Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 03.11.10
L’excellent Philippe Nantermod a eu le courage de le clamer tout haut : parmi les nombreuses tâches qui attendent Doris Leuthard dans ses nouvelles fonctions, il y aura un incroyable ménage à faire dans les médias dits de service public, ceux que Pascal Couchepin appelle « radio d’Etat » ou « TV d’Etat ». Ceux, en tout cas, qu’engraisse un mode de financement (et de perception !) directement hérité de la régale ou de la gabelle d’Ancien Régime. Pudiquement, cela s’appelle « redevance ». En fait, rien d’autre qu’un impôt déguisé.
Nous avons, en Suisse romande, d’excellentes radios ou TV privées, prenez Canal 9, La Télé ou Léman Bleu, cent fois moins dotées que le Mammouth, et qui font pourtant, jour après jour, de petits miracles. Débats citoyens, reportages, vie culturelle et sportive, petites équipes, guidées par l’enthousiasme, orientées sur le produit, loin de l’esprit d’Appareil qui paralyse la SSR. Par leurs résultats quotidiens, ces chaînes prouvent qu’on peut faire aussi bien, voire mieux, avec beaucoup moins de moyens. Il suffit d’avoir en soi la puissance de travail et d’invention, l’esprit d’entreprise, la fureur d’arracher des émissions. Et il faut, évidemment, renoncer une fois pour toutes, dans sa vie, à compter ses heures.
Le discours que nous tient la SSR, ce chantage à une diminution des prestations si on ne leur donne pas encore plus d’argent, ne doit pas nous impressionner. Il faut simplement leur répondre : « Mais allez-y, diminuez-les, vos prestations, faites-les fondre, vos chaînes inutiles, virez vos apparatchiks, faites le ménage dans vos placards dorés, commencez par produire des programmes qui nous fassent un peu rêver, après on discutera ».
Quant aux chaînes privées, celles que j’ai citées et d’autres, il est temps qu’elles lèvent un peu le nez de leurs fiefs respectifs, qu’elles jettent des passerelles entre elles. Cela passe par des émissions communes, supracantonales, de nature à fédérer l’intérêt de tous. Il est temps, aussi, de songer à une offre audiovisuelle romande privée. Qui ne sera ni une radio FM, ni une TV au sens classique, mais évidemment une plateforme multimédia. Ce jour-là, qui est à notre portée, les placardés et les apparatchiks du Mammouth pourront commencer à trembler.
Pascal Décaillet