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  • Le Conseil d’Etat bafoue la séparation des pouvoirs

     

    Sur le vif - Mercredi 03.11.10 - 16.42h

     

    Suite à la récusation du juge Delieutraz, le Conseil d’Etat genevois vient de publier, sous la signature de François Longchamp, un communiqué déplorant l’interruption du procès. Déjà, ce titre « Le Conseil d’Etat déplore », où un exécutif vient fourrer son nez dans une décision de justice, est pour le moins étonnant.

     

    Mais le cinquième paragraphe de ce communiqué, lui, constitue clairement une atteinte au principe fondamental de séparation des pouvoirs : « Le Conseil d’Etat entend que le pouvoir judiciaire agisse avec détermination afin que le procès des anciens dirigeants de la BCGe et des réviseurs se tienne ».

     

    A François Longchamp, toujours fier de se réclamer des Lumières, on se réjouira d’offrir sans tarder un exemplaire de « L’Esprit des lois ». Et un rappel des trois grands ordres, bien distincts, qui fondent une démocratie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Doris et les écuries d’Augias

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 03.11.10


    L’excellent Philippe Nantermod a eu le courage de le clamer tout haut : parmi les nombreuses tâches qui attendent Doris Leuthard dans ses nouvelles fonctions, il y aura un incroyable ménage à faire dans les médias dits de service public, ceux que Pascal Couchepin appelle « radio d’Etat » ou « TV d’Etat ». Ceux, en tout cas, qu’engraisse un mode de financement (et de perception !) directement hérité de la régale ou de la gabelle d’Ancien Régime. Pudiquement, cela s’appelle « redevance ». En fait, rien d’autre qu’un impôt déguisé.

    Nous avons, en Suisse romande, d’excellentes radios ou TV privées, prenez Canal 9, La Télé ou Léman Bleu, cent fois moins dotées que le Mammouth, et qui font pourtant, jour après jour, de petits miracles. Débats citoyens, reportages, vie culturelle et sportive, petites équipes, guidées par l’enthousiasme, orientées sur le produit, loin de l’esprit d’Appareil qui paralyse la SSR. Par leurs résultats quotidiens, ces chaînes prouvent qu’on peut faire aussi bien, voire mieux, avec beaucoup moins de moyens. Il suffit d’avoir en soi la puissance de travail et d’invention, l’esprit d’entreprise, la fureur d’arracher des émissions. Et il faut, évidemment, renoncer une fois pour toutes, dans sa vie, à compter ses heures.

    Le discours que nous tient la SSR, ce chantage à une diminution des prestations si on ne leur donne pas encore plus d’argent, ne doit pas nous impressionner. Il faut simplement leur répondre : « Mais allez-y, diminuez-les, vos prestations, faites-les fondre, vos chaînes inutiles, virez vos apparatchiks, faites le ménage dans vos placards dorés, commencez par produire des programmes qui nous fassent un peu rêver, après on discutera ».

    Quant aux chaînes privées, celles que j’ai citées et d’autres, il est temps qu’elles lèvent un peu le nez de leurs fiefs respectifs, qu’elles jettent des passerelles entre elles. Cela passe par des émissions communes, supracantonales, de nature à fédérer l’intérêt de tous. Il est temps, aussi, de songer à une offre audiovisuelle romande privée. Qui ne sera ni une radio FM, ni une TV au sens classique, mais évidemment une plateforme multimédia. Ce jour-là, qui est à notre portée, les placardés et les apparatchiks du Mammouth pourront commencer à trembler.

    Pascal Décaillet






  • Et si on abolissait Carlo Sommaruga ?

     

    Sur le vif - Mardi 02.11.10 - 10.56h

     

    On savait, depuis Mallarmé, qu’il fallait abolir les bibelots d’inanité sonore. On a aussi aboli l’esclavage, la peine de mort, René Longet tente jour après jour d’abolir la rhétorique, Romain de Sainte Marie parvient à abolir l’ennui, Nicolas Sarkozy a aboli la dignité présidentielle, c’est dire la puissance de dissolution dont les humains sont capables.

     

    Depuis ce week-end, le parti socialiste suisse, gouvernemental depuis 1943, qui donna à notre pays de grands hommes comme Hans Peter Tschudi, a cédé à ses pires sirènes, ses pires tentations historiques, celle de la candeur pacifiste par exemple. Il se refera peut-être une santé auprès de ses militants, mais il perd désormais toute crédibilité gouvernementale. Il n’a plus rien à faire au Conseil fédéral.

     

    En abolissant le droit de la Suisse à se forger une forme (certes à réinventer) de défense, le PSS s’abolit lui-même comme parti responsable. Les électeurs jugeront.

     

    Quant à Carlo Sommaruga, pour qui il faut abolir l’armée « au plus vite » (l’armée suisse, bien sûr, par celle des guérilleros qu’il soutient de par le monde), on devrait lui offrir un petit traité d’autodissolution. S’abolir soi-même, n’est-ce pas le stade ultime du parti de la rose ? N’avoir vécu, faute du Grand Soir, que l’espace d’un matin.

     

    Pascal Décaillet