Sur le vif - Mardi 02.11.10 - 10.56h
On savait, depuis Mallarmé, qu’il fallait abolir les bibelots d’inanité sonore. On a aussi aboli l’esclavage, la peine de mort, René Longet tente jour après jour d’abolir la rhétorique, Romain de Sainte Marie parvient à abolir l’ennui, Nicolas Sarkozy a aboli la dignité présidentielle, c’est dire la puissance de dissolution dont les humains sont capables.
Depuis ce week-end, le parti socialiste suisse, gouvernemental depuis 1943, qui donna à notre pays de grands hommes comme Hans Peter Tschudi, a cédé à ses pires sirènes, ses pires tentations historiques, celle de la candeur pacifiste par exemple. Il se refera peut-être une santé auprès de ses militants, mais il perd désormais toute crédibilité gouvernementale. Il n’a plus rien à faire au Conseil fédéral.
En abolissant le droit de la Suisse à se forger une forme (certes à réinventer) de défense, le PSS s’abolit lui-même comme parti responsable. Les électeurs jugeront.
Quant à Carlo Sommaruga, pour qui il faut abolir l’armée « au plus vite » (l’armée suisse, bien sûr, par celle des guérilleros qu’il soutient de par le monde), on devrait lui offrir un petit traité d’autodissolution. S’abolir soi-même, n’est-ce pas le stade ultime du parti de la rose ? N’avoir vécu, faute du Grand Soir, que l’espace d’un matin.
Pascal Décaillet