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  • Ca sert à quoi, un Parlement ?

     

    Publié dans GHI - 11.06.14

     

    La question est simple : pourquoi un canton d’un demi-million d’habitants doit-il déléguer à cent d’entre eux non seulement d’importants pouvoirs pour la vie de la Cité, mais aussi une visibilité, une notoriété donnant l’impression qu’ils seraient l’alpha et l’oméga de notre vie politique ? Les Parlements, ces assemblées qui, dans nos contrées, font les lois depuis la Révolution française, ont-ils encore un sens à l’époque de l’information partagée, où d’autres modèles de citoyenneté, incluant beaucoup plus de monde, sont imaginables ? Il ne s’agit pas, comme on tente mensongèrement de nous le faire croire, d’un débat opposant l’institution à l’opinion. Mais tentant de mettre en dialogue l’institution actuelle (parlementaire), face à d’autres institutions, plus globales, à inventer. Où le démos (le corps électoral) serait simplement élargi, comme il l’est déjà aujourd’hui dans les initiatives et les référendums.

     

    Musique d’avenir ? Oui, bien sûr. Mais il faut y réfléchir. Parce que les temps ont changé. L’époque des Diètes, dans lesquelles on envoyait siéger des notables, date du temps des diligences. D’où l’habitude, assez étrange, qu’a gardée le Parlement suisse de ne se réunir, de façon ordinaire, que quatre fois par an, avec un calendrier connu des années à l’avance. Antique liturgie, en décalage avec les accélérations de la politique. Et puis, il y a le degré de connaissance des dossiers. Nous vivons aujourd’hui le temps de l’information partagée, c’est même la révolution majeure de notre époque. Si le suffrage universel peut se prononcer sur des initiatives et des référendums, pourquoi ne le pourrait-il pas plus systématiquement, non pour réagir à des lois, mais pour les créer lui-même ? D’ici deux ou trois générations, j’en suis certain, nos enfants ou petits-enfants auront empoigné ces problèmes.

     

    Evidemment, les parlementaires eux-mêmes (tous, cantonaux ou fédéraux) sont les premiers à refuser ce débat. Vous leur parlez extension du suffrage universel, ils vous traitent aussitôt de populistes, ou (pour les plus cultivés d’entre eux) de partisans d’une démocratie plébiscitaire, de type bonapartiste, où les pouvoirs intermédiaires (le leur, évidemment) perdraient du terrain. En nous répondant ainsi, en qualifiant avec mépris de « démocratie d’opinion » le pouvoir du peuple, ils nous mentent. Ils tentent de nous faire croire que d’un côté, il y aurait l’institution légitime, et de l’autre l’imprévisible férocité de l’opinion. Mensonge, oui : l’initiative et le référendum, par exemple, ne sont pas mouvements d’opinion, mais organes, parfaitement prévus par notre Constitution, de décision démocratique. Au même titre – ni plus, ni moins – que la délibération parlementaire.

     

    Je dis « ni plus, ni moins ». Il n’est aucunement question de supprimer l’institution parlementaire. Mais d’imaginer des modèles d’extension du suffrage universel. Surtout, refuser avec la dernière énergie ce grief de « populisme » jeté comme une antienne par  une caste intermédiaire qui, sous prétexte qu’elle a un jour été élue, entend confisquer au peuple une participation accrue aux décisions qui serait pourtant aussi salutaire que bienvenue.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Illisibles Verts !

     

    Coup de Griffe - GHI - 11.06.14

     

    Illisibles Verts ! On aurait pu penser, le 6 octobre 2013, que l’expérience de l’apnée, pour cause de plongée électorale, pût servir à ce parti de propulsion pour une cure d’opposition et surtout de clarté. Las ! Quelqu’un pourrait-il leur expliquer qu’il ne leur est plus nécessaire, désormais, de défendre à tout prix les réseaux du pouvoir en place, qu’ils ont le droit de les critiquer. Et qu’être un parti décidément trop jeune et sans Histoire, ne les oblige pas à ce regard de candeur sucrée sur le tragique du monde. Parlementaires, ils ne veulent surtout pas trop contrôler l’action du gouvernement. Qu’on leur parle commission d’enquête, ils s’étouffent. Et en plus, ils viennent nous faire la leçon sur la démocratie d’opinion. Légers, trop légers. Hors du monde. A force d’être nouveau, tout finit par vieillir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ecopop, "épouvantail pour l'UE" - Et alors ?

     
    Sur le vif - Vendredi 13.06.14 - 09.50h
     
     
    "Ecopop, épouvantail pour l'Union européenne", titre le Temps.


    Avant de nous dire ce qu'Ecopop représente pour l'UE, ce journal pourrait déjà commencer par nous expliquer les enjeux d'Ecopop. En quoi consiste cette initiative. A quelles carences, omissions ou impérities des pouvoirs intermédiaires elle réagit. Donner la parole aux initiants. Tenter de comprendre leurs motivations profondes. S'interroger sur les questions majeures brassées par ce texte, pour l'avenir de notre pays, en matière de démographie, de qualité d'environnement. Poser le problème en termes d'intérêts supérieurs du peuple suisse. Et non d'image donnée à l'UE.


    Une initiative s'inscrit dans les intérêts supérieurs du peuple suisse. On l'accepte, ou on la refuse, en fonction des intérêts supérieurs du peuple suisse. Notre horizon d'attente n'est pas celui de l'univers, mais celui, tellurique, de notre appartenance à un destin national commun. Chacun juge, et un beau dimanche on tranche. Une initiative est une affaire du peuple suisse avec le peuple suisse, et non avec la carte de visite que nous souhaitons présenter à Bruxelles.
     

    La question de l'image que notre décision souveraine, celle de notre peuple et de nos cantons, délivre à l'institution (au demeurant chancelante) appelée "UE" doit venir loin après la pesée de nos intérêts nationaux. Par rapport à ces derniers, elle est très accessoire.


    A force de génuflexions apeurées face à tout ce qui ressemble aux conglomérats multinationaux, lesquels sont d'ailleurs en voie de liquéfaction, le Temps semble considérer comme dépassé, désuet, le stade d'une réflexion nationale. Il a tort, parce que non seulement l'échelon de la souveraineté nationale est encore là, mais il a peut-être un très bel avenir devant lui. En Suisse, comme partout ailleurs.


    Titrer sur cette cette affaire d'image est révélateur de l'idéologie de ce journal. Il a le droit de l'avoir. Nous, de la décrypter.
     
     
    Pascal Décaillet