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La folle étreinte avec le macadam

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.11.22

 

Depuis des années, ici même, je dénonce la mode « sociétale » qui envahit le débat public. Et je propose de revenir aux fondements de la politique : l’action sociale, populaire, concrète, au service de tous, et notamment des plus démunis parmi nos compatriotes. Malades, infirmes, personnes âgées aux retraites insuffisantes, jeunes sans emploi, sans avenir, travailleurs pauvres, oubliés de la vie. Je suis pourtant un homme de droite, attaché à la patrie, et justement pour cela je tiens la cohésion sociale pour essentielle : à l’intérieur de notre communauté nationale, on ne laisse personne sur le bord du chemin.

 

Le « sociétal » : pas question de nier les souffrances de toute une série de minorités dans notre société. Nous devons nous montrer ouverts, égalitaires, fraternels. Vous ne trouverez pas en moi un homme tenant un autre discours que celui de l’égalité entre les humains. J’adresse la même parole, sur le même ton, au plus modeste de nos contemporains qu’à un ministre. Je ne supporte pas l’arrogance sociale, sous prétexte qu’on est mieux nanti qu’un autre, ou qu’on occupe une position plus enviable.

 

Mais désolé, l’obsession sociétale, en politique, doit être condamnée. Il y a d’autres choses à considérer, dans le domaine public, que cette focalisation abusive sur les questions liées au genre, au sexe, à la couleur de la peau. Non que ces dernières soient inutiles. Mais chez certains, elles ont dévoré toute la place. Plusieurs facteurs y ont contribué. D’abord, la faiblesse de caractère, l’incapacité à la résistance intellectuelle et spirituelle de pas mal de politiques : face à la pression de minorités agissantes, ils ont préféré céder. Pour s’éviter des ennuis, ils ont choisi le sens du vent. De ces gens-là, tous partis confondus, nous n’avons rien à attendre. Ils manquent de solitude. Ils manquent de caractère. Ils sont les montres molles, sur les toiles de Salvador Dali.

 

Mais l’Empire du Sociétal n’aurait jamais atteint un tel pouvoir sans la responsabilité écrasante des médias. A la RTS, mais aussi dans certains quotidiens, le moindre « activiste », saisi par la lumineuse idée de se coller au bitume, a immédiatement droit à une couverture en direct de son étreinte avec le macadam, suivie de l’interview d’un chercheur en sciences sociales de l’Université de Lausanne, puis d’un commentaire de la rédaction en chef pour peser le pour et le contre de sa folle aventure sur la chaussée. On ne parle même plus des chiens, on tient la chronique des humains écrasés.

 

Pendant ce temps, le social, on le tait. Solitude de tant d’aînés, modestie de leurs rentes. Manque de formation de nos jeunes. Mépris pour l’apprentissage, pourtant essentiel. Classes moyennes passées à l’essorage. Taux d’analphabétisme, entendez ceux qui lisent laborieusement, syllabe par syllabe, saisissant pour une société moderne. Primes maladie. Fiscalité dévorante. Prix de l’énergie. Prix des médicaments. Mais non, on préfère braquer les projecteurs sur le premier « activiste venu », venu prouver à la rue l’intensité de son adhésion. Pour ma part, fidèle à mes valeurs, je dis : « Le social oui, le sociétal, non ! ». Et vous adresse mon salut.

 

Pascal Décaillet

 

 

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