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  • Matin dimanche: la leçon de Régis Debray

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    Sur le vif - Dimanche 21.07.13 - 09.50h

     

    Magnifique interview de Régis Debray dans le Matin dimanche. Appel à la mémoire et à la connaissance du passé. Non pour se figer. Mais justement pour avancer. Rejet du jeunisme. Pas rejet des jeunes: rejet du jeunisme !



    J'ai maintes fois interviewé Régis Debray, dont une fois, mémorable, en public au Salon du Livre, en pleine guerre des Balkans. Il appelait - comme son intervieweur - à ne pas diaboliser les Serbes, considérer l'Histoire de la région, sur plusieurs siècles, avant de juger. Je m'attendais à une salle hostile. Beaucoup furent finalement conquis par la rigueur de l'analyse. Il y eut même un épisode un peu fou, romanesque, surgissant, avec l'un des plus grands éditeurs que la Suisse ait jamais connus, d'origine serbe. Et qui portait le même prénom que Lénine.

     


    En attendant, précipitez-vous sur les pages 13 et 14 du Matin dimanche. L'interview est de Christine Salvadé. Et faisons-nous à l'idée, puisqu'il le faut, que la presse orangée est aussi riche et surprenante le dimanche qu'elle est dévastée par le vide en semaine.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les Pieds Nickelés font la planque

     

    Sur le vif - Samedi 20.07.13 - 09.28h

     

    Décidément, la Nickellerie Pédestre française ne recule devant rien. On savait déjà la Suisse sous intense surveillance des agents de Paris. On apprend ce matin, par la Tribune de Genève, que quelque Filochard ou Ribouldingue de fortune aurait été surpris en train de faire la planque devant la banque Pictet, pour noter les numéros de plaque des clients français. La planque devant l’entrée d’une banque ! Où chacun sait que le taux de caméras au mère carré relègue Hollywood au rang d’amateur.

     

    L’affaire est simple. Ou bien nos Pieds Nickelés ont agi de leur propre chef (nul doute, d’ailleurs, que leurs chefs s’en désolidariseront). Ou bien on arrive à établir qu’ils étaient en mission. Et là, ce serait, au cas il en serait encore besoin, la confirmation de la logique de guerre lancée contre notre pays par la France.

     

    Là où il y a opération de renseignements, aussi flagrante de surcroît, nous ne sommes plus dans le gentil concert des nations avec jolis drapeaux de l’ONU et courbettes dans le petit monde international de Genève, qui n’est qu’un mirage, mais bel et bien dans la naturelle sauvagerie des rapports entre Etats. Dès que les choses deviennent difficiles. Par exemple, dès que les caisses de l’un d’entre eux sont vides.

     

    Dès lors, le seul langage avec un pays qui use de telles méthodes ne peut être que celui de la plus extrême des fermetés. Au besoin, sans états d’âme, brandir des rétorsions. Au hasard, mettre sur la table une réforme de la fiscalité des frontaliers pourrait être une piste rafraîchissante. Dans la logique des courbettes, on se courbe. Dans la logique de guerre, on fait la guerre.

     

     

    Pascal Décaillet

  • Le soleil noir du déclin

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 19.07.13


     
    La Suisse traverse une période âpre et rude. Attaquée de toutes parts, elle passe son temps à tenter, avec une incroyable maladresse, de se défendre. Comme un enfant pris en faute. Comme si elle avait constamment à se justifier. Devant qui ? Devant des pays comme la France, ou les Etats-Unis, qui n’ont strictement aucune leçon à nous donner. La première, en vertu de l’état catastrophique de ses finances publiques, sa fiscalité confiscatoire, son arrogance. Les seconds, parce qu’ils ont juré la ruine de notre place financière, pour établir l’hégémonie de la leur, tout en maintenant leurs paradis d’évasion fiscale. C’est cela, sous les masques de la morale, le véritable enjeu. Ne pas le voir, c’est faire preuve d’une coupable naïveté. En politique, la candeur confine parfois au crime.


     
    Surtout, il faut que la Suisse rompe avec cette insupportable position défensive. Le scénario, comme à l’époque des fonds en déshérence, est toujours le même : un justicier providentiel, du côté de Washington, Londres ou Paris, entre en scène, brandit la morale, menace notre pays. Et nous, comme des agneaux, nous entrons en matière. Immédiatement, nous amorçons une grande psychanalyse collective, clamons nos fautes, encensons l’adversaire, faisons preuve pour lui d’une incroyable compréhension, qui n’a d’égale que notre indifférence à la légitime colère du peuple suisse. Lequel en a plus que marre de voir notre pays bafoué, ridiculisé, incapable de répondre avec classe, tenue, fermeté. C’est de lui, je vous le dis, oui d’en bas, que viendra un jour la réaction. Elle pourrait être dévastatrice.


     
    Oui, nous cirons les pompes de nos adversaires. Au lieu de les combattre. On ne compte plus, par exemple, dans les colonnes du Temps, les interviews complaisantes de personnalités françaises qui nous sont hostiles, ou suisses appelant à la génuflexion. Eux, on les entend tous les jours ! On les écoute, on les bichonne. Mais en contrepartie, la voix de la colère, celle de tous ces Suisses qui n’en peuvent plus de voir leur pays humilié, jamais, ou presque. Etrange, tout de même, cette exaltation de l’autre, ce confinement de nous-mêmes. Comme si être Suisse, ne pas avoir envie de se laisser faire, prôner la plus extrême des fermetés dans la négociation, être fier de son pays, relevait d’une forme d’archaïsme. A Paris, Eveline Widmer-Schlumpf monte chez Pierre Moscovici comme une vassale chez son suzerain. Didier Burkhalter laisse son secrétaire d’Etat Yves Rossier entrer en matière pour que la Cour européenne de justice devienne instance d’arbitrage entre l’Union européenne et nous, ce qui s’appelle clairement des juges étrangers. Notre Conseil fédéral passe son temps à se faire avoir. Mais à part ça, tout va très bien : et mon ami Pierre, et mon amie Eveline, et patati et patata. Et pour notre pays, qui mérite tellement mieux, le soleil noir du déclin.


     
    Pascal Décaillet