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  • Sept personnages en quête de hauteur

     

    Sur le vif - Mercredi 11.06.14 - 17.27h

     

    Il ne saurait être question que ceux qui se prétendent observateurs attentifs de la vie politique se contentent de rendre compte, porter la parole du pouvoir, lui tendre un miroir. A cet égard, l’exercice de majesté appelé « conférence de presse » doit toujours être lu en décryptage, sinon autant postuler directement comme attaché de presse des puissants. On s’attachera donc à y déceler les rapports internes de pouvoir, en dégager les desseins réels, en interpréter la répartition de la parole et les effets chorégraphiques. Communiquer, c’est porter le geste et la parole. Du côté de ceux qui reçoivent le message, s’inscrire dans la lucidité, et non dans l’obédience, c’est traduire, et traduire encore.

     

    Dans la conférence de presse du Conseil d’Etat sur le programme de législature, qu’avons-nous vu ? D’abord, le Prince. Celui qui ouvre la cérémonie, titre les chapitres, donne et reprend la parole, et finalement conclut. La parole, il l’offre d’abord à son vice-président et collègue de parti, puis au fidèle ministre des Finances, puis aux autres, certains demeurant longtemps dans le rôle du mime avant d’accéder au miracle du langage. Ce qu’on donne à VOIR nous en apprend évidemment plus que ce qu’on dit, le contenu de la conférence de presse brillant d’ailleurs par sa maigreur : rien de ce qui fut évoqué cet après-midi, entre 15.15h et 16.15h, par un gouvernement aux affaires depuis six mois, ne l’avait été, parfois mot pour mot, lors des débats que nous avions organisés lors de la campagne électorale de l’automne 2013. Rien. Six mois de surplace ?

     

    Rien. Le président, au tout début, nous annonce un programme de rigueur, mais on nous dit sur la fin que le vrai plan d’économies – celui que tous attendent – ne sera dévoilé que cet automne. Donc, rien. Le ministre des Finances, M. Dal Busco, nous confirme le chiffre de 13% pour l’impôt sur les entreprises. Rien de nouveau. Pierre Maudet nous parle de l’aile-est de l’aéroport, sans rien nous dire sur les difficultés de ce chantier. Rien. Mme Emery-Torracinta nous parle jeunes en rupture et manque de places en formation duale, toutes choses que nous avions, pour notre part, exactement pointées lors des débats électoraux de l’automne dernier. Elle énumère les problèmes (nous avions multiplié les débats sur ces sujets), mais nous laisse orphelins de pistes pour les résoudre. Après six mois de stage de mime à l’École Marceau, on en attendait franchement plus.

     

    Idem, M. Poggia nous parle réinsertion des chômeurs en fin de droit – là aussi, nous avions consacré d’innombrables débats cet automne – sans nous dessiner vraiment d’issue. MM Barthassat et Hodgers s’expriment sur la fin, sans que leur pensée – sans doute la fatigue du spectateur – puisse être résumée à du concret.

     

    Au final, un beau septuor, une distribution parfaite de la parole, du papier à musique. Mais à retenir de nouveau, rien ou presque. Le gouvernement, qu’a-t-il fait ? Il a fait monstration théâtrale et chorégraphique de sa capacité collégiale. Fort bien. Mais pour nous dire QUOI ? A vrai dire, rien de plus que ce que tout observateur un peu averti de la chose politique genevoise pouvait dégager lors de la campagne électorale. Nous avons donc VU le Conseil d’Etat. Nous l’avons ENTENDU PARLER. Mais nul message nouveau n’a émergé. Au fond, le gouvernement a annoncé la couleur, comme dans une ouverture musicale. Mais la symphonie, ce sera pour une autre fois. Une autre législature. Ou une autre vie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Parlement rejette Ecopop - Et alors ?

     

    Sur le vif - Mercredi 11.06.14 - 11.34h

     

    Comme il fallait s'y attendre, les journaux tartinent à mort sur le sort réservé à Ecopop par les Chambres fédérales, alors que l'avis du Parlement sur une initiative populaire, dûment munie des signatures requises, n'a qu'une importance mineure.


    Une initiative - je le répéterai chaque fois, autant qu'il le faudra - n'est pas une affaire du Parlement, du moins pas prioritairement. Elle est une affaire du peuple avec le peuple. Le défi lancé à l'ensemble du corps électoral par un petit groupe, au début, d'hommes et de femmes, les inititiants, qui va s'élargissant jusqu'à, un beau dimanche, peut-être s'imposer, et modifier notre Constitution.


    Et c'est précisément là où les parlementaires ont démérité, pas fait leur boulot, pas senti les préoccupations profondes de la population, que des initiatives sont lancées. Alors, bien sûr, elles désavouent les parlementaires. Alors, bien sûr, les parlementaires entreprennent toutes choses, à commencer par cette odieuse comédie de l'invalidation, pour tenter de les discréditer.



    Il ne faut pas se laisser faire par les parlementaires. Une initiative, ce sont le peuple et les cantons qui doivent la trancher. Et les journalistes affidés au pouvoir en font beaucoup trop sur l'avis du Conseil fédéral, l'avis du Parlement, l'avis des experts, le "droit international supérieur".


    De grâce, laissons le peuple de ce pays lancer des initiatives. Le corps électoral tout entier, près de quatre millions de personnes, est largement assez mûr pour juger s'il faut les accepter ou les refuser. Cessons de multiplier les gesticulations des corps intermédiaires pour tenter de les entraver.

     

    L'initiative Ecopop, qui soulève des questions passionnantes, doit être tranchée par le peuple et les cantons. Un beau dimanche. Loin du Parlement. Loin du Conseil fédéral. Loin de Berne et de sa molasse. Le peuple et les cantons diront oui. Ou diront non. Ce sera leur décision, souveraine. Pour ma part, quelle qu'elle soit, je l'accepterai.

     

    Pascal Décaillet

  • L'enfer, c'est la Suisse

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 11.06.14


     
    Prenons un Milanais qui passe le Simplon, pour se rendre à Lyon. Ou un Allemand, qui descend en Provence, via notre pays. Pour ces deux voyageurs, l’enfer c’est la Suisse, En France, en Italie, les autoroutes sont magnifiques. Larges, spacieuses, avec des panneaux qui vous tiennent au courant de tout ce qui se passe, travaux annoncés vingt kilomètres à l’avance, déviations, et même conseils, toujours amicaux et respectueux, sur la nécessité de faire régulièrement des pauses, respecter les vitesses, etc.


     
    Oui l’enfer, c’est la Suisse romande. En débouchant sur l’autoroute valaisanne, direction Vaud, notre Lombard fera l’apprentissage des bouchons, sans aucun accompagnement explicatif, il devra payer un franc (ou un euro) pour se soulager. Notre Germain, dès la jonction au-dessus de Vevey, à la fin du toboggan, découvrira, en même temps qu’un paysage de rêve, l’étroitesse des autoroutes des années soixante, la menace écrite et affichée de lui retirer son permis alors qu’il n’a pas encore vraiment roulé, la circulation en accordéon ne lui laissant guère le loisir de dépasser les limites.


     
    En France, en Italie, on accueille le voyageur. On l’informe. On l’accompagne. On le traite en adulte. En Suisse, on le menace, avec ce ridicule panneau vaudois affichant le nombre de permis retirés. On l’infantilise. En ne lui offrant que des chaussées étroites et vieillottes. Triste image de notre pays, de sa capacité d’accueil, de son rapport à l’autre. A améliorer, d’urgence.


     
     
    Pascal Décaillet