça n'est pas une marche arrière vers le passé. Mais, assurément, c'est le connaître. Dans toute sa complexité. En écoutant toutes les voix de nos ancêtres, celles des vaincus comme celles des vainqueurs, celles des maudits comme celles des sanctifiés. Rien de moins idéologique que la démarche historique : comprendre les événements d'Algérie (1954-1962), par exemple, en se passionnant tout autant pour la vision des générations de colons, entre 1830 et 1962, que pour celle des différentes factions de la Résistance algérienne, depuis l'Emir Abdel Kader jusqu'aux Accords d'Evian, en passant par les grandes figures de Messali Hadj et de Ferhat Abbas.

     

    Être conservateur, c'est prendre acte du passé. Le monde n'a pas commencé avec nous. Il existe de puissants antécédents à notre irruption, il y a des chaînes de causes et de conséquences : tout cela, il faut l'étudier, en profondeur.

     

    Lorsque les guerres des Balkans ont éclaté, en 1990, il y avait ceux, très rares, qui avaient étudié de près l'Histoire complexe et passionnante de cette région. Et puis, en face, la masse de ceux qui n' y connaissaient rien, et n'ont jugé ces guerres que sur les présupposés moraux que nous balançaient les intellectuels parisiens à chemise blanche, immaculée. Celui qui connaît l'Histoire se méfiera des jugements moraux. Il usera d'autres clefs de lecture.

     

    Être conservateur, ça n'est pas refuser le présent : ce serait folie. Mais vouloir le vivre en respectant certaines valeurs qui vous semblent essentielles. L'humain, au centre de tout. Son épanouissement. La définition, par les communautés humaines, de projets collectifs, la seule réussite individuelle n'étant qu'un leurre. Le refus de l'économie spéculative, de casino. La présence de frontières, non pour isoler ni pour couper, mais pour définir les lieux d'appartenance. Le respect de l'environnement et des paysages. L'accès à la culture, pour tous. La lecture, à voix haute, dès les petites classes de l'école, des grands textes, avec la ponctuation bien marquée par la respiration. Avec le rythme, les silences, la mise en valeur de chaque syllabe, au bon endroit. Des lieux pour la musique, qui est au fond ma passion première : n'appelle-t-on pas cela un "Conservatoire" ?

     

    Le Conservatoire, tiens musical par exemple, que doit-il nous transmettre ? Les compositeurs du passé, certes. Mais aussi, ceux d'aujourd'hui ! Toute musique est contemporaine. Et là, dans cet exemple, il s'agit tout autant de faire connaître, en les "conservant", les créations les plus audacieuses, les plus récentes, avec ce qu'elles impliquent de transgression pour nos oreilles, que les chefs d’œuvre de Brahms ou de Haendel.

     

    Être conservateur, ça n'est pas aimer la poussière. C'est prendre la peine, délicatement, de souffler sur elle pour partager l'éclat de vie que les modernistes voudraient donner pour mort. Être conservateur, c'est cheminer vers l'idée, totalement révolutionnaire en soi, transgressive, insensée, de résurrection.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Cyril Aellen, meilleur élu : amplement mérité !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.01.18

     

    Nous l’avons, ici même, il y a près de sept ans, repéré comme l’un des plus grands espoirs de la politique genevoise. Après avoir été, fort jeune, le dernier président du parti libéral genevois, il a traversé le désert, nous l’avons soutenu. Et puis, à la fin de la précédente législature, il a accédé au Grand Conseil. Immédiatement, il y a montré des qualités reconnues par tous, ceux de son bord comme ses adversaires : intelligence, clairvoyance, lisibilité. Sur le fond, un libéral plutôt dur. Sur la forme, un immense respect dans le dialogue, une écoute des arguments adverses, ne serait-ce que pour mieux les démonter. Bref, Cyril Aellen est le meilleur. Ce que nous affirmons, dans ces colonnes, depuis des années, ce sont maintenant ses pairs qui l’établissent : le député PLR, spécialiste notamment des Finances, est élu, par les siens, meilleur député de la législature 2013-2018, dans un classement annoncé lundi 15 janvier par la Tribune de Genève.

     

    J’ai la chance de bien connaître Cyril Aellen. L’homme impressionne par son côté direct, franc et loyal, soutenu par la rectitude du regard, la clarté du verbe. Dans l’exercice de l’interview, la réponse est courte, charpentée sur l’essentiel, sans langue de bois, ni fioritures. Cela signifie que notre homme croit à la valeur intrinsèque de l’argument, parie sur l’intelligence du récepteur, sans chercher à l’entourlouper dans d’inutiles circonvolutions. A cet égard, il rappelle un autre député PLR, le philosophe Jean Romain, sans doute aussi un certain Pascal Couchepin, lui-même disciple de Mendès France. Cette mise en valeur, sobre et simple, de la démonstration, constitue un atout majeur de la méthode Aellen. Jamais la moindre attaque personnelle. Jamais d’écart. Juste la précision ciselée du propos.

     

    Cyril Aellen est, profondément, un libéral. Au sens de la responsabilité individuelle. Cela m’a maintes fois amené, dans des discussions passionnantes avec lui, à l’affronter sur le rôle de l’Etat (capital à mes yeux, moindre aux siens), l’étendue de ce qui doit être régulé. Sur ce point, oui, nous divergeons. Mais quel plaisir, toujours, de confronter ses arguments aux siens, dans une recherche commune de l’intérêt public. Car cet avocat, à cet égard entrepreneur, ne saurait en aucune manière réduire la réussite humaine à l’aventure individuelle : il croit en la politique, en sa capacité de changer les choses. Nous sommes, avec lui, à des années-lumière du capitalisme de casino, avec ses boursicoteurs allumés comme des cigales par le cours de l’action. Dans le rapport de Cyril Aellen à la responsabilité individuelle, il y a toute la profondeur d’une origine rurale, on oserait presque dire « agrarienne ». Il y a, aussi, les lumières de l’héritage protestant. Bref, voilà un homme sur qui Genève peut compter. Sa première place, comme la deuxième de Jocelyne Haller et la troisième de Sophie Forster Carbonnier, est totalement méritée. Il est bon, parfois en politique, de parler aussi de ce qui se porte bien. En l’espèce, l’excellence, au service du bien commun.

     

    Pascal Décaillet