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Callas : une femme, au milieu d'autres humains

 
Sur le vif - Lundi 04.12.23 - 15.52h
 
 
Adolescent, j'écoutais toujours la Tribune Musicale de France Musique. Ils passaient l'extrait d'une oeuvre, en cinq ou six versions, et il y avait tout un aréopage de spécialistes pour se pâmer, grincer des dents, critiquer tel second violon, s'étriper autour du tempo d'un Furtwängler ou d'un Toscanini. J'adorais cette émission.
 
Un jour, ils avaient passé Callas. Et, dans le même aria, Tebaldi et quelques autres. Franchement, entre Callas et Tebaldi, je n'aurais pas tranché. Les deux étaient sublimes, tout simplement.
 
Ensuite, il y a l'école des musicologues aux oreilles extraordinairement affinées, qui s'échinent sur tel ou tel contre-ut. C'est bien, mais le grand public est largué. Tenez, j'avais un excellent confrère au Département d'allemand, à l'Université. Ensemble, on allait écouter des Lieder de Strauss, il me semble que c'était au Victoria Hall, entre 1976 et 1980. Il avait une oreille dingue. Il parvenait toujours à trouver un défaut sur une note, une syllabe. Je me disais : "Il est extraordinaire, mais...... ce concert l'a-t-il simplement rendu heureux ?".
 
Maria Callas, sur le strict plan vocal, celui des performances purement techniques, était-elle la plus grande ? Franchement, je peux vous en citer quatre ou cinq autres, de son niveau.
 
Alors, quoi ?
 
Alors, la femme. Alors, l'interprète. Alors, la folle exigence, dès l'adolescence, avec son propre corps, sa propre voix. Alors, le destin. Alors, la tragédie. Alors, Euripide, Pasolini, Médée. Alors, nous tous, face à elle. Non comme une diva, bien qu'elle le fût, au-delà de toute mesure. Mais comme une femme. Humaine, jusqu'au cri. Au milieu d'autres humains.
 
 
Pascal Décaillet
 

Commentaires

  • Oui, il y a quelque chose qui tient de l'évidence, et du mystère, dans sa façon de réconcilier les tensions entre l'exigence technique, le rôle, la souveraineté, la simplicité. Je pense que c'est surtout son phrasé qui la distingue et qui explique la très intime humanité de sa présence vocale (sachant que c'est déjà réducteur de ne parler que de sa voix, pour une chanteuse d'opéra). Elle n'est, d'ailleurs, pas sans rappeler Amy Winehouse, même physiquement.

  • Techniquement, je laisse les musicologues à leurs querelles... Seul compte le plaisir de réécouter Maria Callas qui possédait ce "plus" qui amène les larmes aux yeux de l'auditeur. Billie "Lady Day" Holiday et Maria Callas sont les deux grandes voix tragiques du XXe siècle.

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