Sur le vif - Mercredi 11.12.24 - 15.06h
"Stratégie ferroviaire cantonale" : quelle prétention, dans ces trois mots ! Quelles syllabes ronflantes ! En matière de mobilité, le Conseil d'Etat voit tellement loin qu'on dirait Napoléon, sur le promontoire de Wagram, observant la bataille, avec sa longue-vue.
Voir loin, c'est bien, certes. Mais voir trop loin, le faire savoir trop tôt, à fins propagandistes immédiates, c'est une ficelle dont nul n'est dupe. Un métro Nord-Sud, du pied du Jura au pied du Salève ? Bref, encore une invention pour frontaliers, tablant sur le snobisme lexical du "Grand Genève", sans aucune idée de l'évolution de l'idée de frontière dans les prochaines années. Et si une phase de repli succédait aux délires d'expansion ?
Mais il y a pire. Spéculer sur les transports d'un futur lointain, c'est faire fi des terribles problèmes de mobilité dont souffre Genève AUJOURD'HUI. Hic et nunc ! Circulation congestionnée au centre-ville, voiture diabolisée par l'idéologie Verte, guerre à la bagnole orchestrée par la gauche, jusqu'à avoir fermé les yeux sur l'absolu scandale de l'impôt sur les plaques. Et on vient nous parler, la bouche en coeur, d'un métro sous-lacustre pour que les 01 puissent, aux frais du contribuable suisse, se rendre plus vite chez leurs amis du 74, bref ils ont le culot de nous brandir un CEVA bis. Hallucinantes priorités, mépris pour le peuple genevois. Déconnexion. Déracinement.
Les rêves du ministre sont ceux d'un homme qui ne sait plus quoi inventer pour se rendre intéressant. Et ceux d'un collège qui nous brandit la perfection de 2100 pour nous faire oublier les plaies béantes de fin 2024.
Qu'ils nous arrangent déjà le trafic en ville ! Que les trains arrivent déjà à l'heure ! Après, on discutera.
Pascal Décaillet