Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Longet est mort ! – Vive Longet !

     

    Sur le vif - Samedi 20.03.10 - 18.32h (début exact du printemps)

     

    Il a perdu les élections, il pourra donc continuer à régner. René Longet, 59 ans le 12 avril prochain, repart pour un second mandat à la tête du parti socialiste genevois. Fort bien réélu (164 voix contre 76, tout de même, à son étonnant challenger Alberto Velasco), Longet devra mener la bataille des municipales (avril 2011) et celle des élections fédérales (octobre 2011). Il devra, surtout, restituer fougue et cohérence à un parti groggy suite aux élections cantonales de l’automne dernier : 15 députés seulement (le MCG en a 17), et surtout la perte historique de l’un de ses deux sièges au Conseil d’Etat. Vaste programme !

     

    René Longet, à coup sûr, est un homme de valeur, intelligent et cultivé, vieux militant, très rusé, tout au plus a-t-il quelque peine à finir une phrase sans s’emberlificoter dans d’incroyables enchevêtrements de principales, d’incises et de subordonnées. Il est aussi, c’est vrai, un homme de terrain, ce que ne sont de loin pas de nombreux caciques de son parti, s’étant depuis bientôt deux décennies partagé postes et prébendes, jetons de présence, places au soleil, préférant la saveur de l’esturgeon à celle du cassoulet. Bref, le problème numéro un du parti socialiste genevois, ça n’est pas René Longet, c’est sans doute le parti lui-même.

     

    Le retour au terrain, au militantisme, aux fondamentaux du parti, tout cela est aujourd’hui majoritairement acquis dans les consciences. Reste la fougue. L’énergie. Sans un minimum d’ivresse dionysiaque, l’aventure politique sombre très vite dans un océan grisâtre où la gestion du quotidien le dispute à l’ennui. Or, le parti qui, depuis deux ou trois ans, incarne ce renouveau populaire, ça n’est pas le PS, mais le MCG. Voyou, peut-être, gouailleur, mauvais garçon, blouson noir, mais entraînant. C’est cette dynamique-là que Longet 2 devra tenter d’enrayer : il a du pain sur la planche.

     

    Un mot, enfin, sur Alberto Velasco. Un homme d’une chaleur et d’une fibre militante rares. Brouillon, imprévisible, il dilue l’entendement, oui, mais à travers la poétique opacité de son sabir, jaillissent des étincelles de sincérité et de lumière. Dans ce combat, il est parti seul, les barons (qui ont sans doute permis par annulation de leurs pouvoirs l’élection de René Longet) le lui ont fait sentir, multipliant les pressions pour qu’il retire sa candidature. Il l’a maintenue, il est allé jusqu’au bout, il décroche un magnifique tiers dont il faudra tenir compte. Allez, disons, au royaume des clercs et celui des barons, le Tiers-Etat.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Frédéric Mitterrand : l’Ardèche c’est où, dites ?

     

    Sur le vif - Mardi 16.03.10 - 16.35h

     

    André Malraux, Jack Lang : il fut un temps où la France avait de grands ministres de la Culture, qui savaient faire des choix et délivrer des signaux. Aujourd’hui, la France a un ministre doté d’un grand nom, en quête désespérée d’un prénom : Frédéric Mitterrand. Nous avions été quelques-uns, pourtant, à nous réjouir de sa nomination : télévisuellement, l’homme avait du style. Comme ministre, il déçoit.

    Dernier épisode en date : les obsèques de Ferrat. Il n’y a qu’un lieu où le ministre français de la Culture, en ce début d’après-midi, se devait d’apparaître : Antraigues-sur-Volane, Ardèche. Un village au demeurant magnifique, dont je garde un souvenir ému. Depuis Louis XIV, la France, plus que d’autres, est un pays où les politiques ont su donner des signaux de respect aux artistes. Frédéric Mitterrand avait, cet après-midi, l’occasion d’honorer cette tradition trois fois séculaire.

    En lieu et place de cela, le ministre a préféré maintenir un déplacement en Arabie Saoudite, où nul ne doute qu’il ait des choses impérieusement urgentes à faire.

    C’est son droit. Mais ça manque de classe. Tiens, dans l’avion retour, en prenant congé des ultimes rivages du désert, je lui suggère d’écouter la très belle chanson « Ma France ». C’est signé Jean Ferrat. Bonne continuation, Monsieur le Ministre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Cent jours

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 15.03.10

     

    « Globalement positif » ! On dirait la chanson de Ferrat, « Le Bilan ». A en croire la coalition patchwork des cinq partis au pouvoir, à lire aussi une dépêche ATS qui n’aurait pas été plus élogieuse si elle avait été écrite directement par le Conseil d’Etat, on a l’impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : le Pays de Canaan !

    La réalité est un peu différente. Le chômage est en hausse, la criminalité ne recule pas, la police donne toujours l’impression d’être un Etat dans l’Etat, Champ-Dollon croule sous la surpopulation, Genève demeure une ville où on ne circule pas. Mais à part ça, tout va très bien : au sein du quintet de circonstance qui se partage les portefeuilles, on nous chante le lait et le miel : Canaan !

    Au sein des cinq, c’est toujours le règne de la barbichette. Celle par laquelle on se tient. Au point qu’une députée socialiste ira jusqu’à défendre les mérites d’une magistrate libérale, sous le prétexte que cette dernière est en apprentissage.

    Au sein des partis dits « du centre », on élit ceux qui dérangeront le moins. Ceux qui jetteront des ponts, et pourquoi pas avec les Verts. Ils sont sympas, les Verts, non ? Si doux, si climatiques, tellement dans le vent. Pendant ce temps, de gauche comme de droite, les marges grognent et grondent. Mais on y reste sourd, On est trop occupé à jouir, juste entre soi, des délicieuses prébendes du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet